Déficit d’exemplarité
Réduire le train de vie de l’état, un axe du plan d’austérité programmé pour faire face à la chute des prix du pétrole, ne constitue pas pour l’heure une priorité. Puisque nos gouvernants n’insistent pas sur cette mesure pour obtenir l’adhésion de la population. Pourtant, les largesses de l’état en ces temps de crise s’avèrent énormes. L’éventail des dépenses superflues de charges assumées par le Trésor public ou de gestion du patrimoine public dans l’opacité va du parc automobile des institutions publiques, de caisses noires octroyées aux ministres, des missions à l’étranger, des bons d’essence ainsi que des crédits véhicules et immobiliers.
Tous ces avantages sont octroyés sans contrôle des abus dans l’usage de ces faveurs accordées aux ministres, députés et cadres supérieurs. Le contrôle interne n’intervient pas. Et ni la Cour des comptes ni les inspections générales des ministères et institutions de l’état n’interviennent dans ce registre pour mettre fin à ces pratiques.
Dans la foulée, alors que nous sommes en période de vaches maigres, aucun responsable n’a renoncé à ses avantages ou décidé de réduire son salaire ou d’annuler une dépense pour montrer l’exemple. Pourtant, l’Algérie a des précédents. En 1986, avec la chute des prix du baril, “la Présidence a annulé une commande d’un DC9 pour les déplacements à l’étranger du chef de l’état”, rapporte un ancien ministre. En ce sens, pourquoi les flottes des hautes institutions de l’état, des administrations et des entreprises publiques ne rouleraient-elles pas au GPL ? Ce qui permettrait de montrer l’exemple et d’économiser du coup des montants importants réservés à la consommation d’essence sans plomb et ainsi d’exporter davantage de produits pétroliers raffinés.
On est donc en plein dans un système rentier où les privilèges sont accordés dans maints cas sans contrepartie en termes d’efficacité de gestion, d’efficacité dans la dépense, d’amélioration des services publics et sans souci des lendemains et de ce que nous léguerons plus tard aux générations futures.
Dans une folle logique dépensière, l’état n’a pas encore établi l’inventaire des dépenses superflues et celles nécessaires dans le fonctionnement des hautes institutions de l’état et des administrations. En un mot, on se trouve devant l’absence d’une feuille de route précise pour rationaliser ces dépenses de fonctionnement. Qu’adviendra-t-il quand éclatera cette bulle avec l’aggravation de la crise avec la poursuite de la chute des prix du baril ?
On peut se demander également comment, avec ce déficit d’exemplarité, on peut dissuader les populations d’arrêter les mouvements de protestation. A fortiori, si le cycle de baisse des prix du pétrole se poursuit au-delà de 2015, on sera dans la contrainte de demander à la population de serrer la ceinture. Acceptera-t-elle l’austérité quand nos gouvernants rechignent à donner l’exemple ?
K. R