Des questions présumées attentatoires à la dignité des Algériens aux sujets de portée internationale et régionale dans lesquels le pays se retrouve mêlé, parfois à son corps défendant, pratiquement toutes les questions qui agitent la diplomatie algérienne, du reste très sollicitée, voire interpellée depuis quelque temps maintenant, ont été passées en revue par Abdelkader Messahel, le ministre des Affaires étrangères, jeudi, lors de son passage à la Chaîne 3.
Evidemment, les sujets de la lutte contre le terrorisme et la déradicalisation ont été les premiers sur lesquels Messahel s’est étalé pour souligner combien l’Algérie compte dans la stratégie internationale, son avis étant particulièrement sollicité dans les forums notamment ceux tenus sous l’égide des Nations-Unies dont notre pays se trouve d’ailleurs être l’un des cofondateurs de The Global Counterterrorism Forum (GCTF) qui lui a confié la coprésidence avec le Canada du comité chargé de la question du Sahel.
«Nous sommes devenus une école non seulement dans la lutte antiterroriste mais également dans tout ce qui est entrepris dans le domaine de la déradicalisation», a affirmé l’invité de la rédaction de la Chaîne 3 avant, plus loin dans son intervention, de réitérer la conviction de l’Algérie sur la relation entre le terrorisme et le banditisme, la connexion entre le crime organisé et le financement du terrorisme. Le thème de l’ingérence dans les affaires de certains pays au nom de la lutte antiterroriste a pris une large part de l’intervention du chef de la diplomatie algérienne. Une longue parenthèse pour le ministre afin d’évoquer ce qu’il appelle l’un des principes fondamentaux de l’Algérie. «On refuse de nous ingérer dans les affaires des autres tout autant que l’on refuse que les autres s’ingèrent dans nos affaires» est un fondement qui permet à l’Algérie d’être écoutée et sollicitée comme c’est le cas dans les conflits malien et libyen, «pour faire avancer la solution politique». Un principe qui n’empêche pas certains pays de tenter d’entraîner l’Algérie militairement dans certains conflits, comme le stipulent nombreuses analyses depuis quelques années, tel c’est le cas au sujet des conflits qui secouent le Sahel.
Analyses et conclusions qu’Abdelkader Messahel réfute, soulignant que l’Algérie ne subit pas de pressions puisque «tout le monde connaît notre doctrine (…) l’ANP a des missions de défense nationale, protège nos frontières, s’implique extraordinairement dans la lutte antiterroriste» mais, d’un autre côté, agrée ce qui est avancé par les mêmes analyses en confirmant que «l’Algérie apporte une contribution inestimable, elle le fait à travers la formation d’unités spéciales antiterroristes au Mali et au Niger, des soutiens logistiques à ces pays, la formation de beaucoup de cadres africains…», pour ensuite certifier que c’est l’intervention étrangère qui a donné comme conséquence le chaos que connaît la Libye et la fragilisation de la situation au Mali.
Du conflit au Sahara occidental, Abdelkader Messahel s’en tient à la position de l’Afrique réaffirmant le soutien de celle-ci à la démarche consistant à faire aboutir le processus de décolonisation à travers des négociations entre les Sahraouis et les Marocains dans le cadre de l’exercice par le peuple autochtone de son droit à l’autodétermination.
L’habituelle sérénité de la diplomatie algérienne en somme sur la question du conflit du Sahara Occidental, sérénité que le ministre a voulu afficher lorsque était évoqué l’autre sujet de l’heure, et à travers lequel certains pays et organisations veulent intenter un procès à l’Algérie : la migration clandestine et la prétendue maltraitance des migrants africains sur le sol algérien. «Les reconductions de migrants se font dans le cadre du respect de la dignité humaine et des engagements que nous avons pris avec nos voisins», a rétorqué Messahel tout en mettant «des manipulations» destinées à culpabiliser l’Algérie qui, signale-t-il, n’est pas la seule confrontée à ce genre de situation.
L’ultime sujet abordé par Abdelkader Messahel, et sans doute pas celui ayant le moins requis l’attention des auditeurs de la Chaîne 3 : la question des visas et le durcissement des formalités pour son obtention. Aux multitudes de voix considérant que les autorités des pays de l’espace Schengen notamment ont décidé de durcir leur politique d’octroi, le chef de la diplomatie algérienne oppose un avis beaucoup plus nuancé, très diplomatique en somme, se contentant de rappeler : «Nous avons des accords avec des pays européens qui touchent à tout, de la libre circulation des personnes et des marchandises (…) Il n’y a pas de représailles, les choses se passent normalement et les visas sont accordés» tout en reconnaissant qu’il y a parfois ce qu’il appelle «des dépassements» qui, a-t-il assuré, sont en train d’être gérés par les autorités algériennes «de manière à préserver la dignité humaine et la dignité des Algériens».
Az. Maktour