Mission d’observation de la ligue arabe en Syrie,Le rapport qui accable l’opposition

Mission d’observation de la ligue arabe en Syrie,Le rapport qui accable l’opposition

Le rapport de la mission des observateurs de la Ligue arabe, déployés en Syrie du 24 décembre 2011 au 18 janvier 2012, a noté la disponibilité du gouvernement syrien et de l’opposition à trouver une issue politique à la crise que vit ce pays.

Le document, paraphé par le chef de la mission, lieutenant-général Mohamed Ahmad Moustapha El Dabi, fait part de certaines difficultés et entraves rencontrées sur le terrain par les observateurs.

Il a relevé une grosse manipulation médiatique perpétrée par certaines parties qui ont tenté de discréditer la Ligue arabe et la mission d’observateurs et surtout de travestir la vérité sur certains incidents survenus lors de la présence de la mission en Syrie. Il imputera la recrudescence de la violence aussi bien au gouvernement qu’à l’opposition avant de conclure par des recommandations qui seront débattues lors de la prochaine réunion du Conseil des ministres de la Ligue arabe.

Le rapport indique qu’après son arrivée en Syrie, le chef de la mission a effectué une visite exploratoire pour préparer le terrain aux observateurs. Il indique également les conditions dans lesquelles s’est déroulé le travail de la mission et cite même des contraintes liées à la composante de la mission, le manque d’engagement de certains observateurs et des difficultés d’ordre logistique.

La violence, une responsabilité commune

Le rapport note que la responsabilité des actes de violence est partagée entre les troupes gouvernementales et les groupes armés liés à l’opposition. Faisant état des discussions du chef de la mission, lors d’une visite exploratoire à Homs, le rapport indique que le gouverneur de la ville a fait état de l’échec de toutes les tentatives de médiation avec l’opposition, menées par des dignitaires et des hommes du clergé.

«La ville souffre de la propagation de la violence du fait des groupes armés, des cas d’enlèvements, des actes de sabotage des installations étatiques et civiles, du grand manque de nourriture en raison du siège imposé par les groupes armés qui comptent environ 3000 hommes», note le document.

Dans le même cadre, la mission a visité certains quartiers résidentiels (Bab Amrou, Karam Al Zeytoun, Khalidiya, Ghouta) où elle a rencontré des citoyens, les opposants, qui ont fait part des exactions commises par les forces gouvernementales. Elle a vu les effets de la dévastation et la destruction des quartiers le long des périphériques.

Cette visite s’est déroulée lors d’un échange de tirs nourris, à Bab Amrou, entre les forces en conflit. De retour au chef-lieu de la province, il a été convenu avec le gouverneur de maintenir sur place cinq membres de la mission à

Homs pour le lendemain afin de continuer à faire l’évaluation de la situation sur le terrain et de rencontrer le plus grand nombre possible de citoyens», note le document. La mission a observé dans les deux secteurs de Homs et Hama des actes de violence perpétrés par des groupes armés contre les forces gouvernementales, qui ont fait plusieurs victimes.

Dans certaines situations, les forces gouvernementales ont recours à la violence comme réaction aux attaques perpétrées contre ses soldats. Les observateurs de la mission ont noté que les groupes armés recourent aux bombes thermiques et aux missiles anti-blindage.

Elle a également été témoin dans les secteurs de Homs, Idlib et Hama d’actes de violence contre les troupes gouvernementales et contre les citoyens entraînant de nombreux décès et blessures. C’est le cas de l’explosion de l’autobus civil, tuant huit personnes et blessant plusieurs autres, dont des femmes et des enfants, celui du sabotage à l’explosif d’un train chargé du transport du diesel ainsi que d’autres événement.

Des négociations qui ont conduit à apaiser la tension

Immédiatement après le retour de Homs, le chef de la mission a tenu une réunion avec la partie gouvernementale et lui a demandé de retirer les véhicules militaires de la ville, d’arrêter la violence, de protéger les civils, de procéder à la levée du siège et d’assurer la fourniture de nourriture en plus d’un échange de cadavres entre les deux parties.

Le rapport fait état de négociations qui ont permis la récupération d’un véhicule militaire aux mains des groupes armés contre la libération de quatre insurgés et l’échange de cadavres tués (5 de chaque partie). Il a été également convenu la permission de l’acheminement des denrées alimentaires de base vers la population de la ville ainsi que l’envoi du véhicule de nettoyage pour enlever les déchets.

Ainsi s’est réalisé le retrait et la récupération de tous les véhicules militaires, l’échange des corps des morts, l’entrée des camions chargés de la nourriture et la libération de trois prisonniers et deux femmes de leur famille en présence de la mission. Ceci a conduit à calmer la situation dans la ville, note le rapport.

Un accord sur la libération des détenus et des chiffres controversés

La mission a reçu des communiqués en provenance de l’extérieur de la Syrie faisant état du nombre de détenus syriens s’élevant à 16 237. Elle a reçu des communiqués en provenance de l’opposition à l’intérieur de la Syrie faisant état du nombre de détenus syriens s’élevant à 12 005.

Les équipes de terrain de la mission se sont attelées à vérifier la véracité de ces chiffres découvrant ainsi l’existence de déclarations contradictoires, des informations incomplètes, inexactes, et la présence de noms dupliqués. La mission poursuit son investigation avec les agences gouvernementales concernées pour parvenir à vérifier ces chiffres.

«Le gouvernement syrien a rapporté le 19/1/2012 que 3569 détenus ont été libérés par les juridictions militaires et civiles.

La mission a vérifié, jusqu’à ce jour, la libération effective de 1669 détenus. Elle continue de poursuivre la mise en application de ce décret tant avec le gouvernement qu’avec l’opposition jusqu’à la confirmation définitive de la libération de tous les détenus, et ce en présence des observateurs de la mission ou par l’authentification des documents relatifs à cette procédure. La mission a enquêté sur la validité du nombre de détenus qui ont été libérés et elle est parvenue, à ce jour, à mettre en évidence les éléments suivants :

– Avant le décret d’amnistie promulgué par le président Bachar El-Assad, 3483 détenus libérés.

– Après le décret d’amnistie 1669 détenus libérés.

Portant le total des détenus libérés que confirme la mission à 5152 détenus. La mission poursuit son travail de vérification sur le terrain et continue d’effectuer le suivi auprès du gouvernement syrien afin de libérer les autres détenus.

Des manifestations pacifiques et un terrain propice à toutes les manipulations

Le rapport de la mission fait état d’une grossière manipulation des faits aussi bien par les médias que par les forces en conflit. «La mission a noté l’émission de faux rapports émanant de plusieurs parties faisant état de plusieurs attentats à la bombe et de violence dans certaines régions.

Lorsque les observateurs se sont dirigés vers ces zones pour enquêter, les données recueillies ont montré que ces rapports n’étaient pas crédibles. Elle a également noté, se basant sur les documents et les rapports émanant des équipes sur le terrain, qu’il y a des exagérations médiatiques sur la nature et l’ampleur des incidents et sur le nombre de personnes tuées ou blessées à la suite des événements et des manifestations qui ont eu lieu dans certaines villes».

Le rapport indique que «la réunion tenue directement avec le chef de la mission, le 17 janvier 2012, pour la préparation de ce document montre qu’il y a des manifestations pacifiques dans certaines régions. Les partisans comme les adversaires de l’autorité n’ont été soumis à aucune répression.

Les rapports sur le terrain et les déclarations des chefs de secteurs mettent en évidence que les opposants parmi les citoyens syriens informent la mission de ses rassemblements et en profitent pour faire du déploiement de ses observateurs un bouclier faisant obstruction à l’intervention des forces de sécurité».

Le journaliste de France2 tué par un obus de l’opposition

Le rapport de la mission des observateurs de la Ligue, qui rappelle que les événements en Syrie font l’objet d’une manipulation des médias, fait des révélations sur la mort du journaliste de France2, Gilles Jacquier, tué dans l’exercice de sa mission.

«La ville de Homs a été le témoin de l’assassinat d’un journaliste français travaillant pour France2, et de la blessure d’un journaliste de nationalité belge. Sur ces deux cas, le gouvernement et l’opposition se sont échangés les accusations sur la responsabilité de chacun dans ces incidents.

Le gouvernement syrien a constitué une commission d’enquête sur l’incident pour déterminer ses causes. Il faudrait noter que les rapports de la mission de la Ligue arabe à Homs indiquent que «le journaliste français a été tué à la suite de tirs de mortier par l’opposition».

Le rapport indique, dans un chapitre consacré à la couverture médiatique des événements, que le gouvernement syrien a accordé des autorisations pour certains médias pour opérer en Syrie pour une durée n’excédant pas 4 jours, une période que le gouvernement s’est dit prêt à porter à 10 jours renouvelables.

F. B