Mihoubi provoque la colère de la Présidence

Mihoubi provoque la colère de la Présidence

L’Algérie a un seul secrétaire d’Etat et il pose problème. Le mini-scandale, pour l’instant, provoqué lundi par Azzedine Mihoubi, qui a procédé à l’inauguration du nouveau siège du quotidien Liberté, sans avoir pris la précaution d’en référer au préalable à ses supérieurs, a soulevé la colère à la présidence de la République et au Premier ministère.

L’actuel secrétaire d’Etat s’est rendu responsable de deux autres gaffes que les conseillers du Président ont bien noté cette fois-ci et contre lesquelles ils entendent sévir. C’est bien lui en personne qui a demandé à l’APS de diffuser une dépêche sur son «activité» hors norme, annonçant qu’il a inauguré le nouveau siège de ce quotidien.

A-t-il seulement vu l’état de délabrement et de saleté des locaux, de ces bâtiments lépreux de la Maison de la presse du 1er-Mai et de celle de Kouba, qui provoquent l’effarement d’illustres visiteurs, celui de nos ministres et parfois des ambassadeurs accrédités dans notre pays? Pour sauver leur honneur bafoué de journalistes, des éditeurs ont mis la main à la poche pour «blanchir» ces lieux souillés par l’incompétence et la démission du ministre qui passe apparemment plus de temps à taquiner la muse et à versifier sa poésie que de s’enquérir de l’état des lieux de son secteur pour lequel il a été nommé.

Et c’est encore lui, ce ministre, qui récidivera dans la même journée en exigeant qu’une équipe de la télévision vienne filmer ce qu’il croit ériger en événement national pour le diffuser subrepticement aux Algériens dans le JT de vingt heures. Trois gaffes, que l’on qualifie déjà de «fautes politiques», en haut lieu, en une seule journée, n’est-ce pas trop? Voilà ce qu’en pense un conseiller du Président: «Il est inadmissible qu’un ministre de la République, ait la mémoire si courte.

Le 8 avril dernier, à l’occasion de la célébration du Premier anniversaire de l’élection du Président Bouteflika, ce quotidien a commis un dossier à la limite de l’insulte transgressant toutes les règles élémentaires du journalisme en faisant l’impasse sur les innombrables réalisations, tous secteurs confondus, du Président. C’est du délire.

On est à se demander si le secrétaire d’Etat lit chaque matin la presse nationale que l’Etat encourage par des subventions indirectes, comme le soutien du prix de l’impression ou par le biais des insertions publicitaires de l’ANEP.

Notre souci premier est d’aider les vrais professionnels de la presse, et non les opérateurs économiques des autres secteurs, à bénéficier de ces subventions indirectes. Nous savons tous qu’une presse libre dans un pays qui se respecte doit échapper à toute emprise des puissances de l’argent dont la principale préoccupation demeure la défense de leurs intérêts privés. Je veux dire que les deniers publics ne doivent pas être détournés de leur objectif initial pour garnir l’escarcelle de groupes économiques. Désormais, nous allons mettre de l’ordre.» Oui, est-on tenté de dire, il faudrait être atteint de la maladie d’Alzheimer pour avoir oublié, en si peu de temps, cette offense faite au Président.

Autrement dit, osons poser la question: quel intérêt a Mihoubi pour ouvrir une voie royale à Rebrab, à vouloir le porter au Panthéon de l’histoire, pour faire de son entreprise de presse un symbole à l’occasion de la célébration de la Journée internationale de la presse?

Or, le secrétaire d’Etat actuel a failli à cette tradition par le seul fait déjà de n’avoir jamais entrepris, à ce jour, de visite depuis sa nomination dans aucune des deux Maisons de la presse. A défaut d’inaugurer les chrysanthèmes depuis qu’il s’est arrogé son maroquin de «ministre» du côté de Birmandreis, voilà qu’il innove son règne en se faisant le vassal de Rebrab.

Mais quelle est donc cette République de coquins qu’il veut instaurer en ravalant les ministres de la République au rang… de porteurs de bidons d’huile? Autre bourde commise hier encore par Mihoubi, celle d’avoir annoncé que chaque entreprise de presse devra à l’avenir élaborer sa propre déontologie! Oublie-t-il que pour la presse, la déontologie comme l’éthique, ces deux mamelles du journalisme, sont une et universelle, aussi bien en Algérie comme aux Etats-Unis, unique aussi bien pour Le New York Times comme pour Liberté qu’il entend chérir certainement grâce à son entregent.

Notre secrétaire d’Etat pècherait-il par méconnaissance ou par incompétence, lui dont la seule production livresque se limite à quelques menus ouvrages qui, dans un autre pays, condamneraient leur auteur à faire la manche sur une place foraine pour survivre?

Voilà en un mot, un secrétaire d’Etat, qui se vante d’être une plume alors qu’il n’est qu’un crayon et dont la seule particularité est de nourrir une étrange ressemblance avec le gaz de monoxyde de carbone qui a la caractéristique d’être inodore, incolore et sans saveur.

Ahmed FATTANI