Messahel,hier,à Bruxelles pour la réunion de soutien et de suivi de la situation au Mali,Les rencontres nomadisent et les questions demeurent

Messahel,hier,à Bruxelles pour la réunion de soutien et de suivi de la situation au Mali,Les rencontres nomadisent et les questions demeurent
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C’est l’Union européenne qui accueille (hier 05/02) la conférence de soutien et de suivi de la situation au Mali, mais ce groupe ad hoc a été mis sur pied par l’Union africaine.

D’ailleurs, Bruxelles est la troisième rencontre du genre, les deux premières ayant eu lieu à Abidjan (juin) et Bamako (octobre). Le conclave de la capitale européenne doit, en principe, aborder des questions de grande importance. Le processus politique qui doit s’enclencher au Mali, la préparation des élections et une feuille de route de transition plus simple à dire qu’à réaliser ! Messahel y était, ça c’est ce qui est annoncé publiquement, à travers les médias. Néanmoins, les choses sont un peu plus compliquées que déclamées et le diable se cache souvent dans les détails. La réunion de Bruxelles rassemble l’Union africaine, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), les Nations-Unies les pays voisins. Pour autant, il serait naïf et même idiot de croire que ce beau monde à lui seul détient les clefs de sortie de crise, loin s’en faut. Les USA, acteurs discrets mais majeurs, et la France, puissance «intervenante» militairement, deux principaux éléments dans le Mali, ont estimé donc nécessaire de se parler à Paris à la veille de l’ouverture du magistère bruxellois. Les approches des Américains et des Français ne sont pas aussi concordantes que les diplomaties des deux pays le laissent supposer. Lors d’un bain de foule, François Hollande s’était laissé aller à annoncer que «la France restera (au Mali, Ndlr) le temps qu’il faudra ». Après avoir discuté avec le président français, Joe Biden, vice-président des Etats-Unis, dicte, pourtant, une autre conduite. Pour lui, une «force africaine sous l’égide de l’ONU est à même d’assumer l’ordre au Mali» en attendant l’avènement d’un régime démocratique, issu d’élections. Le représentant d’Obama évoquera même «une force de maintien de la paix». Est-ce la MISMA, Mission internationale de soutien au Mali, qui se muera en telle puissance d’interposition ? S’agira-t-il d’un mixage composite entre les trois formules (force africaine, maintien de la paix et Misma) ? On ne le sait pas encore, ce qui est, par contre, certain, c’est que Biden et l’Amérique signifient à Paris un refus catégorique de voir les troupes militaires françaises camper durablement au Mali. C’était là, c’est évident, le message de Biden à l’Elysée. L’Union européenne moins la France est, faut- le relever, plutôt sur la ligne tracée par les Américains. Bruxelles voit d’un mauvais œil une présence française trop visible dans cette partie du monde. Cela évoquera trop la Françafrique, le colonialisme, le Congo belge et ou français, le Gabon de Omar, le Sénégal de Senghor, les coups d’Etat permanents. La mondialisation, les intérêts US, chinois, russes et autres en Afrique imposent une autre lecture de l’intervention armée française au Mali et éclairent sur le futur de ce pays ou de ce qu’il en reste. Le Mali n’est pas encore sorti d’affaire, ni l’Algérie, d’ailleurs, pays voisin, concernée au premier chef par la situation. In Aménas l’a prouvé dans un bain de sang le 16 janvier dernier. Avoir des positions justes, c’est le cas de l’Algérie, ne suffit pas, ne suffit plus, il faut savoir et avoir les moyens de les défendre. Messahel nomadise, donc qui peut le lui reprocher ? Pour être au plus près des actions et suivre l’évolution de la situation. Bruxelles, hier, était une étape, il y en aura d’autres.

A. M.

LG Algérie