Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a adressé dimanche un message à l’occasion du 50ème anniversaire de la fête de la victoire dont voici une traduction APS.
Le cinquantième anniversaire de la fête de la victoire intervient cette année dans un contexte de changements profonds que connaît le pays et qui portent sur tous les aspects de la vie des citoyens et des institutions de la République. Pour autant, ce cinquantenaire de la victoire constitue une halte pour tirer les enseignements et définir les valeurs qui guideront nos pas à travers le temps.
Un des plus glorieux jours de l’histoire d’Algérie et un des plus mémorables et plus chers à nos coeurs car il symbolise la réalisation du rêve caressé pendant de longues années et la concrétisation de l’espoir de salut pour lequel des
générations ont enduré et supporté le poids d’innombrables et indéfinissables
souffrances et pour lequel encore d’autres ont opposé une résistance opiniâtre
et livré des batailles sans trêve et sans merci à l’occupant depuis que ce dernier à foulé la terre d’Algérie.
Le 19 mars 1962 marque la renaissance d’une patrie séculaire profondément enracinée dans l’histoire par son authenticité, ses valeurs et sa civilisation. Il renvoie à l’affranchissement du pays d’un joug imposé qui a réduit ses horizons en lui imposant d’autres qu’il a toujours refusés farouchement d’admettre comme une fatalité irrévocable.
Le 19 mars est l’accomplissement de la destinée, la fin d’une épreuve qui a duré plus d’un siècle. Un jour mémorable car il nous renvoie à la douleur que notre peuple a subie dans sa chair mais aussi au combat féroce qu’il a livré pour voir arriver à ce jour et pour le façonner de la manière dont il se décline aujourd’hui.
Rares sont les peuples qui entretiennent cette même signification de la victoire que la notre. Une signification que seuls les esprits haineux nous dénieront.
Nos opinions et vues peuvent certes diverger mais à la veille de notre fête nous devons former un seul front uni car c’est le choix sublime adopté par nos aînés jusqu’a l’avènement de la génération de Novembre. Seul ce choix nous rassemble, nous donne conscience de notre unité et de notre fierté d’Algériens et dans le même temps nous guide dans l’accomplissement de notre devoir en toute circonstance.
Aussi devons-nous reméditer tous ces actes de bravoure et tous ces sacrifices consentis pour la patrie et qui furent le gage de sa victoire. Nous devons évoquer également autant d’hommes et de femmes parmi les enfants d’Algérie, qui, dans le pays et dans l’exil, ont donné leur vie pour la patrie et qui ont consenti des sacrifices indicibles pour réaliser leur plus belle Victoire. Célébrer la victoire ne doit toutefois pas être réduit à une vaine commémoration circonstancielle. Il ne s’agit plus en effet d’une simple interrogation du passé glorieux d’autant de martyrs et de courageuses victimes car l’heure est au questionnement de soi et à la reconsidération de notre fidélité et notre reconnaissance à leurs sacrifices. Il s’agit surtout d’envisager tout ce que nous devons entreprendre pour remplir nos obligations vis-à-vis de cette victoire et de voir si aujourd’hui, comme les artisans de la victoire, nous faisons primer les principes et les orientations judicieuses pour que nos actes et nos réalisations parlent pour nous en tout temps et en tous lieux
La victoire a été le fruit d’une interaction singulière entre les éléments de l’acte libérateur, dans laquelle le fusil et la politique se côtoyaient et se complétaient, nourris par le dévouement de tout un peuple. Par cette entreprise exceptionnelle et constructive, la révolution algérienne a adopté une position ferme dans les fora internationaux qui lui a permis d’avancer avec constance et de tenir face aux complots et autres machinations ourdis contre elle.
Nous ne pouvons que féliciter l’Algérie en cette journée mémorable de victoire et à chaque occasion qui nous renvoie à cette expérience riche d’enseignements et empreinte de valeurs propres aux Algériens qui ont su arracher leur droit plein en se référant aux orientations de la Déclaration du 1er novembre et autres repères consacrés, par la suite, par les institutions de la guerre de libération.
Il est également de notre devoir, en ce cinquantième anniversaire de la Fête de la victoire, de procéder à une autoévaluation pour juger si par nos actes nous oeuvrons à la préservation de l’esprit de ce Jour et si nous pouvons réussir à le perpétuer dans le temps.
Je reste convaincu qu’il n’y a point de contradiction entre l’attachement aux références originelles de libération et les exigences de changement dans le cadre de la réforme. La victoire est une valeur qui doit demeurer la référence dans toute démarche que nous entreprenons. En léguant cette valeur aux générations montantes,nous nous serions acquittés d’une des missions qui nous sont dévolues. Il est évident à mon sens que cinq décennies après l’affranchissement, nous sommes en mesure d’analyser objectivement ce que nous avons pu réaliser.
Et quoi qu’on en dise, je puis affirmer que les hommes qui ont poursuivi l’action après la victoire et les jeunes de l’indépendance étaient à la hauteur des enjeux et ont pu composer avec les exigences de la victoire. Ils ont en effet réussi à asseoir des institutions d’Etat dans un contexte difficile découlant d’une situation naturelle et, en partie, provoquée.
La volonté qui a mené ces hommes et ces femmes à la victoire est celle-la même qui les a incités à construire et qui leur a permis de transcender les difficultés de la période transitoire et les entraves à la mise en place desinstitutions. Cette volonté leur a également permis de panser les blessures, d’éliminer les manifestations de la misère et de s’engager dans la construction d’un nouveau tissu algérien.
Il va sans dire que dans le climat actuel de dialogue, de débat contradictoire, de liberté et de réforme, nous nous devons de saluer tous les efforts consentis durant les cinquante dernières années de victoire dans la construction, l’édification et le façonnement de la nouvelle Algérie. Des efforts d’autant plus méritoires au regard du dénuement et des privations qui prévalaient durant la colonisation ainsi que de tous les fléaux qui accablaient le peuple.
Nous admettons assurément les erreurs qui ont émaillé le processus de construction, mais nous ne pouvons nier les réalisations qui ont été la meilleureréponse à ceux qui d’avance ont parié sur un échec ou encore à autant d’autres calculateurs.
Dans ce contexte, nous pouvons affirmer sans ambages que chaque étape positive que nous avons parcourue s’inspirait de la lutte nationale et de la victoire à laquelle elle a abouti. C’est la portée de cette lutte nationale qui se perpétue d’une génération à l’autre qui nous a aidés à triompher des épreuves et des malheurs qui ont frappé la nation et la patrie durant la décennie de sang et de douleur Nous savions pertinemment que la victoire s’arrachait au prix fort que nous avons payé préalablement. Nous devons à présent prouver dans tous nos actes que nous en sommes dignes en allant de l’avant dans l’approfondissement du processus de réformes.
Je peux m’exprimer aisément à ce propos maintenant que le projet de réforme de la justice qui figurait parmi les priorités nationales a bien avancé aux plans structurel, juridique et humain. Le pouvoir judiciaire sera dans les prochains jours face à une responsabilité nationale qui mérite que l’on s’y arrête car pour la première fois il incarnera le rôle de surveillant impassible des prochaines élections législatives, première phase du processus de réforme global. Les instruments juridiques nécessaires à cette démarche ont été mis en place et les résultats seront palpables à partir des élections législatives.
Je peux affirmer de nouveau que la réforme que nous visons et qui implique la justice pour veiller sur son intégrité et sa transparence, est une réforme nationale et une étape naturelle dans l’édification de la nation aprés que les bases matérielles essentielles eurent été consacrées et le niveau de vie des citoyens amélioré. Nous comptons mener ce processus en tenant compte de notre intérêt national, progressivement et de façon constructive sans tourner le dos aux développements en cours.
Les prochaines élections législatives pour la supervision desquelles des magistrats compétents ont été choisis constituent la grande épreuve de cette démarche ce qui amène à appréhender avec une mentalité nouvelle et de façon plus mûre le sens de la députation, de la représentation parlementaire et du rôle national et local du député.
Si dans le passé la priorité exigeait que le pouvoir législatif soit investi de fonctions précises et déterminées, il est aujourd’hui face à une nouvelle réalité et un environnement politique et social nouveau fondé sur des concepts et des règles dictés par la nouvelle mission.
Le candidat à cette haute responsabilité doit réfléchir longuement sur ce que ce qui est attendu de lui et sur la portée du privilège que lui offre sa mission. Il est ainsi plus que jamais face à une responsabilité qui lui commande d’assurer des résultats effectifs tant au niveau de l’espace géographique qu’il représente qu’au niveau national.
J’ai tout espoir que les prochaines élections verront une participation massive des enfants de la nation avec autant d’engouement et d’enthousiasme qui avait poussé ces derniers un certain jour de 1962 à exprimer leur voix lors du referendum sur l’autodétermination.
Tout comme j’ai grand espoir que la femme algérienne qui était à l’avant garde des événements les jours de victoire et durant la lutte pour la victoire, fera montre de son mérite et de sa position lors de ces élections aussi bien en tant qu’électrice qu’élue. Ses acquis dans les domaines scientifique et professionnel notamment justifient sans aucun doute sa présence en force au sein des institutions constitutionnelles et des structures locales élues ce qui est de son droit mais aussi de son devoir.
Bonnes célébrations.