Au niveau national, il s’agit de plus d’un millier de véhicules volés par de jeunes trafiquants appartenant à des associations de malfaiteurs, dont certains sont en activité à l’échelle internationale.
A Oran, un homme de 30 ans a été appréhendé, il y a trois jours, en possession de neuf véhicules, volés auparavant, et cachés dans un hangar. Par ailleurs, plus d’une centaine de véhicules ont été récupérés par les services de sécurité après avoir été dépouillés, cela grâce aux deux numéros verts, le «10 55» de la Gendarmerie nationale et le «15 48» de la police.
Le vol de véhicules fait rage dans plusieurs wilayas du pays. En six mois, plus de 200 voitures ont été volées dans la seule capitale. Au niveau national, il s’agit de plus d’un millier de véhicules dépouillés par des trafiquants appartenant à des réseaux de trafic de voitures, dont certains sont en activité à l’échelle internationale. Selon les différents bilans des services de sécurité, il ressort qu’en moyenne six vols de voitures sont constatés chaque jour au niveau de l’ensemble des wilayas du pays. Selon des sources policières sûres, cinq marques de voitures sont généralement ciblées par ce phénomène. Il s’agit des véhicules Iveco, Accent (Hyundai), Optra (Chevrolet), Kangoo (Renault) et Peugeot 206. Au niveau de la capitale, l’alerte est maximale avec l’entrée en vigueur depuis plus d’un mois du Plan Azur, spécialement conçu pour la saison estivale. Une véritable course contre la montre est engagée pour démanteler «le plus vite possible» les réseaux de malfaiteurs à l’origine de ces vols. Jusqu’à présent, une quinzaine de réseaux ont été démantelés par les services de police, au niveau de la capitale, et ce, depuis janvier dernier. Toutefois, la traque continue toujours où des centaines de véhicules sont recherchés par les policiers. Au niveau des points de contrôle, on passe au peigne fin les types de véhicules volés et signalés. Le plus surprenant, expliquent nos sources, «est que ces vols ont été enregistrés aux quatre coins de la capitale, et les actes sont commis de jour comme de nuit». On ajoute que les auteurs de ces vols opèrent dans des quartiers dits résidentiels. Ainsi, les services de sécurité ont enregistré des vols de voitures dans des quartiers comme Garidi, sis à Kouba, à El-Biar, Ben Aknoun, Dely Ibrahim, ou encore Dar El Beïda et Bab Ezzouar. Les véhicules ciblés sont équipés de moyens techniques les rendant moins vulnérables au risque de vol, contrairement à ceux d’occasion. D’autres voitures volées ont été récupérées ces derniers jours, selon plusieurs sources policières. Face à cette recrudescence des vols, les propriétaires de voitures sont inquiets, d’autant que les voleurs ne semblent reculer devant rien.
80 000 véhicules dépouillés en sept ans
Il y a lieu de rappeler que le vol de voitures en Algérie a atteint des proportions alarmantes avec près de 80 000 véhicules volés durant les sept dernières années. Mais la situation a connu un rebondissement inattendu durant le second semestre de l’année en cours. Une étude faite en 2010 par les services de la gendarmerie a fait ressortir que
55 000 véhicules ont été volés en Algérie entre 2003 et 2010, soit près de 8 000 vols par an ou plus de 25 par jour. La capitale a enregistré le plus grand nombre de vols. La wilaya d’Alger est suivie de celles de Tizi Ouzou, Oran, Blida et Sétif. Selon des sources policières, le vol de véhicules a connu une recrudescence depuis 2004. A l’origine de la hausse du trafic de véhicules, l’étude de la gendarmerie retient le terrorisme et sa relation avec la recrudescence du crime organisé, le développement des moyens techniques utilisés, outre l’apparition de réseaux professionnels dans ce domaine et l’augmentation du nombre de véhicules importés par des privés. Il est à noter que le véhicule volé est maquillé avec la falsification de son numéro de châssis grâce à des techniques informatiques. La voiture volée sera ensuite désossée par les malfaiteurs au niveau des casses et revendue au marché noir, souvent à un prix attractif. Aujourd’hui, près d’un million de pièces de rechange sont vendues sur le marché national. La falsification des documents des véhicules volés se fait souvent avec la complicité d’agents de différentes administrations. A ce titre, la gendarmerie avait traité plusieurs affaires de ce genre. Il est bon de rappeler qu’en 2007, pas moins de 180 fonctionnaires ont été arrêtés pour des affaires de vols de véhicules. Aujourd’hui, plus de 15% des personnes arrêtées en relation avec le trafic de voitures sont des fonctionnaires administratifs. Par ailleurs, cette situation n’est pas sans impact sur les compagnies d’assurances qui se disent pénalisées par la hausse des vols de voitures en Algérie, particulièrement au centre du pays.
Par Sofiane Abi