Mezroua Belkacem, vice-président de la Fédération nationale des éleveurs : «Aucun, même pas la tutelle, ne peut avancer le chiffre des pertes dues à la peste des ruminants»

Mezroua Belkacem, vice-président de la Fédération nationale des éleveurs : «Aucun, même pas la tutelle, ne peut avancer le chiffre des pertes dues à la peste des ruminants»

Même si la Fédération nationale des éleveurs (FNE) compte 16 000 adhérents parmi les 400 000 éleveurs exerçant cette activité, selon son vice-président, Mezroua Belkacem, au terme du Forum du Courrier d’Algérie, qu’il a animé, hier, l’intervenant a affirmé, toutefois, que « nul ne peut donner le nombre exact des éleveurs», car, explique-t-il, « ils sont en déplacements selon les saisons, à travers une vaste superficie ».

Un état des lieux qui, selon notre interlocuteur, compliquera «l’opération de la vaccination » contre la peste des ruminants, mais également celle de «l’indemnisation, en l’absence, à ce jour du mécanisme et de toute information à ce propos, de la tutelle» a-t-il affirmé. Avançant que la peste des ruminants touche un nombre important des régions du pays, à savoir : « 12 wilayas » à travers le territoire, l’invité du forum a fait savoir que «depuis l’apparition de cette peste chez les ruminants, à ce jour (hier :Ndlr), d’aucun, même pas la tutelle » a-t-il affirmé « ne peut avancer un chiffre exact sur le nombre des têtes perdues» par cette épidémie, qui continue a-t-il poursuivi, « de sévir ».

Cette branche d’activité dans le secteur agricole, n’échappant pas au parasite du marché informel, qui trouve une voie libre, avec la persistance des carences; voire l’absence même de l’organisation de cette activité. alors que la plupart des éleveurs, selon notre invité, connaissent, par la force des années de pratiques et d’expériences, les maladies habituelles auxquelles sont confrontées les différentes espèces de cheptel, telles du mouton, et des vaches. Le virus de la peste des ruminants « ils viennent de le découvrir pour la première fois» a-t-il affirmé.

Alors que la perte de ruminants « a été constatée en août dernier » a-t-il affirmé, sans que les éleveurs concernés, a-t-il poursuivi «n’ont en parlé autour d’eux », une démarche dictée, explique-t-il «par le poids des mentalités d’éleveurs, s’abstenant d’évoquer toute perte, notamment celle causée par une quelconque maladie » a fortement contribué, a-t-il affirmé, «à la propagation du virus». En l’absence d’une architecture d’organisation et de structuration de cette branche importante, notamment en matière de sécurité alimentaire, mission principale de l’activité de l’ensemble du secteur agricole, il dira même qu’ «après l’annonce par le ministre, le 3 janvier dernier, à partir de Djelfa, de l’engagement de l’État à indemniser les éleveurs victimes, les langues se sont délayées et les annonces des pertes chez tel ou tel ont commencé à pleuvoir, même de nos adhérents ».

Estimant, plus loin dans ses réponses aux médias présents, hier, à ce Forum, que le pays compte « 28 millions d’ovins à l’échelle nationale » le vice-président du FNE n’a pas caché ses craintes de voir, dans un avenir proche, l’impact gravissime sur cette richesse et les potentialités que recèle cette branche d’activité, indiquant, dans ce sens, « il y aura de sérieuses difficultés pour remonter la pente » a-t-il lancé. D’autant plus, poursuit-il, que « le rôle des intrus et de l’informel dans cette branche n’est pas moindre » et que celui qui subira le plus les conséquences de ces pertes, « c’est le simple éleveur » avant d’exprimer son pessimisme de voir « ces indemnisations arriver aux concernés» comme ce fut le cas, « pour la fièvre aphteuse ayant touché nos bovins» a-t-il affirmé.

Sur les mesures prises par la tutelle, pour freiner la contagion et identifier les foyers et d’éventuels nouveaux foyers outre la fermeture des marchés, l’invité du Forum a estimé que ces mesures «n’ont pas été efficaces» notamment du fait de la désorganisation prévalant dans cette branche d’activité, de la couverture limitée des contrôles et passages des vétérinaires.

Karima Bennour