Métro d’Alger : Le grand rendez-vous

Métro d’Alger : Le grand rendez-vous

L’heure du rendez-vous est enfin arrivée. Le métro d’Alger est bel et bien opérationnel…

Les Algérois en rêvent depuis environ trois longues décennies.

Il faut dire que le lancement officiel des travaux de ce gros œuvre qui n’a rien à envier aux métros des pays occidentaux, remonte aux années 1980. Ils avaient été interrompus pendant plusieurs années, suite à la crise économique, aux manques de moyens, et à l’instabilité politique, qui ont emmené le projet à s’enliser dans les sous-sols de la capitale.

Des travaux qui ont repris dans le cadre du Plan de soutien à la relance économique (2000-2005) et du Plan complémentaire de soutien à la croissance (2005-2009). Un travail remarquable et sérieux a été donc accompli en la matière, suivi d’un contrôle rigoureux au niveau de ce chantier symbolique du développement des infrastructures de transport en Algérie. Ce dernier a en réalité transformé Alger la Blanche en une ville plus agréable à vivre en offrant à ses habitants un nouveau mode de transport urbain sûr, confortable, rapide.

La station Haï El Badr est le premier point d’arrêt de la ligne n°1 du métro d’Alger. Sur les lieux, les passagers se précipitent à la découverte de leur futur métro. « C’est merveilleux, lance Ahmed. Nous avons attendu longtemps pour le voir, alors ! Le plus important, c’est qu’il est là. Il résoudra sans nul doute le problème de la circulation au niveau d’Alger. Je suis très heureux que le projet ait fini de sortir de sous terre ».

Complètement achevée, la station Haï El Badr (ex-lotissement Michel), est la première et la seule station aérienne de la ligne.

Rapidité, confort et qualité de service

Située en plein centre du quartier, elle dessert six communes et s’étale sur 9,5 km de long de voies doubles. Elle est accessible depuis les cités Maya et Panorama d’Hussein Dey, comme elle constitue un trait d’union entre plusieurs localités de la banlieue d’Alger. Guichets de vente des titres de transport, portillons automatiques, escaliers pour accéder aux quais, un parking et une station de bus y ont été soigneusement aménagés. Les indicateurs d’itinéraires, les mâts, les signaux indiquant l’entrée des différentes stations y sont également installés.

Le départ en métro à partir de cette belle station d’un aspect qui tranche avec l’architecture algéroise, nous mène vers les neuf autres stations souterraines, à quais latéraux. Il s’agit de la Grande Poste, Khelifa-Boukhalfa, jardin d’Essai, les Fusillés, Amirouche, Mer et Soleil. Longues de 115 mètres et larges de 23 mètres dont la profondeur varie entre 15 et 20 mètres, ces stations, dont les murs sont revêtus de deux types de matériaux, la tôle émaillée et la faïence, comportent entre deux et sept accès équipés d’escaliers mécaniques.

Les deux stations Grande Poste et Hai-El-Badr bénéficient d’aménagement spécifique sur le plan architectural qui répond à l’image de marque de la capitale. Une image qui évoque indissociablement l’ancienne El- Djazaïr mauresque et le nouvel Alger moderne. Pour les responsables de la wilaya d’Alger, l’architecture des stations et gares est un témoignage qui dépasse largement son simple rôle fonctionnel. « Elle est à la fois intimement liée aux innovations techniques du chemin de fer et des voies ferrées et aux exigences urbanistiques de la ville ».

21 secondes à l’arrêt et neuf km en quinze minutes

Composé de six wagons, peints en bleu et blanc, cet engin nous rappelle les bus de l’Entreprise de transport urbain et suburbain d’Alger (ETUSA) qui circulent au niveau de la capitale. La traversée des neuf kilomètres de la ligne s’effectue en quinze minutes, montre en main. « Le métro circule actuellement à 40 kilomètres à l’heure puisqu’on est en période d’essai.

Après la mise en service, il circulera à 70 km/h. « Le temps d’arrêt dans les stations n’ira pas au-delà de 21 secondes pendant les heures de pointe », indique le conducteur du métro en toute fierté. Mourad qui chômait auparavant a été recruté par la RATP- El- Djazaïr. Il fait partie d’une première promotion formée par ce groupe français qui va exploiter le métro d’Alger. « Je travaillerai huit heures par jour. Et j’aurai droit à deux pauses », poursuit-il avec un enthousiasme juvénile. A bord, les sièges bleus et confortables sont disposés les uns en face des autres, donnant l’allure d’une salle d’attente bien aménagée. Au-dessus des portes de chaque wagon, les dix points d’arrêt sont indiqués sur un plan d’itinéraires. « Il y aura une rame toutes les 3 mn/ 20 dans les 10 stations pendant les heures de pointe », indique-t-il. Une cinquantaine de conducteurs se relaieront pour assurer la conduite des quatorze rames de la ligne n° 1, selon lui. Pourtant, cette ligne pourrait être exploitée de manière complètement automatique. Avec le projet de la ligne n° 2, le métro aura aussi permis le recrutement d’autres conducteurs et agents de sécurité et d’entretien. Ce mode de transport permettra le déplacement de 1.216 personnes dont 208 assises

Pour rendre le déplacement des Algérois plus agréable, il a été mis à leur disposition deux guichets pour la vente des tickets. Un distributeur automatique de billets sera, également, mis à la disposition des usagers. Le prix du ticket est fixé à 50 dinars. Des cartes d’abonnement seront mises en vente très prochainement, notamment pour ce qui est des étudiants, des personnes invalides… Les billets seront également disponibles à l’extérieur des stations, dans les différents kiosques et les taxiphones. Cette démarche a pour objectif d’éviter les longues chaînes devant les guichets.

La première préoccupation de l’entreprise demeure la sécurité des usagers et des lieux. C’est pour cette bonne raison que le métro d’Alger est placé sous surveillance vidéo. On compte une moyenne de 30 appareils installés dans chaque station. Ils sont reliés au poste de contrôle centralisé des Anassers.

S’exprimant sur les conditions d’accueil des voyageurs, le ministre a annoncé à plusieurs occasions que toutes les conditions de sécurité sont réunies pour offrir un meilleur service. «Toutes les stations sont dotées de tous les moyens humains et matériels nécessaires pour permettre une mise en service dans les meilleures conditions», renchérit de son côté le directeur de la RATP El-Djazaïr, M. Pascal Garret, qui informe à l’occasion que les formations dispensées aux personnels du Métro d’Alger pour les préparer à sa mise en exploitation sont conformes à celles assurées par la RATP de Paris en France. La première promotion de 400 techniciens et ingénieurs bénéficiera, par groupe de 30 personnes, d’une formation de 45 jours dans la maintenance industrielle et l’électronique.

Atteindre un réseau de 40 km en 2020

En outre 400 agents de la Sûreté nationale sont mis à la disposition de la société en plus des 400 employés formés par la RATP et qui veillent au moindre détail sur le plan sécuritaire. Le responsable de la sécurité du métro a fait savoir que « la formation des policiers est passée par trois étapes. La première a concerné tous les agents de police, la seconde a été dédiée aux responsables alors que la dernière a touché la police du métro et s’est faite conjointement avec les responsables de la RATP ». « La RATP s’occupe du volet technique de la sécurité et nous, nous avons la charge de veiller sur la sécurité des personnes et de leurs biens”, a-t-il encore noté.

Pour les issues de secours, le métro en compte quatre sur toute la distance dont des accès spécial pompiers. « La sécurité est assurée selon les normes internationales », argumente Khaled Sadji, directeur du système du métro. De son côté, le colonel Nechab Farid, de la Protection civile, qui chapeaute les opérations de sécurisation avec la RATP, a indiqué que sa direction a formé des unités d’intervention spécialisées pour les tunnels métro car “les lieux sont électrifiés, alors, ils requièrent un savoir-faire spécial”.

Ce dernier, qui assurera le transport de quelque 25 000 passagers par heure et par sens sur son unique ligne, ne se contentera pas de ces limites. Car plusieurs autres extensions sont programmées en vue d’atteindre un réseau de 40 km allant de Dar El Beïda à Draria à l’horizon 2020.

Sarah SOFI

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Les 10 stations en service

Hai El Badr est la seule station aérienne de la ligne. Située en plein centre du quartier Hai El Badr, elle est accessible depuis les cités Maya et Panorama de Hussein Dey, Ben Omar et Kouba, ainsi que Bachdjarah.

De par sa localisation, la station « Hai El Badr » constitue un trait d’union entre plusieurs localités de la banlieue d’Alger et met à la disposition des habitants de ces agglomérations un moyen de transport offrant rapidité, confort et qualité de service, permettant de soulager le réseau routier vers le centre d’Alger.

C’est au départ de la station « Hai El Badr » que se fera la future extension de la ligne 1 vers le centre-ville d’El Harrach. Les travaux de réalisation du tronçon « Haï El Badr-El Harrach » ont démarré : 3,2 km de tunnel, dotés d’ouvrages d’art et d’ouvrages annexes nécessaires au fonctionnement du métro. Ce quartier abrite également le complexe de lavage et de maintenance des rames du métro s’étalant sur une superficie de 18 hectares.

Mer et Soleil : située à l’extrémité ouest de la ligne 1 du métro d’Alger, cette station se trouve au cœur du quartier résidentiel Mer et Soleil, sur les hauteurs d’Hussein Dey. Elle dessert les cités « Panorama », « Maya » et «El Magharia» (Leveilley) où se trouve l’hôpital Parnet

Colonel Amirouche : située à l’intersection des quartiers d’Hussein Dey et Kouba, la station « Amirouche » dessert notamment la cité Amirouche, le Calvaire, la cité Panorama. Cette station permet aux habitants de ces quartiers à forte densité du Grand Alger de rejoindre facilement le centre-ville d’Alger.

Les Fusillés : tous les chemins mènent à la station « Fusillés », accessible depuis Ruisseau, Kouba, Hussein Dey et Bir Mourad Raïs. Située à côté du nouveau Palais de Justice, cette station dessert le quartier d’El Anasser, qui deviendra bientôt la future plate-forme administrative d’Alger et la future centrale des transports. Appelé à devenir un véritable espace de transport multimodal, le quartier des Fusillés avec sa station de métro, assure des connexions très étudiées avec les autres moyens de transport tels que le tramway, le téléphérique, les bus et les taxis situés dans ce même quartier. Ce pôle multimodal facilite l’accès pour les Algérois au monument des Martyrs et au palais de la Culture.

El-Hamma / jardin d’Essai : les deux stations « Ham-ma » et « jardin d’Essai » s’ouvrent sur la Bibliothèque nationale du Hamma, l’hôtel Sofitel d’Alger, le jardin d’Essai de l’Institut Pasteur et l’annexe du ministère des Finances.

Aissat-Idir : située au cœur du quartier de Belcourt, cette station jouxte la Maison de la Presse, les arrêts de bus, Algérie Télécom ainsi que l’imposant siège de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA). Au regard de son positionnement géographique, cette station vient soulager le réseau routier particulièrement engorgé dans cette partie de la capitale.

1er-Mai : située sous la placette El Mokrani, carrefour à très forte circulation, la station « 1er-Mai » permet la correspondance avec le réseau bus ETUSA et les taxis. Elle dessert l’hôpital Mustapha-Bacha, le plus fréquenté de la capitale et le quartier Mohamed-Belouizdad (Belcourt), l’un des plus anciens de la capitale.

Khelifa-Boukhalfa : celle-ci dessert le quartier commerçant d’Alger en s’ouvrant sur la rue Didouche-Mourad, le cinéma Algeria et la rue Victor-Hugo.

La Grande Poste : Elle est située au cœur d’Alger, au croisement des axes desservant les sites majeurs de la ville : place des Martyrs, Place Audin, la Faculté d’Alger, les stations de bus de Tafourah, la Wilaya d’Alger.

Cette station qui accueille le flux de voyageurs le plus important de la ligne s’ouvre sur la Grande Poste d’Alger qui compte parmi les monuments prestigieux de la ville.

S. S.