Au plus bas depuis novembre dernier, les prix du pétrole poursuivent leur tendance à la hausse, même si la prudence semblait de mise après la publication de chiffres mitigés sur l’offre américaine.
Rien ne semblait devoir perturber l’optimisme du marché, dont la tendance haussière ne s’est quasiment pas démentie depuis début avril, en dépit de nouvelles en demi-teinte concernant les fondamentaux de l’offre et de la demande. En effet, les prix du pétrole continuaient à gagner du terrain hier en cours d’échanges européens, profitant toujours de la faiblesse du dollar et d’espoirs de voir la surabondance mondiale se résorber.
Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin, dont c’est le dernier jour de cotation, valait 48,49 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 35 cents par rapport à la clôture de jeudi.
Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour la même échéance gagnait 54 cents à 46,57 dollars. Les cours du Brent et du WTI, même s’ils ont connu un léger accès de faiblesse lundi, ont signé une nouvelle semaine de hausse fulgurante, rien ne semblant pouvoir entamer l’optimisme débordant d’un marché saisissant le moindre prétexte pour maintenir sa position acheteuse. «Les prix du pétrole continuent d’augmenter sans contrôle (…) et se sont envolés de plus de 20% depuis le début du mois d’avril, et de quelque 80% comparé avec les plus bas multi-annuels atteints en janvier et février», atteignant hier de nouveaux plus hauts en près de six mois, notaient les analystes de Commerzbank.
Le cours du Brent est ainsi monté vendredi jusqu’à 48,49 dollars le baril, au plus haut depuis début novembre 2015, tandis que le WTI a grimpé jusqu’à 46,59 dollars, un maximum depuis début novembre 2015 également. «Le déclin de la production de pétrole américaine et un dollar affaibli ont donné de l’élan aux prix, tandis que la surabondance (d’offre) continue et des stocks américains de brut à leur niveau record sont ignorés», commentaient les analystes de Commerzbank.
De son côté, Brenda Kelly, analyste chez London Capital Group, estimait que si la hausse persistante des cours du pétrole pouvait être en partie due aux attentes de voir l’excès mondial d’offre s’atténuer – ce que semble corroborer dernièrement le déclin continu de la production américaine – les prix bénéficiaient surtout de l’affaiblissement du dollar, victime de la prudence réitérée exprimée par la Réserve fédérale américaine (Fed) lors de la réunion de son Comité de politique monétaire (FOMC) cette semaine.
La plupart des analystes jugent en effet que l’Institution devrait s’abstenir de relever ses taux d’intérêt dans l’immédiat, ce qui pèse sur le dollar et favorise à l’inverse les achats de pétrole, libellés en billets verts. «L’optimisme du marché, sa vigueur et la proximité du seuil des 50 dollars le baril devrait attirer davantage d’acheteurs», estimaient les experts de Commerzbank. Mais selon ces derniers, la remontée des cours du pétrole pourrait aussi freiner à terme le déclin de la production de pétrole de schiste américaine, ce qui devrait être perceptible assez rapidement dans les données sur l’activité de forage aux États-Unis.
Aussi les investisseurs seront-ils particulièrement attentifs à la publication hier des derniers chiffres du groupe privé Baker Hughes sur le nombre de puits en activité aux États-Unis. «Depuis le début de l’année, le nombre de puits pétroliers en activité a diminué chaque semaine à l’exception d’une seule. Si cette tendance devait s’inverser, cela pourrait avoir raison de la flambée des prix du pétrole», concluaient les analystes de Commerzbank.