Pour célébrer la première édition de la Journée nationale du tourisme, le 25 juin dernier, rendez-vous coïncidant avec le lancement officiel de la saison estivale 2011, le ministère du Tourisme et de l’Artisanat, par le biais de l’Office National du Tourisme (ONT), a organisé, du 23 au 26 juin derniers, au profit de la presse nationale, deux tours éducatifs (Eductour), à l’est et à l’ouest du pays. L’occasion a été, pour la soixantaine de journalistes, de découvrir, et au-delà à faire-valoir, les riches potentialités touristiques (tourisme culturel, balnéaire, thermal, cultuel, écotourisme, tourisme scientifique…) du pays que les pouvoirs publics semblent bien décidés à mettre à profit pour la construction de la destination Algérie.
L’escapade a de quoi ravir. Y compris ceux qui n’ont pas l’aventure dans la peau. Que dire d’un groupe de journalistes, dont certains foulent – et décrivent – les sols magiques de l’Algérie comme ils respirent. Et qui n’ont d’yeux qu’à pareilles initiatives pour montrer à leurs lecteurs, avides de découvertes et de culture, de quelle beauté est fait ce pays de rêves. Milev, Rusicade, Colliote, Cirta, Calama, Tuniza, Hippone et Sétifis pour boucler la boucle. Voilà de quoi remplir des pages et des pages, en écrits et en images, des plus beaux reportages. Disons-le tout net : faire la promo du tourisme, dans une région riche en toutes potentialités, comme c’est le cas de l’Est algérien, tient plus de la responsabilité que du plaisir. Bien que celui-ci demeure la mère nourricière de toute inspiration descriptive.
L’Algérie compte retrouver son tourisme. Se réapproprier le lustre dont elle s’était paré durant les vingt glorieuses (70-80). Récupérer la place qui était sienne dans le concert des globe-trotters. Le ministère de tutelle s’y emploie avec détermination et pragmatisme. Mobilisant moyens et savoir-faire. Le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Smaïl Mimoun, fait de la relance du tourisme intra muros une priorité cardinale. Il organise, pour ce faire, deux Salons internationaux (Sitev 2010 et 2011) et en appelle à tout le monde. Aux médias notamment, à qui est échue, répète-t-il en boucle, une partie importante de l’entreprise destination Algérie. Soit l’objet de cet «éductour».
MILA : VILLE SAINTE
Osons, sans fard, la sentence. Quitte à mettre à mal l’objectivité requise pour toute publication journalistique : le déficit cruel en infrastructures d’accueil (six hôtels inappropriés, selon Miloud Djegham, directeur du Tourisme et de l’Artisanat de la wilaya) n’empêche pas l’antique Milev de jouer les premiers rôles. La nature, l’histoire, dans une plus grande mesure, jouent en faveur de ce que les archéologues qualifient de berceau des religions : le christianisme d’un côté, avec ses deux branches opposées, catholique et donatiste, et l’Islam dans sa double facette sunnite et chiite, de l’autre.
Mila abrite la plus ancienne mosquée construite en terre algérienne, et l’une des premières au Maghreb, par Aboumouhadjer Dinar, célèbre conquérant musulman. Il a élevé l’édifice en 679 et fit de Mila la capitale du Maghreb central… en attendant qu’un jour les touristes algériens, voire même des étrangers, viennent découvrir le génie architectural arabo-musulman. La conquête musulmane a laissé, en outre, d’autres legs aussi précieux les uns que les autres. C’est dans la vieille ville, soumise à l’autorité aghlabide, dans un hôtel encore en état, qu’avait élu domicile à la fin du IXe siècle, le fondateur de la dynastie des Fatimides, Obaïd Allah Al Mahdi, qui fit de l’Algérie sa première terre de prédication, avant de conquérir le Mashreq et bâtir Le Caire et sa prestigieuse mosquée Al Azhar.
Plus loin encore que son histoire islamique, Mila est avant tout une cité numide. Berbère. Selon Amar Nouara, archéologue et responsable local de l’Office national de gestion et d’exploitation des biens culturels protégés, c’est du roi berbère Mlo que la ville tire son nom actuel. «Mlo, roi massyle, ayant servi sous le règne de Gaia, père de Massinissa, a fondé la ville de Mila et son règne a été marqué par une adhésion populaire sans faille, à tel point que sous Massinissa, les Milois le déifient et lui consacrent une grande statue», poursuit le guide. Le chef-d’œuvre berbère a été découvert en 1880 par un officier de l’armée coloniale. En 1967, l’archéologue algérien, Rachid Doukali, réussit à l’extraire de la terre, et à nos journalistes de tomber en admiration. Hélas, le ministère de la Culture tarde à classer un patrimoine de grande valeur qui suscite à ce jour l’intérêt des plus grandes universités mondiales.
Bien avant l’avènement de l’Islam en terre maghrébine, Milev la romaine, a servi aux côtés d’Hippone et Madaure, l’épanouissement de la religion chrétienne. Son porte-drapeau local était l’évêque, ultra catholique, Saint Optat de Milev (320 – 385) dont la célébrité tient à son obsessionnelle opposition au christianisme d’essence africaine, le Donatisme. Saint Optat organise, à Mila, deux congrès majeurs qui ont vu la participation des grandes figures du catholicisme dans le monde.
SKIKDA ET COLLO : DIEU, LA FAMILLE ET LA PLAGE
Au pays des Skikdis, l’été n’est pas seulement une culture. C’est une marque de fabrique. Depuis que le monde est monde. Ici, on vous offre des vacances comme sur un plateau doré. C’est connu, c’est reconnu. L’antique Rusicade est sans conteste l’une des stations balnéaires les plus prisées des estivants, à la faveur de 140 km de plages qui s’étendent du cap de Fer à l’est, au cap Bougarouni à l’ouest. Une vingtaine de plages a été autorisée à la baignade cette saison, et tout un programme festif y est prévu. Notamment durant le mois de Ramadhan que les autorités locales, aidées par l’office du tourisme de la ville, entendent transformer en une grande fiesta au profit des milliers d’estivants qui viennent des quatre coins du pays. «Nous avons mobilisé l’ensemble des acteurs du tourisme local : plagistes, voyagistes, restaurateurs, hôteliers, guides et accompagnateurs… pour réussir cette saison estivale couronnée cette année par le mois sacré», note Abdelkader Ayadi, président de l’office, en annonçant la programmation, sur un podium en plein air, de soirées musicales animées par des artistes célèbres. Skikda s’apprête par ailleurs à accueillir d’autres milliers de vacanciers que les événements en Tunisie ont contraints d’opter pour l’option locale, et c’est là un défi de taille pour les promoteurs du produit touristique local.
Soixante kilomètres plus loin de la capitale de la fraise, les trotter-reporters débarquent, toute joie, à Collo. La presqu’île de beauté. Le pays où les célèbres monts de liège poussent leurs «tentacules» jusqu’au pied de la vague. Le décor est digne d’une station méditerranéenne avec tout ce que cette prestigieuse désignation revendique comme faire-valoir ; plages à vous couper le souffle (Tamnarat, la baie des jeunes filles, Ben Zouit…), un petit port qui donne tout son charme à ce petit âtre comme volé du Paradis. Enfin, c’est peu dire en si peu de mots. Sinon d’ajouter que l’antique Colliote, contrairement à plusieurs stations balnéaires, s’illustre par une clientèle bien particulière : les familles. Il faut bien dire que le «conservatisme» de la population locale a su préserver Collo des aléas de la marée estivante.
CONSTANTINE : LE POIDS DE L’HISTOIRE, LE LUSTRE DES CIVILISATIONS
A Cirta n’est pas touriste qui veut. Encore moins, celui qui n’a pas le temps. convenons-en : ce n’est pas en une demi-journée qu’on pourrait faire le tour la ville et de la question. Soutenir le contraire serait ni plus ni moins faire offense à cette cité, vieille de plusieurs civilisations. Accompagnés par Layeb Ramdane, un guide touristique local, les journalistes ont visité quelques hauts lieux historiques de l’ancienne capitale numide.
Soigneusement posée sur le rocher Constantine, c’est aussi ses ponts célèbres : Sidi Rached (1912), Sidi M’sid (1912), pont de la Chute (1928), pont du Diable, la passerelle Mellah Slimane (ex-Perrigot), et bien sûr, le plus ancien de tous, le viaduc d’El Qantara, une merveille architecturale romaine, érigée au IIe siècle de notre ère sous le règne de l’empereur Antonin. L’aqueduc a été reconstruit par deux fois, en 1791 par les autorités ottomanes et 1864 par les Français. Pas plus ancien que les ponts suspendus, la vieille ville a été également au centre de l’intérêt de l’«expédition médiatique» dont les plus ingénus ont pu mesurer le savoir-faire de ses conquérants de musulmans, magistralement exprimé dans ses plus belles mosquées (celle de Hassan Bacha (1730), El Kettania (1776), Djamaâ Lakhdar (1743). Déclinée en quatre parties, la vieille ville compte aussi l’un des plus symboliques quartiers : La Souika qui fait l’objet d’un vaste plan de restauration. C’est là que résidait la grande bourgeoisie ottomane et c’est là aussi que la classe dirigeante française a élu domicile après avoir conquis la ville en 1837.
Non loin de ce lieu hautement symbolique, trône le somptueux palais du dernier des 48 beys de Constantine, Hadj Ahmed Salah Bey, le Kouroughli. Une merveilleuse architecture que les pouvoirs publics, en vue de sa préservation, ont déployé une grande opération de restauration et de mise en valeur. Avec ses 40 chambres, ses jardins féeriques, ses patios splendides, le palais, construit en 1835, témoigne de la grandeur et du savoir-faire de l’élite ottomane qui a fait de Constantine l’une des plus rayonnantes cités algériennes que les touristes, nationaux et étrangers, viennent découvrir en nombre. «Nous enregistrons des flux touristiques très importants qui peuvent avoisiner les quarante mille durant la haute saison», remarque Ammar Bentorki, directeur du tourisme et de l’artisanat, en mettant l’accent sur l’importance des investissements actuels en infrastructures d’accueil. Cinq projets dont un Ibis et un Novotel, prévus pour le mois d’octobre, sont sur l’agenda des autorités locales. Soit un apport de plus de 1.400 lits qui viendraient renforcer les 1.214 autres lits proposés par un parc hôtelier de 17 unités.
EL KALA : ET DIEU CRÉA LA NATURE
Dans l’antique Tuniza, il faut vraiment y être pour croire en son… existence. On aurait aimé sortir tous les qualificatifs possibles pour dire l’émerveillement qui nous saisit une fois les pieds mis dans cette terre qui a piqué aux cieux un soupçon édénique, en vain. Ça ne suffit pas. C’est beau. Trop beau même. Un pays où la nature s’est magistralement exprimée à travers ses fabuleux lacs. lac Tonga, lac des Oiseaux, lac El Mellah, où le flamant rose, du haut de ses deux longues pattes, tient le rôle maître. On dénombre sept lacs à l’ancienne Calle, faisant la renommée planétaire de son Parc national (80.000 ha) classé, en 1990, patrimoine international et réserve de la biosphère par l’Unesco. Le Parc revendique un patrimoine naturel, en faune et en flore, d’une étonnante richesse.
Une mosaïque d’écosystèmes particulièrement harmonieux (marin, dunaire, lacustre et forestier), d’où l’intérêt des responsables du tourisme locaux pour un produit qu’on ne saurait développer ailleurs avec autant de possibilité : le tourisme écologique ou l’écotourisme. Pour ce faire, la Direction du tourisme et de l’artisanat de la wilaya de Taref a organisé, le 21 juin dernier, en présence du ministère de tutelle, Smaïl Mimoun, venu lancer officiellement la saison estivale, un semi-marathon au profit des vacanciers à travers les plus belles plages de la localité. En plus du tourisme écologique, la ville d’El Kala demeure aussi et surtout une ville de culture balnéaire, grâce à des plages uniques en beauté (La Massida, La vieille Cale, Henaya, Cap Rosa…). En dépit de la vétusté des hôtels (1.640 lits), et la dégradation des services, les estivants se font de plus en plus nombreux. Fraîchement installé à la tête de la Direction du tourisme de la wilaya, M. Yahi fait de l’investissement hôtelier son cheval de bataille pour faire d’El Kala un produit touristique par excellence.
ANNABA : MÊME SANS MAILLOT DE BAIN, LE PLAISIR EST AU RENDEZ-VOUS
Si la bande de reporters n’a pas eu le temps suffisant pour visiter l’antique Hippone, en raison d’un calendrier un peu trop encombré, sa chance en revanche a été d’aller découvrir la belle basilique de Saint Augustin, en travaux de restauration. A ceux qui souhaitent voir de plus près l’ossement d’une partie du bras du célèbre théologien et philosophe chrétien, ce digne fils de Annaba, rendez-vous a été donné pour une autre escapade. L’occasion a été également pour le groupe de presse de découvrir le nouvel hôtel Sabri (4 étoiles)