Même soigneusement sélectionnées, les prises de vue de la télévision algérienne prises lors du conseil des ministres ce lundi étaient sans appel : le chef de l’Etat est toujours lourdement handicapé neuf mois après son hospitalisation « pour un AIT sans séquelles ». Alors il fallait donner le change par l’APS qui a diffusé un communiqué à rallonges où foisonnent les projets de lois étudiés et les commentaires que Bouteflika est supposé y avoir apportés.
Annoncer un ordre du jour chargé allant dans des sujets les plus accessoires pour démontrer que le chef de l’Etat est valide, apte à l’effort et conscient et projeter de telles séquences à la télévision a suscité sur la toile dans les heures qui ont suivi dérision, quelques élans de pitié et, plus souvent, indignation.
D’une part il y a les images, ces terribles images qui ont, à plus d’une fois mis à plat les méticuleux efforts développés par les communicants de la présidence pour maquiller un homme à l’évidence incapable de tenir debout. Ce lundi les plans larges et les séquences rapides n’ont pas pu voiler la réalité d’un Bouteflika immobile, hagard et visiblement diminué.
D’autre part, la multiplication des sujets abordés, allant de l’aviation civile à la formation en passant les tournées du premier ministre, qui font le bonheur des blogueurs contrastait avec l’évacuation de sujets politiques majeurs qui occupent observateurs et acteurs de la scène politique et sociale de l’Algérie. Pas un mot sur la révision de la constitution sur laquelle se déchirent les propres clientèles du président, rien sur la présidentielle dont le corps électoral doit être, en principe, incessamment convoqué et évidemment aucune allusion à son éventuelle candidature…On serait à mi terme dans d’un mandat en pleine croisière, sans heurts ni imprévus. Surréaliste.

Le deuxième conseil des ministres présidé par Bouteflika en 2012 soulève plus de question qu’il n’apporte de réponses.
Ali Graichi