Des enfants, sac au dos ou en bandoulière, les samedis, vendredis et mardis après-midi, tout le long de la journée, parfois jusqu’à la tombée de la nuit, vont à « l’école ». Mais quelle école ? Un garage, un hangar, une pièce dans un appartement et autres lieux bizarres accueillent ces élèves tous cycles confondus.
Toutes les matières sont enseignées en ces lieux par des professeurs formés par des instituts de l’Education, des enseignants en activité, des ingénieurs, des licenciés, des apprentis-enseignants, des retraités. Qui les contrôle ? Qui les inspecte ? Personne. Ces gens qui donnent des cours particuliers de soutien sont-ils aptes à la transmission des connaissances ? Pourtant, les parents font confiance à ces «enseignants du dimanche » et envoient leur progéniture « parfaire» ce qu’ils étudient à l’école publique. N’est pas enseignant qui veut.
Ce métier noble perd de sa valeur et s’engouffre dans la médiocrité, par la faute de gens inconscients qui, pour quelques billets, vendent leur âme. Les enseignants en activité influencent leurs propres élèves et les poussent à venir s’inscrire à leurs « cours » moyennant de bonnes notes et peut-être les sujets de composition et de devoirs surveillés. Une aubaine pour les cancres qui n’en demandent pas plus pour accepter l’offre. De bonnes notes contre un pécule variant entre 800 et 1000 dinars, plus, quand l’enseignant est une notoriété. C’est la finalité de l’ouverture de « garages » équipés «d’étals» de fortune, agrémentés de parpaings et de briques quand tables et chaises viennent à manquer. Qui dit mieux ? Un exercice ou deux que les bons élèves, inscrits dans ces cours, expliquent aux cancres, un professeur qui « supervise » et le tour est joué. Pendant que les élèves se débrouillent, seuls, les enseignants s’en vont siroter des cafés au café du coin. Les cours de soutien, pour qui l’ignore sont devenus une mode, sans plus.
Qui faut-il blâmer ? Ces enseignants qui ramassent de l’argent sans fournir le moindre effort, ou ces parents qui, sans aucune conviction, déboursent de l’argent sans garantie de réussite ? Des « garages-écoles» qui pullulent, des pseudo-enseignants également et des élèves, sac au dos ou en bandoulière, déambulent bon gré mal gré à travers les rues et les cités, jours de repos et jours fériés.