Cette abondance a été gérée, estime le président de la Commission nationale des mandataires en fruits et légumes, de manière irréfléchie et irresponsable.
De l’avis de tous les acteurs du marché national, 2015 reste une année exceptionnelle en termes de production agricole. L’offre en fruits et légumes sur les marchés de gros est abondante. Cette situation d’opulence a, au début, imposé une stabilité des prix dont a largement profité le consommateur mais elle a, par la suite, engendré une mévente qui a… déstabilisé les marchands. N’ayant pas trouvé repreneur, plusieurs quantités de produits agricoles ont stagné sur les étals avant d’être jetées carrément dans la poubelle.
Certains fruits tels que la poire, le raisin… ont vu leur production augmenter de 250 à 300% en comparaison à l’année 2014. Comme ces fruits ne supportent pas trop la chaleur, ils devaient être stockés dans des frigos. Le même constat est établi pour la tomate qui a enregistré un surplus de production ayant, certes, fait baisser les prix à 10 DA (en gros) mais a provoqué dans le même temps, des pertes sèches aux agriculteurs. Cette abondance a été gérée et consommée, estime Mohamed Medjber, président de la Commission nationale des mandataires en fruits et légumes, de manière irréfléchie et irresponsable. Lors des périodes d’opulence, le consommateur achète souvent les produits de premier choix. D’où l’abandon des autres marchandises.
L’autre phénomène soulevé par ce mandataire a trait à l’importation de produits qui ont déjà satisfait le marché national en quantité et en qualité. “L’importation de raisins d’Argentine, de poires, de pommes… casse le marché et donne lieu à une concurrence déloyale au grand dam des producteurs locaux”, déplore-t-il. Par conséquent, les Algériens jettent leur dévolu sur le produit en provenance de l’étranger et négligent celui qui est issu des champs des différentes régions du pays. Affiché à 250 DA voire à 300 DA le kilogramme, le client achète quand même ce produit ! Or, les prix des produits locaux demeurent accessibles aux bourses moyennes. Pis, ce fruit importé durant l’année en cours est en fait produit en 2014 et stocké dans des chambres froides avant d’être exporté vers des pays comme l’Algérie.
D’où la qualité souvent douteuse signalée sur la marchandise. M. Medjber se demande pourquoi on continue à importer des fruits et légumes alors qu’ils sont produits localement en quantités suffisantes, avec la qualité requise en la matière et le goût suave du terroir ? Ce qui pose un sérieux problème de régulation sur le marché. L’importation, suggère Mohamed Medjber, devrait intervenir uniquement dans les périodes de soudure de l’année où la production fait défaut. Autrement dit, accorder des quotas à l’import pour mieux gérer les phases creuses de l’année.
De telles mesures font non seulement réguler le marché mais réduisent aussi les dépenses en devises. Par ailleurs, le dispositif du Syrpalac (Système de régulation des produits agricoles de large consommation) devra être réactivé notamment pour la pomme de terre. Les autorités doivent, à ce propos, obliger les producteurs à déstocker ce produit des chambres froides afin de bien gérer la période de soudure.
B. K