ALGER- La station Tafourah-Grande Poste du métro d’Alger a vibré tout au long du ramadhan grâce à de jeunes artistes qui ont transformé ses couloirs en scène musicale où les sonorités chaâbi, kabyle, raï ou gnawi se mêlaient joyeusement à d’autres musiques du monde.
Des chanteurs et musiciens, amateurs pour la majorité, ont investi cette station centrale du métro algérois pour offrir aux usagers, l’espace d’une soirée, tous les jeudis et vendredis du mois de ramadan, des moments de musique variée et rythmée, à la fois.
Motivés par l’espoir de se faire connaître auprès du public ou d’être repérés par un producteur, ces artistes en herbe se sont révélés plutôt à l’aise dans leur interprétation des titres connus du répertoire musical algérien et même occidental.
« Nous venons chaque week-end assister à des concerts éclectiques et de bonne facture », confie un jeune mélomane. Un avis que partagent ses compagnons qui disent avoir savouré des solos de musique occidentale joués par ces musiciens amateurs.
Proposés à titre gracieux par la RATP El Djazaïr, société chargée de l’exploitation du métro d’Alger, en collaboration avec l’Entreprise Métro d’Alger (EMA), ces spectacles ont permis au public de découvrir ou redécouvrir des chansons d’artistes algériens et étrangers populaires
Sur des airs alliant rap et RnB, la jeune Lewna, de son vrai nom Nawel, a enchanté le public, le temps d’un concert, en reprenant un répertoire varié.
Entre reprises et textes qu’elle a composés elle-même, Lewna a fini, dit-elle, par trouver son style: un mélange de pop-Rnb-electro.
Jouant à la guitare, Lewna revisite les chansons d’artistes célèbres dont Charles Aznavour, « un artiste (qui) l’inspire », Destiney’s Child ou encore le rappeur américain Justin Timberlake.
Ghani El Djazairi, quant à lui, a fait vibrer la station de Tafourah lors d’une soirée dédiée à la musique rai et kabyle en offrant des reprises de grands noms de la chanson algérienne.
L’engouement à ces soirées était tel que des spectateurs, emportés par les rythmes, n’ont pas hésité à exécuter quelques pas de danse, encouragés par la foule qui grossissait à chaque soir.
=Une scène alternative=
En plus d’égayer les galeries du métro d’Alger, cette manifestation à eu le mérite de donner l’occasion à des jeunes artistes de se produire en public. Faute d’espaces culturels pour les accueillir, ces jeunes artistes disent trouvent dans l’enceinte du métro, « une scène idéale » pour exprimer leur art.
Jouer de la musique et chanter dans le hall du métro d’Alger, même si l’espace s’avère exigu, représente pour Lewna, le meilleur moyen d’être en contact avec le public et de tester ainsi ses capacités et compétences artistiques.
Ghani, chanteur de variété dont la prestation a attiré de nombreux spectateurs estime, pour sa part, qu’il y a une bonne résonance, même si l’acoustique reste loin des normes requises.
Cependant, Abdelghani Kerkoub, guitariste et vocaliste d’un groupe composé de trois musiciens, qui s’est produit lors d’une des ces soirées, apprécie la résonance « si particulière » qu’offrent les sous sols du métro.
« L’essentiel pour moi en tant qu’artiste débutant, c’est de jouer en public malgré des conditions peu idéales », relativise-t-il.
Des artistes qui n’ont pas eu la chance de produire lors de ces soirées souhaiteraient voir le programme d’animation dans le métro d’Alger s’étendre à toute la saison estivale, voire au delà, et s’élargir à toutes les stations du métro d’Alger.
Tous caressent le rêve de voir les couloirs du métro d’Alger s’ouvrir à la culture et accueillir des artistes, comme dans toutes les grandes villes du monde.