Meurtre d’un cadre du Hamas à Dubaï : retour sur l’affaire

Meurtre d’un cadre du Hamas à Dubaï : retour sur l’affaire
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La police de Dubaï, qui mène l’enquête sur l’assassinat sur son sol d’un important cadre du Hamas le 20 janvier dernier, semble désormais persuadée de l’implication des services secrets israéliens. Retour sur l’affaire.

Assassinat. Le 20 janvier 2010, un cadre du Hamas, Mahmoud Abdel Raouf Al-Mabhouh, est assassiné dans un hôtel de Dubaï dans des circonstances obscures. L’identité de la victime confère à ce meurtre une dimension particulière. Mahmoud Abdel Raouf Al-Mabhouh était le principal pourvoyeur d’armes du mouvement islamiste palestinien. Le 29 janvier, le mouvement palestinien pointe du doigt l’État hébreu. « Mahmoud Abdel Raouf Al-Mabhouh est mort en martyr à Dubaï le 20 janvier 2010 dans des circonstances suspectes qui nécessitent une enquête, en coopération avec l’État des Émirats arabes unis », écrit alors le Hamas dans un communiqué.

Investigation. Mais, dès le 29 janvier, moins de dix jours après le crime, le gouvernement de l’Émirat évoque « une bande criminelle professionnelle » qui surveillait les déplacements du responsable du mouvement islamiste palestinien avant son arrivée aux Émirats. Selon Dubaï, la plupart sont porteurs de passeports européens et « ont laissé derrière eux un indice qui peut permettre de les retrouver ». Pour mener l’enquête, Dubaï demande l’assistance d’Interpol.

Premières tensions. Pour la première fois, le 31 janvier, le chef de la police de Dubaï évoque la piste du Mossad, les services secrets israéliens. L’État d’Israël reste toujours silencieux.

LG Algérie

La presse israélienne, elle, dans sa grande majorité, se félicite de l’élimination du chef militaire du mouvement islamiste palestinien Hamas. Le 2 février, le Liban prend officiellement position : Téhéran accuse à son tour Israël d’être responsable de l’assassinat de Mahmoud Abdel Raouf Al-Mabhouh. Trois jours plus tard, le 5 février, le chef de la police de Dubaï affirme qu’il lancera un mandat d’arrêt contre le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, si le Mossad s’avère être derrière ce crime.

Multiplication des accusations. Le 15 février, le chef de la police de Dubaï accuse onze personnes portant des passeports européens, dont une femme. Selon les enquêteurs, l’équipée impliquée dans le meurtre d’Al-Mabhouh était composée d’une personne ayant un passeport français, d’une autre qui avait un passeport allemand, de trois détenteurs de passeports irlandais, dont la femme, et de six détenteurs de passeports britanniques. Selon le général Khalfan, les membres du commando ont précédé de quelques heures l’arrivée de leur cible et ont réussi à quitter Dubaï dans les heures qui ont suivi le meurtre. L’opération n’aurait pris que 24 heures.

À l’appui de son exposé, le chef de la police brandit les enregistrements des caméras de surveillance, installées partout à Dubaï, des arrivées et des départs du commando, ainsi que des séquences sur leur présence dans l’hôtel où a eu lieu l’assassinat. Selon lui, aucune arme n’a été utilisée, aucune carte de crédit non plus, et les membres du commando n’ont pas communiqué entre eux par le réseau local de téléphone, preuve de leur professionnalisme. Le cadre du Hamas a été filé après son arrivée à Dubaï et le commando a réservé une chambre face à la sienne dans son hôtel. On a tenté de forcer sa porte, mais il demeure difficile d’établir si des membres du commando ont réussi à entrer dans sa chambre pour l’attendre ou bien si c’est lui qui a ouvert la porte. « Il a été étouffé après avoir reçu, peut-être, une décharge électrique », affirme le général Khalfan.

Interrogatoires. Le 16 février, la police annonce que deux suspects palestiniens, qui auraient aidé le commando, ont été arrêtés et sont interrogés. Les deux suspects, résidant aux Émirats arabes unis, « s’étaient enfuis en Jordanie » après l’assassinat, le 20 janvier, à Dubaï ,de Mahmoud Al-Mabhouh, selon le chef de la police de l’Émirat. « Nous avons présenté une demande d’extradition à la Jordanie, et ils nous ont été remis il y a trois jours », précise le général Dhahi Khalfan. Selon lui, « de forts soupçons » pèsent sur l’un des deux hommes, qui a rencontré « un membre du commando » responsable de l’assassinat avant le crime. L’autre a été arrêté en raison de ses liens avec le premier.

Vrais faux passeports. Le chef de la police de Dubaï, le général Dhahi Khalfan, affirme ce jeudi 18 février que les passeports européens utilisés par le commando accusé d’avoir assassiné un cadre du Hamas n’étaient pas des faux. Selon la presse israélienne, le commando a vraisemblablement usurpé l’identité d’au moins sept Israéliens également de nationalité étrangère. Le chef de la police de Dubaï, lui, ajoute qu’il dévoilera « dans les prochains jours de nouveaux indices ». « Ces nouveaux indices lèveront tous les doutes » sur l’identité des meurtriers, affirme-t-il.

Israël se défend. Face à l’emballement, l’État hébreu réagit. Son ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, affirme que même si les noms des suspects de l’assassinat correspondent à des personnes vivant en Israël, cela ne prouve pas qu’Israël a mené cette opération.