Model 3 : la Tesla « abordable » est disponible

Model 3 : la Tesla « abordable » est disponible

Les premières livraisons de la Tesla Model 3 ont débuté aux États-Unis. Le constructeur de voitures électriques mise sur ce modèle à 35.000 dollars (environ 29.800 euros) pour élargir sa base de clientèle. Mais le système d’options fera vite grimper l’addition.

  • Les premières commandes de la Tesla Model 3 ont été honorées dans les délais prévus.
  • Le modèle de base à 35.000 dollars (environ 29.800 euros) comporte des limitations qui poussent à investir dans des options coûteuses.

Ça y est, la Tesla Model 3 est enfin disponible. Du moins pour la poignée de clients qui avaient précommandé un exemplaire lors de la présentation de cette berline électrique cinq portes en avril 2016. Elon Musk, le patron de Tesla, avait organisé une cérémonie en grande pompe pour la livraison des premiers modèles tout juste sortis d’usine.

Pour le constructeur automobile, la Model 3 marque une étape majeure dans sa stratégie de développement. En effet, il s’agit d’une voiture de milieu de gamme qui se veut beaucoup plus accessible que les modèles existants de la marque : les Tesla Model S et Model X. Le tarif de base d’une Model 3 est de 35.000 dollars (environ 29.800 euros au cours actuel). Avec ce positionnement, Elon Musk espère ouvrir Tesla à un marché bien plus large que sa clientèle actuelle de technophiles aisés sensibles à la cause écologique.

Cependant, même à ce prix, la Model 3 ne sera pas la voiture électrique de monsieur Tout-le-Monde. D’autant plus que la version de base à 35.000 dollars impose quelques restrictions savamment orchestrées pour pousser le client à investir dans des options. Pour commencer, la couleur : toute autre teinte que le noir est facturée 1.000 dollars de plus (environ 850 euros). Ceux qui voudraient disposer d’une autonomie plus importante doivent débourser 9.000 dollars (7.670 euros) pour l’option permettant de parcourir 499 km sur une charge (la version de base offre 345 km d’autonomie).

L’intérieur de la Tesla Model 3 pousse encore un peu plus loin le minimalisme du design du tableau de bord. Aucun bouton : tout se passe sur l’écran tactile central. On constate également l’absence des grilles de ventilation, remplacées par un système qui couvre toute la longueur avec des ailettes cachées et « deux plans d'air croisés pour le contrôle vertical », dixit Elon Musk. © Tesla

Les options de la Model 3 sont nombreuses et coûteuses

Passons sur les fioritures du type sièges électriques, finition cuir et toit en verre teinté qui grèvent le tarif de 5.000 dollars supplémentaires (4.260 euros) et que l’on peut considérer comme superflues. D’un point de vue matériel, la Tesla Model 3 est dotée de tous les capteurs ultrasons, radars et caméras nécessaires à la conduite autonome. Mais la fonction est bridée au niveau logiciel sur la version de base et ceux qui voudront goûter au système de conduite assistée Autopilot devront s’acquitter de 5.000 dollars (4.260 euros).

En somme, une Model 3 dont on voudra choisir la couleur et que l’on souhaitera dotée d’une meilleure autonomie et/ou de l’Autopilot, franchira allègrement la barre des 40.000 dollars (environ 34.000 euros). Cette politique tarifaire n’a rien de choquant en soi, elle est d’ailleurs pratiquée de longue date, notamment par les constructeurs automobiles allemands.

Ce qui est un peu plus problématique, c’est que les clients qui voudront s’en tenir à la Model 3 de base vont devoir prendre leur mal en patience. En effet, dans sa feuille de route de production, Tesla a choisi de donner la priorité aux versions équipées des options citées plus haut avec un prix de départ de 49.000 dollars (environ 41.700 euros). Sur sa page de questions-réponses dédiée à la Model 3, le constructeur indique que les commandes pour la version de base ne seront disponibles qu’à compter du mois de novembre.

Les délais d’attente pour les nouvelles commandes risquent de s’allonger, surtout pour les clients basés en dehors des États-Unis. À l’heure actuelle, Tesla annonce que les livraisons hors États-Unis ne débuteront que fin 2018. Et les versions en conduite à droite n’arriveront pas avant 2019.

La Tesla Model 3 serait-elle l’iPhone de l’automobile ?

Si Elon Musk a réussi son pari de concevoir une voiture électrique abordable, il va désormais devoir prouver qu’il peut répondre à la demande. C’est là un défi peut-être encore plus grand, sur lequel se joue une partie de l’avenir de l’entreprise. Le patron de Tesla a indiqué qu’une centaine de Model 3 seraient produites en août, puis 1.500 en septembre et 20.000 à compter de décembre. L’année prochaine, il vise un volume total de 500.000 véhicules, tous modèles confondus.

Malgré son sens de la communication et sa capacité à susciter l’attrait autour de ses voitures, le patron de Tesla ne peut se permettre d’imposer des délais d’attente trop importants pour une voiture électrique qui n’a, au final, rien d’exceptionnel. Et cela d’autant plus que la concurrence fourbit ses armes, notamment les constructeurs automobiles allemands, français et nippons, qui sont alignés sur ce créneau de milieu de gamme (ou qui vont le faire).

« Un jour, on comparera le lancement de la Model 3 à celui de l’iPhone, qui a déclenché une révolution dans les technologies mobiles », a estimé Gene Munster, fondateur du cabinet Loup Ventures, spécialiste de la marque Apple. Peut-être bien, mais le succès de l’iPhone doit aussi beaucoup à la capacité d’en produire des millions d’exemplaires. Tesla va peu à peu perdre son statut de précurseur et il devra alors se battre plus frontalement avec ses rivaux, qui maîtrisent la production de masse depuis des décennies. C’est là que les choses sérieuses vont commencer…