Ils sont des dizaines de jeunes à se rendre quotidiennement au barrage pour se baigner, malgré les risques de noyade qui les guettent.
Tous les adolescents ne sont pas logés à la même enseigne. Ceux de la localité de Sibari, dans la commune de Grarem-Gouga, au nord de Mila, n’ont d’autre choix, en période estivale, que le lac du barrage de Beni Haroun pour se soustraire à la canicule. Ils sont des dizaines à se rendre quotidiennement au barrage pour se baigner malgré les risques de noyade qui les guettent. Ils ont même aménagé une plage pour infortunés en bas de la localité. Lors de notre virée sur les lieux mercredi dernier, on a été surpris de découvrir cette espèce de plage aménagée par les jeunes de la région sur les rives du lac.
Des parasols, une tente et des dizaines de baigneurs étaient là. Parmi cette population de soi-disant estivants, il y avait même des enfants de 13 et 14 ans qui faisaient trempette dans les eaux polluées du lac. Il s’agit surtout d’enfants issus de familles pauvres, qui ne peuvent se payer une sortie en mer, malgré la proximité des côtes jijiliennes, qui sont à moins de trente kilomètre de là. À notre question de savoir pourquoi il vient se baigner dans le lac, Ramy, collégien en deuxième année, nous dira : “Je m’ennuie là-haut dans le village puis il fait chaud. Mon père ne me donne pas d’argent pour aller à la mer.” Pour Bilal, universitaire, c’est l’absence de lieux de détente dans l’agglomération qui poussent les jeunes, notamment ceux pauvres, à se rabattre sur le lac du barrage malgré les risques de noyade. “Nous n’avons pratiquement rien dans le village, ni stade, ni salle de jeu, ni maison de jeunes, où on pourrait passer notre temps libre.” Les mêmes préoccupations ont été mises en évidence par Tahar Bezaz, président de l’association El-Amel de Sibari, que nous avons questionné. “Sibari est pratiquement démuni de tout. Les espaces de jeunesse sont inexistants. Si on avait au moins un terrain de foot, ou une maison de jeunes, on pourrait créer des activités au profit de la population juvénile”. Notre interlocuteur, tout en appelant les parents à surveiller leurs enfants et à les sensibiliser contre les risques de noyade, souhaiterait que la DJS organise des excursions en mer au profit de la jeunesse scolarisée de la localité. Signalons que pas moins de six adolescents se sont noyés dans le lac de Beni Haroun depuis le 1er juillet, dont trois dans cette région qui s’étend de Sibari à Hammam Beni Haroun.