Le ministre de la Communication, Abdelkader Messahel, ainsi que son collègue des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, ont littéralement botté en touche hier dans leurs réponses à propos des dernières déclarations incendiaires et irresponsables du SG du FLN, Amar Saâdani.
Sa première charge fut d’abord à l’encontre du DRS : «Je l’ai dit et je le répète. Aucun département n’a le droit de s’impliquer dans la vie politique, la justice et la presse. Il faut en finir avec le pouvoir parallèle.» La seconde charge a ciblé Sellal. «Le Premier ministre n’a pas l’âme d’un politicien. Sellal n’est pas fait pour la politique.
Sur ce terrain, il est un mauvais joueur. Il devrait se contenter de son rôle dans l’exécutif.» C’est la première fois qu’un haut responsable politique s’attaque de façon aussi frontale à l’ANP et particulièrement à un corps de sécurité dont la mission consiste à protéger le pays d’éventuelles attaques externes.
A la question posée par le Jeune Indépendant de savoir si les attaques de Saâdani à l’encontre de l’institution militaire ont provoqué une gêne à l’étranger et ont eu un effet néfaste sur la diplomatie algérienne, Messahel a répondu que «la question doit être posée au SG» du parti, avant de poursuivre qu’il «s’agit du secrétaire général d’un parti politique et que le gouvernement applique et réalise le plan du président de la République».
Cependant, Messahel a laissé clairement entendre que la liberté prise par Saâdani d’attaquer le Premier ministre pose un problème pour le comité central du parti : C’est un problème qui relève d’un parti politique. Le 16 novembre prochain, il y aura la réunion du Comité central ; je suis membre de ce comité central, des questions y seront assurément posées», a-t-il ajouté encore.
Il a même laissé entendre que des comptes seront demandés à Saâdani. Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a préféré zapper la question. Il n’a pas voulu s’exprimer, craignant peut-être une mise en garde du président Bouteflika qui, faut-il le rappeler, a fait main basse sur la politique étrangère depuis son intronisation à la magistrature suprême en 1999.
Qu’estce qui fait donc courir ainsi l’ancien président de l’APN ? Pourtant, le bonhomme traîne plusieurs casseroles, à commencer par son diplôme falsifié ainsi que les soupçons de détournement d’argent du programme agricole (FNDRA) qui pèsent sur lui.
Il est vrai que le monsieur avait répondu à la question le jour de son intronisation à la tête du FLN, quand il a soutenu que «ces soupçons n’ont rien de réel» et que «si quelqu’un a une preuve de son implication ou qui possède un document prouvant qu’il a des biens, il les lui cédera volontiers». Difficile en effet de contredire les propos du SG du FLN. Il aurait tout aussi bien déclaré ses biens au nom d’une tierce personne.
Mais Sellal, qui demeure pour l’instant le maillon faible, sait encaisser les coups et répondre aux attaques. Réponse du berger à la bergère.
Le Premier ministre a répondu directement au SG du FLN, l’accusant même de vouloir un changement dans l’anarchie : «Le changement est nécessaire mais pas dans l’anarchie», lui répond-il. Sellal ne le dit pas ouvertement mais il semblerait que le qualificatif d’anarchiste est tout indiqué pour coller à la peau du SG du FLN.
Après une éclipse qui a duré quelques années, le nouveau SG du FLN, qui souffre d’un énorme complexe par rapport à ses deux prédécesseurs Ali Benflis et Abdelaziz Belkhadem, entend imposer son empreinte. Fort du soutien du clan présidentiel, il ne se prive pas ainsi d’asséner ses vérités, légitimes, d’ailleurs.
Est-ce le moment de régler ses comptes avec l’institution militaire ou d’affaiblir le gouvernement à la veille de l’élection présidentielle ? Son impertinence le pousse à tirer sur une institution alors que la situation sécuritaire aux frontières du pays est réellement préoccupante.
Hocine Adryen