Métro d’Alger et quotas de pêche,Imbroglio sur le partenariat algéro-français

Métro d’Alger et quotas de pêche,Imbroglio sur le partenariat algéro-français
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En dépit d’un optimisme affiché de part et d’autre sur les projets de coopération entre Alger et Paris, il semblerait que certains autres dossiers demeurent la partie cachée du malaise des relations bilatérales.

En effet, le coup de starter pour le tramway d’Alger venait à peine d’être donné que la polémique autour de l’échéance de la mise en circulation du Métro d’Alger a repris entre les deux partenaires. En fait, à l’occasion de la cérémonie de mise en service, la semaine dernière du tram de la capitale, le ministre des Transports, Amar Tou, avait déclaré à la presse que le projet sera réceptionné le 31 octobre de l‘année en cours. C’est-à-dire dans les temps prévus. Mais deux jours plus tard, à savoir le mardi 10 mai, c’est au président de la Régie autonome des transports parisiens (RATP), Pierre Mongin, dont la filiale RATP El Djazaïr est en charge de la gestion du métro d’Alger de venir contredire sur la chaîne d’information France 24, le membre de l’Exécutif algérien. Tout en affirmant que le métro d’Alger est «en très bonne voie», il fait savoir cependant que sa mise en service est attendue «pour décembre ou pour janvier au plus tard». Cette annonce faite par le responsable de la RATP n’a vraisemblablement pas du tout été du goût du département de Amar Tou.

La bataille des démentis par communiqués interposés

Et pour cause, le ministère n’a pas tardé à diffuser une mise au point sous forme d’un communiqué, repris par la presse, en se demandant si M. Morgin est vraiment au fait de l’évolution du projet. «Nous venons étonnamment de prendre connaissance de la déclaration faite par le président de la RATP, Pierre Mongin, à une chaîne d’information française», s’est-on exclamé dans le communiqué émanant du ministère, sur lequel on ajoute : «Il ressort de cette déclaration que M. Mongin n’est pas au fait de l’évolution du projet Métro d’Alger et de l’objectif que se sont assignés, en parfaite concertation, l’ensemble des acteurs que sont l’Entreprise du Métro d’Alger, le Groupement constructeur Siemens, Vinci et CAF, le maître d’œuvre Systra et l’opérateur RATP El Djazaïr de procéder à la réception provisoire du métro le 31 octobre 2011 et, partant, à sa mise en service commerciale».Pour étayer ses propos, le ministère n’a pas omis de souligner la tenue de réunions le 21 mars et le 3 mai dernier par le comité de coordination pour la mise en service du métro d’Alger, et ce, «autour d’un planning détaillé du reste à réaliser». Ces réunions ont été présidées par le ministre des Transports et lors desquelles «cette échéance a été confirmée».

Ainsi, le communiqué du ministère des Transports laisse comprendre que la maison-mère de la RATP et sa filiale en Algérie ne se concertent pas entre elles. Autrement, un tel décalage n’aurait pas lieu d’être entre Alger et Paris. A ce propos, les rédacteurs du communiqué concluent qu’«aussi aurait-il été souhaitable que M. Mongin se rapproche de sa filiale à Alger pour s’informer de ces précisions».

Malgré les tentatives d’apaisement, il semble que la polémique ne s’arrête pas là. Car pas plus tard que le week-end passé, et en marge d’une séance plénière à l’APN, le ministre de l’Industrie de la PME et de la Promotion de l’investissement, Mohamed Benmeradi, et en sa qualité de chargé des dossiers de la coopération avec la France, a vite fait de voler au secours de son homologue des Transports, Amar Tou, en affirmant que le métro sera bel et bien livré dans les délais, c’est-à-dire le 31 octobre 2011. «Ce matin encore, la Régie des transports parisiens (RATP), qui gèrera le projet, a confirmé qu’il sera livré le 31 octobre comme convenu».

Du côté français, l’on affirme que la partie algérienne a avancé la date du 31 octobre pour apaiser un tant soit peu l’opinion publique nationale qui attend l’ouverture de la ligne du métro d’Alger depuis de longues années maintenant. Cette situation fait que le partenaire algérien exerce des pressions sur les Français pour que le projet soit livré le plus tôt possible.

Le refus de visas, une autre pomme de discorde

Cette affaire relative à la mise en service du métro d’Alger nous rappelle curieusement l’épisode où la confusion autour du dossier du thon rouge et les visas qui auraient été refusés à des négociateurs algériens pour se rendre en France et discuter des quotas de l’Algérie au niveau de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (ICCAT) a fait fureur.

Cette accusation a fait réagir en premier lieu la Chancellerie de France à Alger qui donne pour sa part, une autre version des faits.

«Le consulat ne peut que constater qu’aucun dossier de demande de visa n’a été déposé par ces personnes.

En liaison avec le ministère algérien des Affaires étrangères, les autorités diplomatiques et consulaires françaises traitent toujours dans les meilleurs délais les demandes de visa déposées par les membres des délégations officielles algériennes devant se rendre en France», avait alors indiqué dans un communiqué l’ambassade de France à Alger.

Ces démentis à coups de communiqués prouve une fois de plus la fragilité des relations entre Alger et Paris, même si du côté officiel, Benmeradi et Raffarin font part d’un optimisme partagé quant au partenariat économique entre les deux pays.

Dans cet ordre d’idées, aussi bien l’envoyé spécial en Algérie de Nicolas Sarkozy, Raffarin, que Mohamed Benmeradi, se félicitent à chaque fois qu’ils se rencontrent de «l’avancement» des projets en commun, et le dossier est souvent le plus exhibé.

Par Hafid Mesbah