Au rythme des révélations auxquelles on assiste lors des procès en cours, que ce soit celui de l’autoroute Est-Ouest ou celui de Sonatrach, et des scandales qui éclatent, aucun homme de régime ou les amis de Bouteflika et sa clientèle ne semblent y être épargnés.
Les accusés se succèdent à la barre pour livrer des noms, parmi les fidèles et les inconditionnels soutiens du Président de la République, et dont certains sont déjà connus par l’opinion publique pour leur implication dans des malversations financières et d’avoir touché des pots-de-vin dans l’octroi des marchés publics.
En plus d’Amar Ghoul, actuel ministre de transport et ancien ministre des travaux publics, et Mohamed Bejaoui, ancien ministre des Affaires étrangères sous Bouteflika, c’est le premier ministre qui est cité au passage, comme l’ancien ministre des finances, Abdellatif Benachenou et Nacer Mehal, ancien directeur de l’APS avant de devenir ministre de la communication, qui jouaient à « l’entremetteuse » au profit du principal accusé, Medjdoub Chani. Et un certain Sacha de Tlemcen, proche de la présidence de la République, qui vient d’être mis en cause par un des accusés.
Louisa Hanoune, chef du Parti des travailleurs et considérée comme soutien de Bouteflika, est à son tour, également, de jeter un pavé dans la marre en accusant la toute nouvelle ministre de la culture de trafic d’influence et de conflits d’intérêts. Et avec la complicité de l’actuel ministre de la communication, Hamid Grine, et son PDG de l’ENTV, Toufik Kheladi. Les mêmes griefs sont reprochés par Louisa Hanoune au ministre de la santé.
C’est étonnant de la part de la patronne du PT de s’attaquer à la corruption en révélant des affaires ! Alors que par le passe, elle avait toujours, plutôt, tendance à jeter des doutes et de la suspicion sur les journalistes ou les personnes rendant publics des scandales ayant trait aux affaires de corruption.
Loin de douter sur la véracité de ces faits, ne serait-il pas aussi une manœuvre de sa part qui participe à étouffer et à détourner l’attention sur toutes les rumeurs l’accusant d’être bénéficiaire d’un compte en Suisse ?
Tout cela intervient dans la même semaine ou un livre-enquête édité en France intitulé « Paris-Alger, une histoire passionnelle », qui met à nu les pratiques et les biens mal-acquis en France du chef de gouvernement, de certains de ses ministres et d’autres potentats du pouvoir, comme Amar Saïdani, le chef du FLN.
Il faut ainsi compter avec l’affaire Sonatrach et ce qu’elle couve comme lot de révélations, en dépit de la tentative de Bouteflika d’extraire du scandale et d’éviter des poursuites à l’encontre de son ami, Chakib Khelil, l’ancien ministre de l’énergie, comme c’était le cas dans l’affaire Khalifa ou plusieurs ministres, toujours en postes, le frère du président, Mourad Medelci, l’actuel président du Conseil constitutionnel, et Sidi Saïd, secrétaire général du syndicat maison l’UGTA, ont pu être mis à l’abri des poursuites judiciaires.
A travers toute cette cascade de révélations et le degré d’implications des hommes du régime, c’est comme il existe une volonté de banalisation de la corruption et d’accréditer la thèse de « tous corrompus » afin de s’assurer une impunité pour le clan mafieux au pouvoir. Une corruption qui s’est propagée pour atteindre tous les secteurs d’activités à l’ombre d’un pouvoir prédateur, incarné par le premier « voleur » de l’histoire de l’Algérie indépendante en détournant dans les années 1970 des sommes en devises des ambassades algériennes pour les placer dans un compte privé, tenu secret dans une banque suisse.
Et ce n’est pas ce régime corrompu qui peut jeter à travers ses manœuvres le discrédit sur tous les cadres algériens propres, qui continuent malgré leur marginalisation à maintenir une économie en vie et des services en activités. Il est donc urgent de déclarer ce régime en quarantaine et toute tentative de proximité avec lui ou de le fréquenter est équivaut désormais à une prédisposition à être corrompu.
Y. R.