Le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a déclaré, vendredi à Washington, que le Dialogue stratégique algéro-américain représente un « nouveau jalon historique » dans les relations entre l’Algérie et les Etats-Unis.
Dans son allocution prononcée à l’ouverture des travaux de la première session du Dialogue stratégique entre l’Algérie et les Etats-Unis, tenue au siège du département d’Etat, en présence de la sous-secrétaire d’Etat américaine aux Affaires politiques, Wendy Sherman, et les représentants de plusieurs départements ministériels des deux pays, M. Messahel a expliqué les objectifs et les ambitions de ce Dialogue stratégique bilatéral, comme il a présenté les réformes initiées par l’Algérie, tout en évoquant les crises qui secouent notamment la région du Sahel et celle du Moyen-Orient.
Le ministre a observé que les relations entre l’Algérie et les Etats-Unis ont pris, ces dernières années, « une ampleur et une importance telles que leur impulsion, dans un cadre formalisé, se sont imposées naturellement, et ce, au moment où les menaces sÆétendent et les facteurs d’incertitude se multiplient dangereusement à travers le monde ».
A ce propos, il a saisi l’occasion pour exprimer la « ferme condamnation » par l’Algérie de l’assassinat de l’ambassadeur américain et de trois autres Américains lors de l’attaque du consulat de Benghazi en septembre dernier.
« Les provocations inacceptables et attentatoires aux valeurs les plus sacrées et aux croyances ne sauraient servir de justification à des attaques contre les représentations diplomatiques ou les intérêts de pays tiers », a-t-il fait valoir.
Abordant la question sécuritaire, le ministre a souligné que l’Algérie et les Etats-Unis « font face aux mêmes défis à leur sécurité » et que les menaces, le terrorisme, le crime organisé et les phénomènes migratoires « sont des réalités qui s’inscrivent dans la durée et qui appellent une action internationale coordonnée ». En conséquence, a-t-il poursuivi, « c’est tout le sens qui est donné à la concertation qui existe entre les deux pays et à laquelle les deux parties ambitionnent de conférer un caractère régulier pour répondre aux préoccupations et besoins mutuels ».
D’ailleurs, a-t-il remarqué, cette rencontre, qui intervient au lendemain de la 5eme session du Dialogue militaire conjoint algéro-américain tenue dans la capitale fédérale, « témoigne du caractère global du partenariat entre l’Algérie et les Etats-Unis ».
Dans son intervention, M. Messahel a fait également une présentation du processus de réformes initié par le président Abdelaziz Bouteflika depuis le 15 avril 2011 et qui vient conforter, a-t-il précisé, « les mutations profondes connues par l’Algérie au cours de la dernière décennie ».
Sur ce point, M. Messahel, tout en donnant un aperçu des données résultant de la démarche des autorités algériennes en matière de gouvernance, a affirmé que « l’Algérie n’a pas attendu que les tensions atteignent un point de rupture social pour entreprendre des réformes politiques et économiques ».
S’exprimant, par ailleurs, sur le partenariat économique entre l’Algérie et les Etats-Unis et les perspectives escomptées, M. Messahel a avancé que les entreprises américaines sont encouragées à tirer profit des potentialités considérables de l’Algérie, se caractérisant par un programme d’investissements publics déjà arrêté et qui devrait atteindre les 300 milliards de dollars.
A ce propos, il a insisté sur le fait que les secteurs de l’habitat, de la santé, de l’hydraulique, de l’agriculture et des nouvelles technologies doivent pouvoir trouver leur place aux côtés du secteur traditionnel des hydrocarbures.
Sur l’ensemble de la coopération entre l’ÆAlgérie et les Etats-Unis, le ministre a exprimé la ferme volonté de l’Algérie à donner une large place aux entreprises américaines, ajoutant que la réactivation de certains accords dont le Conseil algéro-américain sur le commerce et l’investissement (TIFA) viendrait renforcer cette approche.
Dans son allocution, M. Messahel a également évoqué les conflits dans la région du Sahel et au Moyen-Orient (conflit palestino-israélien et Syrie), appelant à la concertation et au dialogue. Dans ce sens, il a réitéré que l’Algérie « continue de privilégier, en toutes circonstances, et autant que possible, les solutions politiques, tout comme elle continuera d’agir avec fermeté, dans le respect de la légalité internationale, contre le terrorisme et le crime organisé ».
Concernant la crise malienne, il a considéré que la résolution du Conseil de sécurité « a fédéré les différentes approches », tout en relevant lÆimportance « de tirer les enseignements de l’histoire récente, comme en Libye, afin d’éviter tout amalgame et débordements conduisant à d’autres déchirements aux conséquences imprévisibles pour la sécurité et la stabilité de la région ».
Pour toutes ces questions qui menacent la paix et la stabilité, M. Messahel a assuré que « les Etats-Unis trouveront toujours en l’Algérie un partenaire fiable et crédible qui saura apporter sa contribution, aussi modeste soit-elle, à la consolidation de la paix dans le monde ».
Pour la question sahraouie, M. Messahel a souligné que « l’Algérie appuie et encourage les efforts de lÆEnvoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, dans son action pour rapprocher les deux parties (Front Polisario et Maroc) afin de promouvoir une solution basée sur le plein exercice, par le peuple sahraoui, de son droit à l’autodétermination ».
« L’Algérie, a-t-il ajouté, continue de croire qu’il ne peut y avoir de solution sans l’’exercice du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, droit reconnu et réaffirmé par les Nations unies et le Conseil de sécurité ».
A l’issue de son allocution, M. Messahel, dans un geste symbolique, a remis à la sous-secrétaire d’Etat américaine aux Affaires politiques, Wendy Sherman, une copie du Traité de paix et d’amitié signé entre l’Algérie et les Etats-Unis le 5 septembre 1795. Ce Traité, rappelle-t-on, avait été ratifié à l’unanimité par le Sénat américain de l’époque puis signé par John Adams, second président américain.