Les opérateurs de la téléphonie mobile font face à une réglementation «rigide» en matière d’accès aux sites radioélectriques. Entre retard dans l’attribution des autorisations d’accès aux infrastructures et l’insuffisance du partage de celles-ci, le déploiement du réseau est entravé. Alors même qu’une augmentation sensible des infrastructures réseau est attendue avec le lancement prochain de la 3G.
Les opérateurs de téléphonie mobile doivent implanter un nombre très important de sites radioélectriques afin de permettre à leurs abonnés de disposer de communications de qualité, mais aussi pour les besoins de densification du réseau liée à la montée du trafic de données.
On compte environ 15.000 BTS (station de base radioélectrique) que se partagent les trois opérateurs de la téléphonie mobile en Algérie (Nedjma, Mobilis et Djezzy). Le nombre de ces stations relais devra considérablement augmenter avec le lancement de la 3ème génération de téléphones mobiles (3G), estime Ahmed Hamoui expert en télécommunications. A côté de ces implantations, il y a une autre catégorie de sites radioélectriques destinés à la réalisation d’artères de transmission de longues distances (artère nationale ou boucle régionale), souvent de plusieurs centaines de kilomètres.
Pour assurer un service correct aux abonnés, les opérateurs doivent donc optimiser le déploiement de leurs réseaux. Sauf que sur le terrain les trois opérateurs trouvent des difficultés pour accéder aux sites radioélectriques. Des contraintes d’ordre réglementaire surtout.
L’expert en télécommunications, par ailleurs, ancien directeur de l’Agence nationale des fréquences (ANF), juge de prime abord que le site radioélectrique n’est pas défini avec clarté dans la réglementation en vigueur. Cette dernière parle de «point haut», ce qui, selon lui, ne se traduit pas forcément sur le terrain par les infrastructures érigées dans le but d’effectuer des liaisons radioélectriques.
Améliorer la réglementation en vigueur
Depuis l’ouverture du secteur de la téléphonie mobile en 2000, les autorisations d’accès aux sites d’implantation BTS étaient soumises à l’appréciation de nombreuses structures chargées de la gestion du spectre des fréquences, rappelle M. Hamoui. En 2000, c’était le Comité interministériel des télécoms (CIT) qui s’en chargeait, avant de céder la place, deux ans plus tard, à l’ANF. Mais à partir de 2007, les demandes doivent passer, en plus de l’ANF, par la Commission nationale des points hauts, mais également soumises à autorisation du Wali. Ce qui entraîne des retards considérables, de plusieurs mois, dans le traitement des demandes et l’attribution des autorisations, et des pertes financières pour les opérateurs qui n’arrivent pas à amortir leur investissement à temps. «Dans ce cas, l’opérateur ne bénéficie pas de la prise en considération de l’article 6 de l’arrêté interministériel du 18 avril 2006 qui stipule que 2 mois après le dépôt de la demande, l’autorisation est réputée acquise, en cas de non réponse dans ce délai», révèle l’expert, indiquant que ces situations entravent la dynamique du déploiement «normal» du réseau.
L’expert a révélé par ailleurs que sur les milliers de sites utilisés, seule environ une centaine est partagée par au moins 2 opérateurs. «Ceci est très insuffisant», tranche-t-il, avant de souligner l’intérêt d’instaurer un roaming national en plus de l’obligation du partage des infrastructures ou la co-localisation qui réduirait à coup sûr le nombre d’infrastructures et les coûts qui en découlent.
Pour inciter au partage, la réglementation doit être claire notamment en ce qui concerne la répartition des dépenses d’entretien et de sécurité. En somme, l’accès aux sites radioélectriques et le déploiement du réseau en général exigent des améliorations «profondes» dans la réglementation en vigueur. Ce qui augure d’un parcours difficile qui attend le déploiement de la 3G, si elle est lancée dans les délais promis.