Malgré un matraquage médiatique sans précédent, où le déni de la réalité le dispute à la propagande, particulièrement des chaînes de télévision, force est d’admettre que la promesse d’engouement populaire prêchée par le pouvoir n’est pas encore perceptible. À deux mois de la date du scrutin, alors que les postulants à la candidature se confinent dans une grande discrétion, dans un climat politique rythmé par la mobilisation inédite des Algériens en faveur d’un changement profond du système, le pouvoir, privé de ses relais traditionnels rejetés et disqualifiés, tente de secouer le “cocotier” à travers des soutiens visiblement intéressés.
Mais la mission est loin d’être une simple sinécure. Elle est même ardue, comme en témoignent ces rassemblements tenus samedi à Boumerdès et à Blida et qui n’ont drainé que quelques dizaines de personnes, selon plusieurs médias. “La transition, un danger pour le processus démocratique”, “Parlement européen, ne parle pas en mon nom” ou encore “On salue l’accompagnement de l’armée au hirak”, proclamaient des banderoles déployées au cours d’un rassemblement de quelques personnes au centre de Blida, devant des passants, d’après la vidéo relayée sur les réseaux sociaux. À Boumerdès, ils étaient à peine une trentaine de personnes à avoir battu le pavé pour appuyer la “feuille de route” du pouvoir.
À Sidi Bel-Abbès, c’est l’ancien président de l’APN Saïd Bouhadja, propulsé on ne sait comment président d’honneur de la “coordination nationale de la société civile”, qui était chargé de parler de l’“importance” du rendez-vous électoral du 12 décembre prochain. Et à Aïn Defla, c’est le président d’une inconnue association nationale de “défense des droits de l’Homme”, un certain Kaïd Salah, qui, soit dit en passant ne s’est jamais exprimé sur les incarcérations des détenus d’opinion, encore moins sur la violation des droits de l’Homme, a plaidé la cause des élections. Et toutes ces activités se déroulent naturellement devant les caméras des médias publics.
Mais s’il est encore prématuré de se hasarder à quelques prédictions sur l’évolution de la situation dans les prochaines semaines, il reste que la démarche du pouvoir, à travers ce laborieux travail de sensibilisation, semble battre de l’aile pour l’heure. Plus édifiante encore, cette apparente quête de relais pour prêcher la bonne cause. Tétanisés sans doute par la détermination du mouvement populaire, tous ces relais traditionnels, englués pour certains dans des crises, se contentent pour l’heure d’un soutien formel à l’option, mais sans se lancer dans la bataille de la mobilisation et de la sensibilisation.

Dès lors, il est à se demander si le seul conditionnement médiatique, conjugué à la stratégie du harcèlement par diverses formes, sera suffisant pour créer les conditions de l’organisation d’un scrutin. Même si, au regard de l’adoption hier par le Conseil des ministres des deux lois controversées, celle sur les hydrocarbures et de finances, il semble obstiné à ne pas dévier d’un iota de sa logique.
K. K.