Message du Président Bouteflika au 2e Sommet de Séoul sur la sécurité nucléaire

Message du Président Bouteflika au 2e Sommet de Séoul sur la sécurité nucléaire

Le Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a adressé un message aux participants au 2e Sommet sur la sécurité nucléaire qui se déroule à Séoul, en Corée du Sud. Le message a été lu au nom du Chef de l’Etat par le président du Conseil de la nation, M. Abdelkader Bensalah, hier dans la capitale sud-coréenne. Voici l’intégralité du message du Chef de l’Etat :

«Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les chefs d’Etat et de gouvernement, Excellences, Mesdames et Messieurs,

Je voudrais vous exprimer, tout d’abord, Monsieur le Président, mes chaleureuses félicitations pour l’organisation de ce Sommet. Je suis porteur également des salutations du peuple algérien au peuple ami de la République de Corée. L’Algérie est profondément inspirée par les avancées considérables du peuple sud-coréen dans les domaines socioéconomiques et technologiques.

Monsieur le Président,

La sécurité nucléaire est aujourd’hui un défi à relever à plus d’un titre. D’abord, en raison du risque d’une utilisation criminelle des matières et installations sensibles. Ce risque est aggravé par la montée en puissance d’acteurs non étatiques s’inscrivant dans la mouvance terroriste. Cela nous engage à tout mettre en œuvre pour prévenir ou mettre en échec toute tentative d’appropriation illicite d’équi- pements ou de matières nucléaires ou radiologiques. Ensuite en raison du fait que les catastrophes naturelles peuvent engendrer également des accidents nucléaires dévoilant, comme ce fut le cas de Fukushima, la vulnérabilité des installations nucléaires et l’impact funeste qui en découle sur la population et l’environnement. Dans ce processus d’évaluation et de renforcement des mesures convenues lors du premier Sommet, le secteur des technologies de l’information et de la communication mérite toute notre attention, car l’essor sans précédent de ces technologies dans lequel le public et le privé, le licite et l’illicite s’entremêlent, rend l’éventualité d’un emploi maléfique de ces technologies très plausible. Nous devons promouvoir une prise de conscience des enjeux de la problématique de la sécurité nucléaire par l’opinion publique. L’opinion publique doit être persuadée que nos actions sont réalistes et mettent en place une capacité d’anticipation et de prévention indispensables à la sécurité de tous. Même si les risques de terrorisme nucléaire ou radiologique demeurent du domaine de la conjecture, leurs conséquences seraient tellement dévastatrices qu’il serait irresponsable de ne pas faire l’essence de toute stratégie de sécurité nucléaire. Nos préoccupations en matière de sûreté et de sécurité nucléaires nous incitent à recourir individuellement, en tant qu’Etats souverains, à une gamme de mesures à la fois diversifiées et cohérentes. Les mesures convenues à Washington en 2010 ont connu, depuis cette date, une mise en œuvre accélérée par les Etats membres du Sommet. Il faut se réjouir des progrès que nous avons accomplis par le biais d’actions nationales ou régionales, et collectivement, dans le cadre de l’Orga- nisation des Nations unies, de l’Agence internationale de l’énergie atomique, de l’Organisation internationale de la police criminelle et de l’Organisation mondiale des douanes.

Monsieur le Président,

En Algérie, nous nous sommes engagés résolument dans le renforcement de notre système interne de sécurité nucléaire. Dans le rapport de l’Algérie, vous avez pu mesurer l’étendue des actions engagées aux plans national et régional, depuis le premier Sommet, pour la mise en œuvre du Plan d’Action de Wa- shington. En procédant à la ratification de la Convention des Nations unies sur la répression des actes de terrorisme nucléaire, l’Algérie a parachevé son processus d’adhésion aux instruments juridiques internationaux de sécurité nucléaire se rapportant aux actes de terrorisme nucléaire et à la protection physique des matières et installations nucléaires. Je voudrais saisir cette occasion pour annoncer l’initiative de l’Algérie de se doter d’un Centre d’excellence de formation et d’appui à la sécurité nucléaire. Cette initiative est fondée sur notre conviction qu’aucun système de sécurité nucléaire ne peut être fiable et efficient sans une ressource humaine adéquatement préparée à assurer la mise en œuvre et la pérennité de ce système. Ce Centre d’excellence aura une vocation régionale. Il est prévu pour contribuer à la formation de professionnels de la sécurité nucléaire pour les pays intéressés du continent africain et du monde arabe. Il s’inscrit également dans une perspective de renforcement du processus de mise en œuvre du Traité de Pélindaba faisant de l’Afrique une zone exempte d’armes nucléaires.

Monsieur le Président,

Nous nous associons à ceux qui estiment que les mesures à prendre en matière de renforcement de la sécurité des installations et matériaux nucléaires à usage civil et militaire sont indissociables. Elles doivent s’appliquer à toutes les installations nucléaires et s’insérer dans un régime international cohérent et global. Je souhaite plein succès à nos travaux et vous remercie de votre attention».

M. Bensalah plaide pour l’intensification de la coopération mondiale dans le domaine

Le président du Conseil de la nation, M. Abdelkader Bensalah, a appelé hier à Séoul, à intensifier la coopération au niveau mondial dans le but de consolider la sécurité nucléaire. Intervenant lors du déjeuner de travail au deuxième et dernier jour du sommet, M. Bensalah a mis l’accent sur le développement de mécanismes «efficients» à même d’assurer la sécurité nucléaire et de se prémunir des dangers éventuels du terrorisme nucléaire et d’autres actes criminels. Il a indiqué que l’activité nucléaire présente des dangers pour l’humanité, estimant à ce titre qu’il est nécessaire d’œuvrer pour la sécurité nucléaire, laquelle demeure un «défi difficile à relever» en matière de sécurité et de sûreté nucléaire du fait de l’accident de Fukushima au Japon en 2011, a-t-il dit. Il a ainsi appelé à prendre les mesures précises afin d’éviter que des catastrophes similaires à celle de Fukushima se reproduisent.

Le sommet accorde à l’AIEA le «premier rôle» pour renforcer la sécurité dans le monde

Le 2e Sommet sur la sécurité nucléaire a recommandé hier à Séoul (Corée du Sud) d’accorder à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) le «premier rôle» dans le renforcement de la sécurité nucléaire dans le monde. Tout en saluant le travail mené par l’AIEA, le communiqué final du sommet, en 13 points, valorise le rôle de l’Agence, laquelle est invitée à poursuivre ses efforts et aide en faveur des différents pays pour prévenir de manière «efficace» le terrorisme nucléaire et assurer la sûreté nucléaire. Le document met également l’accent sur la menace «potentielle» du terrorisme nucléaire en faisant une comparaison avec la catastrophe de Fukushima (Japon), laquelle a mis à nu l’étendue et la gravité des dommages potentiels que pourraient provoquer des actes de sabotage ou attaques terroristes. En ce sens, le communiqué final établit un lien entre la sécurité nucléaire et la sûreté nucléaire, encourageant ainsi les efforts de l’AIEA, qui a toujours évoqué la sûreté et la sécurité nucléaires de manière cohérente et appelé à des usages «sûrs et pacifiques» de l’énergie nucléaire. Après la catastrophe nucléaire de Fukushima, les appels à l’AIEA se sont multipliés pour des inspections plus rigoureuses et pour une meilleure coopération et gestion de crise parmi les régulateurs nucléaires dans le monde entier, relève le document. Le communiqué final encourage aussi les Etats à réduire l’usage d’uranium con-tenu dans les armes d’ici à la fin de 2013, réitérant l’appel des participants au sommet à sécuriser tous les matériaux nucléaires vulnérables. Le même document se félicite aussi des progrès «substantiels» enregistrés dans les engagements politiques des Etats participants. Le sommet de Séoul en est à sa deuxième édition, après celui tenu en 2010 à Washington où l’attention avait été portée sur la sécurité des matériaux fissiles et la protection contre le terrorisme nucléaire. Le Sommet de Séoul a ainsi permis d’évaluer ce qui a été accompli durant les deux dernières années après les engagements pris lors de la rencontre précédente à Washington, les actions entreprises consistant toujours à contrer la menace du terrorisme nucléaire et le trafic illicite. Le prochain sommet biennal sur la sécurité nucléaire est prévu aux Pays-Bas en 2014.