Pour les experts de l’ONU, l’Arabie Saoudite utilise ses lois antiterroristes pour étouffer les voix des militants de droits de l’homme dans le royaume.
Le Conseil des droits de l’homme des Nations unies présentera aujourd’hui en plénière une résolution commune dans laquelle il sera demandé à l’Arabie Saoudite de libérer les femmes détenues sans inculpation, et de coopérer de manière effective avec la commission d’enquête de l’ONU sur l’assassinat du journaliste du Washington Post, Jamal Khashoggi, à l’intérieur du consulat saoudien à Istanbul en Turquie, le 2 octobre 2018. Initiée par l’Islande, cette proposition bénéficie du soutien de nombreux pays, notamment européens, de militants et d’ONG de défense de droits de l’homme.
Un diplomate islandais en poste à Genève a déclaré : “Nous estimons que les membres du Conseil des droits de l’homme ont une responsabilité particulière, afin d’être des exemples à suivre, en inscrivant au planning du Conseil toutes les affaires des droits de l’homme nécessitant notre attention de manière collective”, avant d’ajouter que “les droits de l’homme en Arabie Saoudite constituent des cas à examiner, et beaucoup d’États s’associent à cette vision”. La même source a indiqué que l’initiative islandaise a reçu un accueil favorable ainsi que le soutien de beaucoup de membres du Conseil des droits de l’homme de l’ONU.
Dans un communiqué rendu public mardi, l’ONG Human Rights Watch a salué ce projet de résolution qu’elle a qualifié de “première action collective au sein du Conseil sur les droits de l’homme en Arabie Saoudite”. HRW appelle tous les membres du Conseil d’interpeller Riyad afin qu’elle “coopère avec les enquêtes sur le meurtre de Jamal Khashoggi et qu’elle cesse de harceler les militants, les journalistes et les opposants, ainsi que la libération immédiate de tous les détenus sans procès”. Le directeur de HRW à Genève a souligné qu’“il n’y avait pas d’État au-dessus de la loi”. Il y a lieu de rappeler que le ministre des Affaires étrangères saoudien, Adel al-Jubeir, s’est engagé la semaine écoulée devant les quarante-sept membres du Conseil des droits de l’homme de l’ONU à une coopération de son pays avec l’ensemble des organes de cette institution, sans toutefois évoquer la commission d’enquête onusienne chargée de l’affaire Jamal Khashoggi dirigée par la Française Agnès Clamart.

Cette dernière avait affirmé après son séjour en Turquie que les preuves démontrent clairement que Khashoggi avait été victime d’un “crime sauvage planifié et exécuté par des responsables saoudiens à l’intérieur du consulat d’Arabie Saoudite à Istanbul en octobre dernier”. Par ailleurs, des experts onusiens ont estimé il y a quelques jours que l’Arabie Saoudite applique ses lois en matière de lutte contre le terrorisme pour étouffer les voix des militants des droits de l’homme. À noter l’appel des militants saoudiens à la libération des prisonniers Walid Abou al-Kheir, Achraf Fayadh ainsi que les femmes Lajin al-Hadhoul et Israe al-Ghamgham.