Deuxième réserve d’or naturel africaine, notre pays a produit une tonne et demi durant l’année 2010. A en croire les prévisions, celles-ci varient entre 5 et 6 tonnes par an et font du sud algérien un éden pour les nouveaux « chercheurs de pépites » où le rêve est permis. DESTINÉE à l’exportation, la production de l’or semi-raffiné sera raffiné en Suisse, avant d’être vendu sur le marché international.
Les quantités vendues sur le marché national sont de 100 à 150 kg pour des besoins internes. La demande mondiale a, quand à elle, enregistré, cette année, une nette progression. Elle a été estimée à 500 tonnes sur un an, ramenant les prévisions pour l’année en cours à 4.000 tonnes avec le cours de l’once d’or qui bat des records. Quelle place dans le monde pour la production aurifère algérienne ? Un avenir des plus difficiles si l’on considère que le monde de l’exploration aurifère ne semble pas avoir évolué depuis la ruée vers l’or où les règles observées sont des plus expansionnistes. La plus petite concession est avalée par une plus grande exploitation.
Une grande menace demeure à l’état latent pour tous les petits producteurs. Il s’agit de la stratégie des grandes firmes mondiales qui préfèrent racheter de petites entreprises plutôt que d’investir dans un gisement ou les couts sont effarants. La tendance est à l’acquisition de petites entreprises par des plus grandes. Le secteur aurifère a connu, cette année, deux opérations de ce genre, dont le montant total dépasse les 20 milliards de dollars, rapporte le journal des finances.
Il cite, à cet effet, Goldcorp qui a absorbé AndeanGold et Kinross qui a repris Red Back Mining. La logique est des plus simples. Acheter des actifs déjà en activité revient moins cher que d’exploiter un nouveau gisement. Ce cas de figure risque d’être vécu en Algérie où la production de l’or est « entre » les mains de petites sociétés étrangères, l’australien GMA et le canadien Cancor.
La première entreprise est une filiale algérienne, propriété en partenariat de l’australien GMA Ressources et la seconde, Cancor, est de droit canadien. D’ailleurs, le litige né de la vente par GMA d’un actif de 9% pour un montant de 3 millions de dollars à Askom Precious Metals Mining, filiale du fonds d’investissement égyptien Citadelle, a fait grincer des dents chez la partie algérienne.
L’Algérie est considérée par Douglas Perkins, P-DG de GMA, la filiale du groupe australien qui exploite les mines d’Amesmessa et de Tirek en partenariat avec Sonatrach pour le compte de l’Enor, selon l’APS, comme la deuxième réserve d’or naturel africaine après le Congo. Elle possède plusieurs gisements d’or, dont deux sont déjà exploités par l’Enor, joint-venture australo-algérienne à 52/48%. Il est attendu une production d’une tonne et demi par an pour l’année 2010 avec des prévisions pouvant varier entre 5 et 6 tonnes par an.
Le même responsable estime que « trois millions de tonnes dormiraient dans le sous-sol ». C’est l’équivalent de près de 100 milliards de dollars. La mine de Tirek donne 60 kg d’or par mois avec un taux de 12 g du précieux métal par tonne de roche extraite. À Amesmessa, le taux de 18 g/t est plus encourageant, surtout, avec des réserves estimées à 2,5 millions de tonnes, contre 500 000 pour Tirek. Le premier lingot d’or algérien est coulé en 2008 provenant d’Amesmessa, deuxième mine d’or algérienne. Mais, d’autres gisements existent et les Chinois sont déjà présents au nord du Hoggar où ils ont pris des concessions pendant que d’autres opérateurs étrangers lorgnent vers Tiririne dans le Hoggar oriental ou encore In Allarène, Derreg et Timeg dans le Hoggar occidental, où des présomptions de gisements d’or sont établies. L’or est une valeur refuge sûre.
Il a toujours intéressé les plus grandes firmes minières aux capacités exploratrices énormes à l’affût de nouveaux gisements à travers le monde recherchant à peine les coûts de ces investissements de plus en plus onéreux et faisant opter ces dernières sociétés aux fusions et autres OPA. Cela incite surtout à une plus forte production qui augure à plus d’offensive et d’agressivité de la part des grandes firmes qu’attirerait un jour le potentiel algérien. A travers le petit contentieux avec le partenaire australien, GMA, il est aisé d’entrevoir les prémices de bien d’autres offensives de la part de ces firmes mondiales. La loi minière, tout comme le droit de préemption ne sauraient à eux seuls préserver les réserves nationales contre des prédateurs obligés de se maintenir sur l’échiquier mondial du marché de l’or.
Azzedine Belferag