Meurtre du Ali Lacek de Béni-Douala, Peine capitale à l’encontre des ravisseurs et assassins

Meurtre du Ali Lacek de Béni-Douala, Peine capitale à l’encontre des ravisseurs et assassins
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Le long feuilleton ayant trait à l’enlèvement suivi de l’assassinat du jeune Ali Lacek de Béni-Douala connaît enfin son épilogue.

En effet, le tribunal criminel de Tizi Ouzou a examiné et étudié avant-hier cette affaire. Il étaient six accusés à la barre : Mourad Boussaïd et son frère Salah, Khaled Fadhel, LounèsBelmokhtar, RamdaneBelmokhtar et AbdennourBoussaïd.

Les mis en cause étaient sous mandat de dépôt depuis neuf mois. Selon l’arrêt de renvoi, les faits de cette tragique histoire remontent au 22 février 2013 et ont eu pour théâtre Naciria (Boumerdès). Ce jour-là, Mourad Boussaïd, à bord du véhicule de son frère Salah, s’est déplacé jusqu’à Béni-Aïssi où il a réussi à faire monter à bord de sa voiture la victime pour prendre ensuite la direction de Naciria.

La destination finale, une bâtisse en construction et non encore habitable. Au cours de cette même journée, la victime (Ali Lacek) et dans ce lieu, loin des regards, connaîtra une fin horrible. Après une beuverie où honneur a été rendu à Bacchus, feu Ali Lacek subira d’abord un sévisse sexuel avant de recevoir un coup de couteau mortel. Et avant cette agression sexuelle, le ou les agresseurs ont pris le soin de lier les mains de leur victime derrière le dos.

LG Algérie

Le rapport d’autopsie relève que le coup mortel a été donné à l’aide d’un objet tranchant du côté droit du cou et la plaie engendrée était de quatre centimètres. Il y est même précisé que la mort était causée par égorgement. Le document portant arrêt de renvoi note également qu’après la mort constatée, le cadavre sera enveloppé dans un sac avant d’être jeté dans un puits non loin du lieu du crime.

La distance séparant le puits et la maison en construction, lieu où aurait été commis le crime, est d’environ cent mètres. C’est ce qu’a déclaré en tant que témoin le propriétaire du puits, Hocine Fodhil. Quant à la dimension du puits, son propriétaire a informé le tribunal qu’il était de six mètres de profondeur environ et un mètre de hauteur concernant la margelle. Ce même témoin notera également que vers la mi-avril 20I3 – selon les calculs de la défense qui se feront plus tard, c’était exactement le I4 avril- il a procédé à l’arrosage de son verger à partir de ce puits et l’eau était claire.

Ce ne sera pas le cas plus tard, soit le jour où il y a eu la découverte du cadavre. Ce détail suscitera aussi quelques doutes sur la date exacte où le cadavre a été jeté dans le puits. Même les accusés n’apporteront pas un éclairage. Le transport du cadavre sera effectué à bord d’une voiture, une Peugeot 307 qui appartenait à l’accusé RamdaneBelmokhtar. Il sera trouvé du sang de la victime à bord de cette voiture. La découverte macabre sera faite le Ier mai 20I3, soit deux mois et neuf jours après l’assassinat. Le corps était dans un état de putréfaction.

Pour quel motif exact Mourad Boussaïd s’est-il déplacé de Naciria jusqu’à Beni-Douala pour chercher sa victime et l’emmener jusqu’au lieu du crime ? Qui a lié les mains de la victime derrière le dos ? Qui a abusé sexuellement d’elle et qui a donné le coup mortel ? Quel était le rôle exact de chacun des six mis en cause ? Ce sont toutes ces questions que le tribunal criminel a étudiées pour trouver les réponses justes, car c’est- sur la base de celles-ci que justice allait être faite. A noter que durant l’instruction, LounèsBelmokhtar a reconnu avoir abusé sexuellement de la victime. A la barre, Mourad Boussaïd a déclaré que lui seul était responsable de l’enlèvement et de l’assassinat d’Ali Lacek.

Quant au viol sexuel, il a reconnu n’y avoir été pour rien. Erreur de sa part, car si ce n’était pas lui l’auteur de l’agression sexuelle, il fournissait là la preuve qu’il n’était pas seul à commettre le crime. Quoi qu’il en soit, quand vint le tour de Lounès Belmokhtar de faire face au juge, il nia être l’auteur de l’abus sexuel. Toutefois, les témoignages de Mourad Boussaïd et AbdennourBoussaïd indiqueront que c’est lui, Lounès Belmokhtar, qui a commis le crime sexuel. Les témoignages suivants indiqueront encore que même le coup de couteau mortel a été donné par Lounès Belmokhtar. Khaled Fadhel a déclaré n’avoir absolument rien à voir dans cette histoire et qu’il ne connaissait ni ses coaccusés ni la victime.

Salah Boussaïd, frère de Mourad, principal accusé, a déclaré pour sa part que, certes, il remettait souvent les clefs de sa voiture à son frère mais il était loin de se douter de cette macabre affaire. Lors des plaidoiries, les avocats de la partie civile, en l’occurrence Mes Aït-Mimoun et Boubchir, ont développé la thèse selon laquelle qu’un homme seul n’aurait pas pu réussir à ligoter et à maîtriser la victime, car elle était de forte corpulence. Il en est de même concernant le transport de son cadavre jusqu’au puits. Pour la partie civile donc, il y a eu association d’individus et le crime a fait l’objet d’une longue planification. Le réquisitoire du représentant du ministère public s’est situé sur cette même trajectoire. En effet, l’avocat général a «démontré l’association des accusés», le mobile du kidnapping suivi de l’assassinat et, par conséquent, la planification de l’opération criminelle.

C’est pourquoi il a requis la peine capitale pour Mourad Boussaïd, Lounès Belmokhtar, Khaled Fadhel et Abdennour Boussaïd, et ce en conformité avec les articles 254, 255, 256 et 26I du code pénal. Pour les accusés Salah Boussaïd et Ramdane Belmolkhtar, il a requis contre eux une peine de 5 ans de prison et une amende de 100 000 DA chacun, et ce en vertu de l’article I8I du code pénal punissant la non-dénonciation de crime. La défense a, quant à elle, tenté de mettre en avant le climat d’insécurité où le crime est banalisé et des failles observées dans l’enquête préliminaire. Pour les avocats des mis en cause, aucune preuve concrète n’existe sur la date exacte où le cadavre de la victime a été jeté dans le puits, ni sur le rôle de tout un chacun. Même la thèse d’un crime planifié a été exclue.

«L’objectif initial était de kidnapper la victime pour demander une rançon. Et le crime de sang est, par conséquent, à considérer comme un homicide involontaire lequel a été provoqué par la partie de beuverie», a plaidé la défense qui a demandé des circonstances atténuantes pour ses mandants. Après un long moment de délibérations, le tribunal rendit son verdict. Peine capitale pour Mourad Boussaïd, Khaled Fadhel, Lounès- Belmokhtar et Abdennour- Boussaïd. Une peine d’un an de prison ferme pour Salah Boussaïd et une amende de 20 000 DA à l’endroit de ces accusés reconnus coupables. Quant à RamdaneBelmokhtar, il a été acquitté.

Saïd Tissegouine