Mettre de l’ordre dans la jungle de « l’investissement étranger »

Mettre de l’ordre dans la jungle de « l’investissement étranger »

Le gouvernement a-t-il enfin décidé de mettre de l’ordre dans la jungle de « l’investissement étranger » en Algérie ? Après la série de lois encadrant l’activité des groupes étrangers – les circulaires dites des 30% et 51%-, les autorités s’intéressent à présent aux conditions dans lesquelles ces sociétés exercent en Algérie. Respectent-elles les lois du pays en matière de sécurité ? Payent-elles leurs impôts correctement ? Transfèrent-elles plus d’argent que nécessaire ? etc. Les soupçons qui pèsent sur ces groupes sont nombreux.

Jeudi dernier, les autorités ont décidé de fermer l’usine Afia, filiale du géant saoudien d’agroalimentaire Savola, jusqu’à nouvel ordre. Cette fermeture est intervenue après une enquête de trois mois menée par la gendarmerie nationale. On peut difficilement mettre en doute les résultats de l’enquête et crier au scandale ou à la manipulation. Car les faits ne plaident pas en faveur de la filiale du groupe saoudien.

En plus d’avoir bâti leur usine à proximité d’une zone agricole sans autorisation, les responsables de Savola Algérie ont ignoré les avertissements des autorités. Alors qu’elle produit de l’huile de table, un produit alimentaire très sensible, Afia ne disposait pas jusqu’à la fin de la semaine dernière d’une section hygiène et sécurité au sein de l’usine. Ses responsables, qui ont multiplié ces derniers mois les annonces dans la presse sur leurs investissements -140 millions de dollars annoncés-, se croyaient-ils intouchables à ce point ? Pensaient-ils être au-dessus des lois, car apportant des « investissements » ?

Après Afia, c’est au tour de l’opérateur Djezzy de susciter l’intérêt de la direction des impôts. Depuis quelques années, la filiale algérienne de l’opérateur égyptien, qui réalise des bénéfices colossaux, a opté pour une stratégie de désinvestissement. Une option qu’elle a poursuivie en dépit des mises en garde des autorités. L’opérateur a régulièrement ignoré les avertissements de l’ARPT sur ses activités. Il a même lancé des produits -flexy- dont les revenus sont difficiles à contrôler. Dans aucun pays du monde, un tel procédé ne peut-être toléré.

Dans les prochains jours, d’autres groupes étrangers pourraient être concernés par des mesures similaires. Les banques pourraient intéresser particulièrement les autorités, avec notamment le scandale du crédit à la consommation pratiqué par les banques étrangères, comme Société Générale et BNP Paribas.

On verra alors s’ils mettront leurs menaces à exécution en quittant l’Algérie. Mais une telle perspective est peu probable : malgré les nouvelles contraintes, notre pays reste un véritable eldorado pour ces entreprises, en difficulté sur leurs marchés traditionnels.