Pas moins de 45 communes de l’Est algérien ont été dépolluées, depuis fin 2007 à ce jour, des mines qu’avaient enfouies l’armée coloniale, a indiqué, mercredi à Tébessa, le colonel Ahcène Gharabi, secrétaire exécutif du comité interministériel de suivi de la mise en œuvre de la convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction.
Intervenant lors d’une sortie sur terrain opérée non loin de la frontière tunisienne, près d’El Kouif, en prélude à une rencontre régionale de deux jours organisée par l’association Machaâl Ech-Chahid, consacrée aux mines antipersonnel, le même officier a précisé que cette opération a donné lieu à « l’assainissement » d’une superficie de 2.827,53 hectares et à la neutralisation de 48.038 mines antipersonnel, de 1.872 mines anti-groupes, de 1.105 mines éclairantes et de 18 obus.
Evoquant la carte des zones minées, remise « tardivement » par la France à l’Algérie en octobre 2007, le colonel Gharabi a estimé qu’elle n’était « guère exploitable », les plans en question étant « dépassés »‘ car ils ne sont pas orientés « vers des zones que l’on ne connaisse déjà », a-t-il indiqué. De plus, a-t-il ajouté, « beaucoup de mines, déplacées au fil des années par l’effet des vents et des crues, ne sont pas matérialisées sur cette carte ». Il a également considéré que le chiffre de 11 millions de mines, avancé par les autorités françaises à l’indépendance du pays, « n’est pas forcément conforme à la réalité », soulignant que 8 millions de mines ont neutralisés à ce jour.
Au cours de cette sortie durant laquelle il a été procédé à l’explosion, par des artificiers, d’une centaine de mines antipersonnel, le colonel Gharabi a indiqué que l’Armée nationale populaire (ANP) a formé 10 associations nationales à l’effet de sensibiliser les populations sur les dangers que continuent de représenter ces mines.
Dans ce cadre, pas moins de 130 personnes s’attèlent à expliquer que la neutralisation de ces engins est une « affaire de professionnels » et qu’à ce titre, il est expressément recommandé de ne s’en approcher sous aucun prétexte, d’autant qu’il existe des »mines-encrier », indétectables mais conçues pour susciter la curiosité, a indiqué ce responsable. Il a noté, à cet effet, que le danger est aujourd’hui encore plus important au regard du développement des zones rurales, de plus en plus habitées.
S’agissant des efforts déployés à l’échelle internationale pour lutter contre le fléau des mines antipersonnel, le colonel Gharabi, rappelant que l’article 5 de la convention d’Ottawa, paraphée par l’Algérie, fixe à avril 2012 le délai de destruction de toutes les mines antipersonnel dans les zones minées, a indiqué que notre pays a sollicité un délai de 5 années supplémentaires pour dépolluer les champs minés dans les frontières. Une demande pour laquelle, a-t-il dit, l’Algérie recevra une réponse de la part de l’ONU « d’ici à novembre prochain ».
De son côté, M. Mohamed Abbad, président de l’association Machaâl Ech-Chahid, organisatrice de ces journées, a rappelé que cette manifestation, consécutive à celle qui avait été tenue l’année dernière à Naâma, vient en préparation d’un colloque international prévu en 2012 à Alger, à l’occasion de la célébration du cinquantenaire du recouvrement de l’indépendance.
Une rencontre sera organisée jeudi au musée du moudjahid de Tébessa, au cours de laquelle, en plus de témoignages de victimes de ces engins, des spécialistes interviendront autour de la problématique des mines antipersonnel.