Yazid Alilat

«C’est la première fois, a-t-il affirmé, qu’il y a une volonté politique pour prendre en charge le phénomène, à travers un forum national.» Le ministère de l’Intérieur a organisé, samedi, un forum sur le phénomène de la harga’, et comment le circonscrire, le prendre en charge et éliminer les réseaux de passeurs. Selon un décompte du ministère de l’Intérieur, 119 corps de migrants ont été repêchés sur les côtes algériennes, en 2018, alors que 96 sont portés disparus, à la suite d’une tentative d’émigration par mer.
Le directeur du CREAD, refusant de parler «d’ émigration clandestine», estime que «le problème migratoire, en Algérie se traduit par le fait que nous sommes devant une gouvernance éclatée où l’on s’occupe, chacun de son côté, du problème.» Or, ajoute-t-il, on n’a jamais fait une étude sur la Harga’ en Algérie, ni fait un diagnostic stratégique. Mais, une fois que tout cela soit fait, on peut sortir avec un plan d’action, une stratégie et un plan de communication», même si «le phénomène n’est pas un problème exclusif, à l’Algérie, mais aux pays de la région se trouvant face à l’Europe. Mohamed Saïb Musette a, d’autre part, critiqué le ministère de la Jeunesse qui n’a pas mis en place «une stratégie ou une structure de prise en charge de la jeunesse, encore moins une politique nationale de la jeunesse.» «Elle est inexistante», a-t-il affirmé, avant de rappeler que la Harga’ touche, en particulier la jeunesse, c’est un segment de la politique migratoire.»
Pour autant, la Harga’ est une petite hémorragie dans le corps social, et donc il faut traiter le corps social dans sa totalité, que ce soit en termes de mobilité ou de migration internationale.» D’autre part, il a estimé que les différents dispositifs mis en place par les pouvoirs publics, depuis 2007, pour prendre en charge les besoins de la jeunesse et lutter contre l’émigration clandestine, «n’ont pas donné de résultats». «On pensait régler les problèmes de la Jeunesse, à travers un certain nombre de dispositifs (ANSEJ, CNAC), mais toute politique sociale a une durée de vie», a-t-il fait remarquer, avant d’affirmer que «je ne pense pas que le dispositif ait eu les résultats escomptés, et donc il nous faut une nouvelle politique qui prenne en compte les différentes dimensions sociétales, d’autant que nous sommes en crise financière.»
Enfin, il a rappelé que «tous les Etats membres des Nations unies, qui veulent signer le pacte sur la migration, doivent organiser la migration régulière et lutter contre celle irrégulière», avant de prévoir que le phénomène migratoire va encore augmenter, notamment, avec les dérèglements climatiques. Ce phénomène «a bon dos dans les programmes politiques et des élections», dans les pays développés «où le thème de la migration est utilisé».