M. Meziane Medjkouh est le président de la Chambre de l’industrie et du commerce de la wilaya de Tizi Ouzou. Il est également l’un des plus anciens industriels activant dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Etant dans l’industrie des emballages, M. Medjkouh exporte ses produits vers plusieurs pays. Après une expérience de plusieurs décennies dans ce domaine, notre interlocuteur a acquis une fine connaissance du domaine de l’export et des obstacles qui se dressent devant les initiatives. C’est ainsi qu’il a volontiers accepté de répondre à nos questions sur les potentialités de la wilaya dans ce créneau de l’export.
L’Expression: Avant tout, M. Medjkouh, pouvez-vous nous lister les produits exportables dont dispose la wilaya de Tizi Ouzou?
Meziane Medjkouh: Nous avons les produits de l’artisanat, des produits agricoles, de la confection. A un moment, nous avons exporté de l’électroménager, les détergents. Il y a un nouvel acteur qui vient de faire son entrée, Novonordisk, spécialisé dans l’industrie pharmaceutique qui va exporter vers beaucoup de pays. Nous exportons aussi, le liège, la figue, l’huile d’olive. Nous avons même un producteur de la plaquemine de Boghni qui passe à l’international. Mais, comparativement aux potentialités de notre wilaya en la matière, nous estimons que nous sommes en dessous des attentes.
Qu’est-ce qui freine cette tendance à l’export, alors?

Pour commencer, il nous faut franchir la barrière psychologique. Les facilités accordées par l’Etat actuellement dans sa politique d’aider les exportateurs butent sur les expériences du passé. Vous savez, l’expérience du passé a fait des dégâts. Ceux qui ont eu l’amère expérience de faire face aux délais de rapatriement d’argent, aux formalités douanières ne veulent plus entendre parler d’export. Nous avons aussi les mauvaises expériences du secteur de la production. Pour exporter, il faut produire. Or, en l’espace de quelques décennies, la production nationale est passée de 25% du PIB à moins de 5%. Cette baisse est visible sur le terrain. Où est passée la production qui était la fierté de la zone d’activité de Boghni?
Pourquoi ce désintérêt à la production?
Il faut traduire la volonté de l’Etat sur le terrain. Personne n’ignore l’importance d’un port sec ou des entrepôts sous douanes pour le développement d’une industrie productive. Pourtant, Tizi-Ouzou est la seule wilaya du Centre à ne pas disposer d’un port sec. Pis encore, l’unique projet de réalisation d’un port sec pour Tizi Ouzou a été réaffecté pour servir de gare routière intercommunale. Comparez un peu la différence d’importance en matière économique. Ce port sec qui aurait créé a priori 250 postes d’emploi et généré des taxes inestimables pour la wilaya fait office de gare d’Oued Aïssi. Il y a en moyenne 180 containers à destination de Tizi Ouzou.
Que préconisez-vous pour faire renaître le créneau de ses cendres?
Avant tout, il faut traduire les décisions actuelles de l’Etat dans les faits. On ne voit pas comment aider à faire émerger une industrie développée alors que dans les faits, le seul port sec a été transféré en gare routière. Tizi Ouzou a besoin d’un port sec et des entrepôts sous douane comme toutes les wilayas. Il faut traduire aussi, les facilités juridiques actuelles dans les faits. Il faut donner les moyens aux producteurs dans l’artisanat et dans les produits du terroir pour affronter la concurrence à l’international comme les labels et les laboratoires de certification qui arrimeront nos produits aux normes et standards internationaux.