Le tramway, un moyen de transport ô combien précieux pour les Algérois!
A l’heure de la démocratisation de la mobilité, la politique des transports est à inventer en Algérie.
Faut-il se réjouir de l’annonce faite hier, par le ministère des Transports selon laquelle le prix du billet du métro d’Alger a été fixé à 50 DA? On en tire ni honneur ni gloire de cette annonce d’un chantier qui est loin d’être un exemple en termes de célérité de réalisation. En revanche, à travers cette annonce, c’est toute la question de la politique des transports en Algérie qui se pose. Quand l’engouement s’estompera et la curiosité des premiers jours assouvie, le citoyen ressentira lourdement ce prix de 50 DA.
Théoriquement, la mise en service de ce fameux métro va incontestablement démocratiser la mobilité. Elle implique une meilleure gestion des flux de voyageurs et marchandises dans l’espace urbain, ainsi que des activités économiques importantes. Mais le prix de 50 DA est loin d’être attractif pour les petites bourses. Une famille algérienne composée en moyenne de 5 membres est amenée à payer 500 DA pour un aller-retour de la Grande-Poste au Ruisseau, par exemple. Ce qui est trop élevé. Pourtant, le but principal de ce moyen de transport est d’alléger cette terrible pression au niveau de la capitale. Et puis, les citoyens algériens ne méritent-ils pas un petit cadeau de la part des autorités rien que pour avoir patienté pendant 30 ans?
Ce n’est pas une découverte que de dire qu’Alger est aujourd’hui l’une des villes les plus encombrées de la planète. Cette situation est compliquée davantage par la multiplication des barrages aux différentes entrées menant à la capitale pour des impératifs sécuritaires. Sur quelle base ce prix du ticket a-t-il été fixé? Est-il en adéquation avec le pouvoir d’achat du citoyen? Pas si sûr et on a tendance à croire que les prix sont fixés de manière aléatoire. Qu’on en juge: le prix du billet du tram sur un tronçon de 7 km est de 20 DA, pour le billet des bus de l’Etusa il est de 20 DA pour n’importe quelle destination sur le territoire de la wilaya d’Alger que couvre cette entreprise. Enfin, les bus privés, curieusement les moins coûteux, varient de 10 à 25 DA. Cet écart variant de 10 à 50 DA traduit donc cette absence totale d’une politique des prix. On se rappelle aussi du mini-scandale des prix de l’autorail Alger-Béjaïa qui avoisinait les 900 DA avant d’être réajusté à 700 DA. S’il obéit à une approche économique, il faut alors penser à relever les prix du billet de tramway. Et pourquoi pas ceux des transports privés qui grognent déjà en criant à une concurrence déloyale? A ce niveau, il convient de s’attarder sur ce qui se passe dans la wilaya de Tizi Ouzou. Après 47 jours de grève, les transporteurs privés ont décidé, de manière unilatérale, de relever les prix de 50%.
Si les prix sont libres, il doit y avoir une structure au niveau du ministère des Transports qui est chargée de réguler et de plafonner ces augmentations. Au cas contraire, on va retomber dans une espèce d’anarchie, voire de jungle dans laquelle les usagers seront entre les griffes des suceurs de sang. C’est exactement ce qui se passe actuellement dans cette wilaya sans que le ministre des Transports n’intervienne.
Comment justifier ce silence sinon par une absence de vision dans ce secteur? Ou alors s’agit-il de manipulations politiques malsaines? Ce déficit de vision dans le secteur est traduit également par une autre réalité, celle qui consiste à soutenir les jeunes investisseurs dans le secteur des transports.
Pour l’Organisation nationale des transporteurs, «cette politique ne fait que reporter le chômage car elle n’obéit à aucune approche économique et ne se réfère à aucun plan de transport pour déterminer le parc et orienter les itinéraires». C’est ce qui explique en partie l’anarchie et la pléthore de véhicules qui envahissent les rues des villes. Une autre confusion est celle des prérogatives entre les différents ministères.
Entre le département des Transports et celui des Travaux publics et parfois même celui de l’Environ-nement, c’est souvent le cafouillage. On sait de moins en moins qui est censé réaliser les routes et leur entretien et leur gestion, les pistes des aéroports et des ports, les voies ferrées, qui est censé les gérer, qui doit déterminer la politique globale d’occupation, etc. Pour l’heure, c’est un encombrement à la limite du carambolage entre les différents ministères.