Le Ballon d’Or a eu beau changer d’appellation en une année, passant du Ballon d’Or France-Football au FIFA Ballon d’Or, le lauréat est le même : Lionel Messi ! A la surprise générale –celle de l’intéressé en premier-, c’est le petit lutin argentin qui s’est vu décerner hier, au Kongresshaus de Zurich, le trophée individuel le plus convoité par les footballeurs à travers le monde.
Il a devancé ses deux coéquipiers au FC Barcelone, Andres Iniesta et Xavi Hernandez qui avaient, a priori, l’avantage d’avoir remporté la Coupe du monde. Même celui auquel a échu l’honneur d’annoncer le nom du vainqueur, l’entraîneur des trois finalistes en club, Pep Guardiola, paraissait ne pas comprendre le choix des votants. Messi l’emporte pourtant assez nettement avec 22,65 % des voix, devant Iniesta (17,36 %) et Xavi (16,48 %).
«Je ne pensais vraiment pas gagner aujourd’hui»
La mine ébahie affichée par Messi sur le scène, après avoir reçu le trophée des mains du président de la FIFA et du directeur de France-Football, renseigne bien sur le caractère vraiment surprenant de ce sacre. «Je ne pensais vraiment pas gagner aujourd’hui. C’est une très grande satisfaction d’être là, avec mes amis. Xavi et Iniesta méritaient aussi de l’emporter. Je vais partager le Ballon d’Or avec tous mes amis et mes partenaires. Je le partage également avec tous les Catalans et les Argentins», a-t-il déclaré, ému. Visiblement, seuls ses parents, présents dans la salle, trouvaient le choix légitime.
Mourinho récompensé pour sa moisson de titres
Le suspense, au cours de la soirée de gala organisée par la FIFA, concernait également le lauréat du trophée d’entraîneur de l’année. Entre Vicente Del Bosque, champion du monde avec l’Espagne, José Mourinho, vainqueur d’un triplé avec l’Inter, et Pep Guardiola, entraîneur du FC Barcelone, le choix était cornélien. Finalement, il s’est porté sur Mourinho, en récompense sans doute de son travail régulier sur toute une saison et sur sa moisson de trophées.
«Je ne suis pas arrivé là tout seul»
Comme pour montrer que le trophée est le fruit d’un travail collectif, il a donné l’accolade, avant de monter sur scène, à ses anciens joueurs de l’Inter présents dans la salle, Maicon, Lucio et Sneijder, ainsi que ses joueurs actuels au Real Madrid, Cristiano Ronaldo et Iker Casillas. «Je ne suis pas arrivé tout seul. Je veux associer tous les gens qui ont travaillé avec moi, tous ceux qui m’ont aidé à atteindre ce niveau de performance et cet épanouissement dans ma vie quotidienne», a-t-il déclaré en recevant son trophée.
Le meilleur but pour Altintop
Plusieurs autres distinctions ont été décernées durant la soirée. Ainsi, la Brésilienne Marta a été sacrée meilleure footballeuse de l’année ; le Turc Hamit Altintop a reçu le Prix Puskas du meilleur but de l’année pour son but inscrit avec la sélection de la Turquie contre celle du Kazakhstan ; Silvia Neid a été sacrée meilleure entraîneuse de l’année ; Desmond Tutu a reçu le Trophée du Président pour sa contribution au succès de la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud ; quant au onze idéal 2010, il est composé comme suit : Casillas – Maicon, Lucio, Puyol, Piqué – Sneider, Xavi, Iniesta – Messi, Cristiano Ronaldo, Villa.
Piqué a remis le prix du meilleur joueur de PlayStation
C’est Piquè qui est monté sur scène pour remettre le trophée du meilleur joueur de PlayStation 2010. Un concours organisé par la FIFA et qui draine de plus en plus d’amateurs. Le lauréat s’est dit très honoré d’être sur la même scène que les grands joueurs de la planète. Gerard Piquè, quant à lui, a confié devant le parterre de journalistes présents «réserver toujours quelque heures de mon temps à la PlayStation. Le meilleur joueur dans l’équipe du Barça sur play ? En restant très modeste, je dirai que je voterai pour moi-même. Je ne vois pas qui pourrait me battre au sein de l’équipe», a plaisanté le défenseur des Blaugranas. «Je joue beaucoup à la PlayStation et je m’améliore à chaque fois», a-t-il ajouté. «Bien évidemment, je joue tout le temps avec les couleurs du Barça, même sur Play
Station», a encore dit Piquè avec un large sourire empreint de fierté catalane.
Les femmes ouvrent le bal !
Ce sont les femmes qui ont eu l’honneur de démarrer les festivités du Ballon d’Or FIFA 2010. En effet, les débats ont débuté dès 14h00, avec la conférence de presse des nominées au titre de Joueuse mondiale de la FIFA et d’Entraîneur du football féminin. Fatmire Bajramaj, Marta, Birgit Prinz, Pia Sundhage et Silvia Neid (Maren Meinert est excusée) ont donné leurs impressions sur leur nomination, évoqué leur saison et la Coupe du Monde Féminine de la FIFA 2011. La star du jour a été, une fois de plus, la célébrissime Brésilienne Marta !
Mourinho a fait planer le doute
Le grand absent de cette conférence de presse a été incontestablement José Mourinho. Tout le monde attendait la confrontation du Madrilène avec les joueurs catalans et leur entraîneur, mais à la déception générale, «the Special One» n’était pas de la partie, «en raison d’un retard d’avion», nous ont fait savoir les représentants de la FIFA. Finalement, c’était vrai puisque l’ancien entraîneur de l’Inter de Milan était présent au gala des remises des trophées, dont celui qu’il a remporté.
Conférence de presse avant la cérémonie du Ballon d’Or
Guardiola : «Nous ne sommes qu’une partie de l’œuvre du Barça»
A 15h00 sonnantes, la conférence de presse, sans doute la plus attendue au monde, a démarré. Sur la scène du Kongresshaus, les journalistes étaient tout simplement en overdose de stars ! Et pas des moindres.
Il s’agissait de Messi, Xavi, Inesta pour les nominés au FIFA Ballon d’Or et Guardiola et Del Bosque chez les entraîneurs. Une domination outrageuse de l’école de formation espagnole, même en présence du lutin argentin, formé lui aussi au Barça. L’humilité des nominés a poussé chacun d’eux à éviter de tirer la couverture égoïstement. En effet, dans chacune de leurs interventions, les uns comme les autres n’ont pas cessé de rendre hommage aux travailleurs de l’ombre.
«Ceux qui ont mis en place le système de formation du Barça ainsi que ceux qui veillent à son application et qui ne sont jamais mis au- devant de la scène. Nous ne sommes qu’une infime partie de cet ensemble qui a fait que le Barça devienne aussi respecté et admiré», a lâché modestement Guardiola. Voici pour vous l’essentiel des réponses des joueurs et entraîneurs nominés.
Xavi : A 12 ou 14 ans, pensiez-vous atteindre ce niveau ?
«Cela aurait été difficile de l’imaginer à 12 ans ou 14 ans. Nous étions loin de ce rêve. On ne pensait qu’à travailler pour améliorer notre jeu et progresser. Si cela est devenu une réalité aujourd’hui et que nous soyons tous les trois sur cette scène des nominés pour le Ballon d’Or FIFA, c’est surtout grâce à ceux qui nous ont formés au centre de formation du Barça. Il faut leur rendre un vibrant hommage, car c’est eux qui ont fait qu’on soit tous ici aujourd’hui.»
Iniesta au sujet du retour de Ronaldinho au Brésil
«Ronaldinho a laissé son empreinte à Barcelone. Personne ne peut oublier ce qu’il a apporté au club. Sa technique, ses buts et les titres qu’il a fait gagner au Barça parlent pour lui. Il a gagné deux fois la Liga, une Ligue des champions et ce n’est pas rien. On a passé de très grands moments avec lui. Maintenant qu’il a décidé de rentrer au Brésil, nous ne pouvons que le féliciter pour ce qu’il nous a apporté, tout en lui souhaitant de gagner encore d’autres titres.»
Guardiola : ce qu’il retient de l’année 2010 ?
«Ce que je retiens de l’année 2010, c’est bien sûr les titres gagnés et de l’ambiance qui a régné au sein de l’équipe. Mais aussi le fait d’avoir passé tous ces jours à entraîner des joueurs de grand talent. C’est cela que je retiens le plus. Si on a gagné, c’est que nous avons d’excellents joueurs.»
Est-ce que gagner le Ballon d’Or, c’est comme gagner la Champion’s League ?
Guardiola : «C’est Del Bosque qui devrait répondre à cette question. C’est lui a gagné les deux. Le Ballon d’Or, c’est quelque chose de très remarquable dans la vie d’un footballeur. Le fait d’être aussi nombreux du Barça, je ne sais pas si cela va se répéter de sitôt. Mais le travail de beaucoup de gens nous a permis d’être là aujourd’hui en nombre. J’espère que cela se répètera un jour, même si c’est très difficile. Car il va falloir gagner la Coupe du monde et d’autres trophées en Europe. En plus du titre national. Ce sera vraiment difficile à rééditer.»
Del Bosque : «C’est vrai que c’est un exploit remarquable d’être tous ici, en tant que représentants du football espagnol. C’est le football espagnol qui est récompensé. Le Barça a réalisé une saison exceptionnelle et les internationaux ont pu gagner aussi la Coupe du monde. C’est tellement rare qu’on ne peut éviter de le signaler. C’est notre fierté commune. Ils ont eu de bons professeurs, à Barcelone, les gens apprécient ce qui s’y fait. Les personnages de l’ombre qui bossent pour la formation des joueurs sont très importants.»
Messi : «Je ne sais pas si on peut comparer le Ballon d’Or à la Champion’s League. Pour moi, gagner la Coupe du monde est sans doute meilleur que tout.»
Messi : Que faire pour améliorer le jeu de l’équipe d’Argentine ?
«Ce qui s’est passé pendant le Mondial est derrière nous. On ne peut pas revenir en arrière. C’est sûr qu’on le regrette aujourd’hui, car on espérait aller au bout de la compétition. Mais bon, on n’y peut rien. J’ai discuté avec Batista et j’ai réagi comme tout le monde. J’ai été déçu et je compte rattraper cela dans les années à venir.»
Messi et son intégration au Barça, alors qu’il est né en Argentine ?
«Tout le monde connaît mon histoire. Cela m’a coûté beaucoup dans mon enfance. Je me suis arraché de mon pays, mon environnement, à un très jeune âge. Mais grâce à mes camarades, j’ai pu atteindre ce niveau et cette réussite de groupe. C’est à eux que va ma pensée.»
Guardiola : est-ce que le modèle du Barça est exportable ?
«Oui, c’est sûr que le travail que nous entreprenons peut être entrepris ailleurs. Nous faisons travailler les jeunes dès l’âge de 9 ans. C’est une philosophie de jeu exportable. Je suis fier d’appartenir à cette école du Barça. C’est vraiment une fierté à nous tous.»
Xavi et ses problèmes du tendon d’Achille ?
«Je ne vais pas jouer au martyr. C’est vrai que j’en ai bavé tout au long de la saison. J’avais parfois très mal, mais la flamme d’être sur le terrain et défendre les couleurs du Barça qui m’a redonné l’envie à chaque fois. C’est ce qui m’a repêché à chaque fois et m’a redonné la force de me reprendre.»
Messi au sujet de Maradona et du Mondial raté
«Monsieur Del Bosque a déjà parlé de cela. Maradona est un bon camarade. Disputer la Coupe du monde avec lui a été quelque chose de vraiment bien. Cela s’est passé sans souci entre nous.»