“Mes anciens élèves sont maintenant pour la plupart avocats, médecins, architectes ou bien journalistes et moi, je continue à vivre au jour le jour en priant le ciel qu’on ne vienne pas mettre fin à mon contrat”, tel est le témoignage poignant de Mme Fakia Ben Mohamed, une enseignante d’informatique, contractuelle depuis… 16 ans ! Originaire de la wilaya d’Annaba, elle participe actuellement à la marche de “la dignité” pour dire, selon elle, “non à l’injustice et halte à la précarité”.
“J’ai entamé ma vie professionnelle en 2000, cela ne nous rajeunit pas”, dira-t-elle en ajoutant qu’“au début, je me disais que ma situation allait évoluer. Je travaillais ardemment, j’étais si passionnée par mon travail, si vous saviez (…) maintenant, pour rien vous cacher, le cœur n’y est plus. J’ai le sentiment que le temps s’est arrêté pour moi.” Interrogée à propos des concours de recrutement qu’elle a passés, elle répondra ironiquement : “S’il y avait eu un concours sur la planète Mars, je l’aurais passé sans hésiter une seule seconde.” Et de poursuivre : “Non seulement j’ai passé l’ensemble des concours organisés à Annaba, mais j’ai également postulé à El-Taref. Mais à chaque fois, je suis recalée. Je suis déboussolée.” Selon elle, ce système des contacts “ne mène nulle part… sauf à la misère sociale”.
Pis encore, pour Mme Ben Mohamed, l’ensemble des contractuels finissent par “sombrer dans la dépression”. Elle s’interrogera sur le bien-fondé de ce système, perçu comme “un labyrinthe” duquel il est extrêmement difficile d’en sortir. “Je me demande à quoi servent ces contrats, si ce n’est à enfoncer les enseignants dans l’indigence”, dit-elle avec rage. Dans la foulée, cette dame au regard vif tiendra à mettre l’accent sur ce qu’elle considère “une injustice flagrante”, à savoir le barème des notations entre les diplômes du système classique et ceux du LMD.
“Je le dis haut et fort, lors des concours, on privilégie les titulaires des diplômes LMD”, dénoncera-t-elle, avant de s’expliquer : “Les notes des diplômés en LMD sont gonflés au maximum. Tandis que ceux du classique plafonnent à 12. Ce ne sont pas des paroles en l’air, les preuves sont là et peuvent être vérifiées aisément”, a-t-elle conclu.