Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika a adressé un message à la veille de la célébration de la journée mondiale de la femme coincidant avec le 8 mars. Voici une traduction APS du texte intégral.
« Mesdames, L’Algérie célèbre cette année la journée mondiale de la femme dans une conjoncture particulière marquée par la mise en oeuvre des réformes visant à approfondir le processus démocratique. Cette rencontre que nous avons consacrée, constitue une halte privilégiée pour l’évaluation des progrès réalisés avant de s’engager dans les prochaines opérations.
Il ressort à travers les indices de développement du pays que les politiques publiques adoptées par l’Etat dans les domaines politique, économique et culturel ont permis d’améliorer la situation sociale et économique des citoyens en général et celle de la femme en particulier.
Les fondements de notre politique en matière d’éducation basée sur le principe de gratuité et du caractère obligatoire de l’enseignement ainsi que les efforts déployés pour la réalisation de centres et structures de formation tous cycles confondus ont permis de lever définitivement les obstacles qui entravaient la scolarisation des filles et leur accès à l’enseignement supérieur y compris dans les régions éloignées du pays.
L’Algérie peut aujourd’hui s’enorgueillir du taux de scolarité des filles et de leur réussite comparativement aux garçons dans le cursus universitaire, et ce, grâce à la réalisation de 2000 lycées au niveau de 1541 communes et 98 établissements d’enseignement supérieur à travers 48 wilayas. Pour celles qui n’ont pas pu étudier en temps opportun, il a été mis en place des programmes d’alphabétisation et de formation dans certains métiers notamment au profit des femmes des régions rurales et celles au foyer.
Il n’aurait pas été possible pour l’Etat de relever seul ce défi qui allait permettre à la femme d’accéder au savoir, sans l’adhésion des familles, femmes et hommes dans cette entreprise. La formation de la femme dans notre pays procède d’une conviction profonde partagée aussi bien par l’Etat que par la société et qui puise sa source dans notre histoire.
« La mère étant la première école », les écoles libres se sont ainsi chargées de l’enseignement gratuit des filles durant la période coloniale et ont accompli un rôle prépondérant et avéré même si elles furent peu nombreuses à l’époque.
S’il est certes vrai que l’on ne peut se substituer à la femme dans la bonne gestion de la cellule familiale, un rôle qui prolonge la mission de l’école, nous ne devons toutefois pas oublier que ce dernier, attribué par nos predessesseurs, a souvent été limité au cadre du foyer.
La lutte menée par la femme notamment durant la guerre de libération nationale lui a permis de jouer un rôle non des moindres dans le recouvrement de la liberté et de la souveraineté. Ce devoir qu’elle a parfaitement accompli au service de sa société, elle continue de l’assumer en participant à l’édification nationale et est appelée aussi bien aujourd’hui que demain à relever d’autres défis.
Pour consolider ce legs dont elle est fière, l’Algérie a prévu dans sa constitution une série de principes et mis en place les cadres législatifs et réglementaires adéquats permettant à la femme d’assumer ses devoirs et d’exercer pleinement ses droits et dans tous les domaines.
Le nombre croissant de femmes dans les différents domaines d’activité confirme l’impact positif des politiques de formation, d’emploi et de protection sociale en direction de la femme. Celles-ci lui ont permis d’apporter une contribution
précieuse à la vie économique. Les codes de la famille et de la nationalité ont également été amendés grâce à une volonté politique clairement affichée dans un souci d’asseoir davantage d’équilibre au plan des relations familiales.
Dans le même contexte est intervenue la consécration du principe d’élargissement de la participation de la femme au sein des assemblées élues en vertu du nouvelarticle de la Constitution. Cela constitue une modernisation véritable de la vie politique amorcée à travers la constitution. Désormais, il n’est plus question d’un simple principe mais d’un principe global qui sera concrétisé par l’ensemble des citoyens et citoyennes.
Le principe des quotas énoncé dans la loi sur l’élargissement de la participation de la femme au sein des assemblées élues a connu un large débat à travers lequel la consécration d’un quota à la femme pouvait être considérée comme une distinction de cette catégorie en tant que minorité. Il était cependant impératif de commencer par l’ancrage de ce principe afin de permettre la consolidation de la présence de la femme dans les instances élues.
Viendra le jour où la responsabilité sociale incombera à la femme partant du rôle qu’elle joue au sein de la société d’une part, et en fonction du taux qu’elle représente au plan démographique d’autre part. En attendant ce jour qui ne saura tarder d’ailleurs au regard de l’évolution que connaît notre société, l’Etat assume pleinement ses responsabilités constitutionnelles.
La loi organique adoptée contribue à la finalisation du dispositif juridique national qui place la promotion et la protection des droits de la femme au cœur même des objectifs et programme de la politique nationale de développement.
Il existe en effet, et il est nécessaire qu’il ait une étroite relation de complémentarité entre les politiques publiques suivies par le gouvernement et les réalisations accomplies dans le cadre du développement. C’est grâce à cette conciliation seulement que nous parviendrons à réaliser les objectifs arrêtés.
Le progrès que nous célébrons aujourd’hui est susceptible d’aider à faire évoluer les mentalités et par conséquent, faciliter la participation de la femme au développement de la Nation dans l’harmonie et avec la collaboration de tous les membres de la société. Il s’agit donc de se hisser vers une société qui sera régie par la répartition des responsabilités, des droits et devoirs.
Cette date choisie pour l’évaluation du processus engagé représente une opportunité qui laisse se dessiner de nouvelles perspectives pour accompagner l’évolution de notre société par les institutions et la classe politique. Le gouvernement se doit d’arrêter les mesures à prendre pour atteindre les objectifs escomptés dans les toutes prochaines années.
Il importe d’affirmer que la loi et l’action du gouvernement ne sauraient suffire à elles seules pour la réalisation de ces objectifs. La femme et les associations au sein desquelles elle milite devront prendre des dispositions concrètes pour imposer le respect de leurs droits et permettre le total accomplissement de leurs devoirs Le pays a besoin, aujourd’hui plus que jamais, de l’ensemble de ses enfants pour pouvoir relever les défis auxquels il est confronté. La revendication d’autonomie, d’égalité et de dignité pour tous les citoyens ne saurait se concrétiser sans la conjugaison des efforts de tous.
La journée mondiale de la femme intervient cette année dans un contexte singulier. Cette année, l’Algérie fêtera en effet le cinquantenaire du recouvrement de sa liberté et de sa souveraineté en marquant, à l’orée de son cinquante et unième anniversaire, son engagement sur la voie de la solidarité, de la fidélité et de l’unité nationale. Un événement à la gloire de l’Algérie et de la femme algérienne et pour l’occasion, l’heure sera au souvenir et à la commémoration. Les générations évoqueront les vaillantes Chahidate et rendront hommage à des Moudjahidate qui n’ont point failli, à des femmes qui se seront dressées comme un rempart contre tous les dangers qui ont menacé le pays.
Une halte historique que les Algériens et Algériennes mettront à profit pour repenser leur patrie libre et se lancer doucement mais très sûrement dans l’entreprise grandiose de construction.Un moment où tout un chacun est à l’épreuve de la mémoire et de la reconnaissance, pour méditer sagement sur le passé, se comporter en toute sérénité avec le présent et envisager l’avenir avec de grandes espérances.
Les fleurs offertes à la femme en cette journée témoignent de notre reconnaissance et de notre gratitude et les discours prononcés à cette occasion un hommage au rôle de celle que nous considérons comme un élément fondamental de la société. En réalité la femme incarne toute la société et il n’est point exagéré de dire qu’elle est l’essence même de cette société. Placer la femme en position d’acteur agissant de la société ne constitue guère une faveur mais découle de la consécration des lois et de la consolidation du principe que la femme n’est pas l’antagoniste de l’homme pour lequel ont milité les esprits convaincus.
Nous avons entrepris récemment des réformes politiques que nous avons jugées nécessaires pour l’Algérie.Ces réformes ont porté sur les principaux axes de la vie politique favorisant, au sein de la société, une dynamique à même de faire progresser l’expérience démocratique dans notre pays et d’encourager la classe politique à mieux composer avec la volonté des Algériens et Algériennes d’aller vers une opinion plurielle et diverse et consacrer l’égalité des chances dans la compétition électorale.
A travers ces réformes nous envisageons de poursuivre notre cheminement sur la voie de la protection, la promotion et la diffusion des droits de l’homme et le développement de la société avec le concours de toutes les institutions notamment les organisations de la société civile en tant que mécanismes de reformes et acteur essentiel dans la gestion des questions intéressant la société et le façonnement de l’opinion publique notamment à travers le dialogue constructif, la sensibilisation, l’instruction et l’orientation en direction de toutes les catégories de la société.
La réforme qui a également porté sur les partis, épine dorsale de la vie politique, dénote de notre conviction en le rôle majeur que ces derniers sont appelés à jouer pour faire respecter les règles de l’exercice démocratique, les institutions constitutionnelles et l’opinion de l’autre, qu’ils soient dans le pouvoir à la faveur d’élections libres et intègres où dans l’opposition où ils assument une mission de contrôle.
La liberté et l’indépendance de la presse comptant parmi les libertés collectives et les droits de l’homme dans une société résolument tournée vers le pluralisme sous toutes ses formes, et étant donné que la liberté de la presse représente plus qu’un privilège, un droit pour les membres de la corporation et à travers eux pour l’ensemble des citoyens, il est désormais impératif d’ouvrir grand la voie devant les médias pour en faire un véritable outil de critique constructive au service de la société et du pays dans le cadre de l’éthique professionnelle et du respect des spécificités.
En effet, les lois sur l’Information, les partis politiques et les associations, le code de wilaya ainsi que la loi portant élargissement de la participation politique de la femme aux assemblées élues garantissent aux citoyens davantage de liberté et confortent leurs droits notamment en ce qui concerne la liberté d’opinion et d’expression, l’action politique et associative et le rôle de la femme sur la scène politique. Toutes les stratégies, plans et programmes adoptés par notre pays pour la promotion du rôle de la famille et de la femme visent en effet à assurer l’autonomisation de la femme, diffuser la culture de la parité et consacrer l’égalité des chances entres citoyennes et citoyens.
Ils tendent également à permettre à l’Algérie d’honorer ses engagements pris dans le cadre de conventions et chartes internationales relatives à la protection de la femme et à la consolidation de sa participation dans divers domaines.
Nonobstant toutes ces initiatives susceptibles d’accélérer le changement pour un avenir meilleur, beaucoup de travail reste encore à entreprendre à tous les niveaux, notamment celui de la société civile et des associations féminines pour créer un climat propice à la participation qui constitue l’essence même de la démocratie. Aussi les femmes sont-elles invitées à exercer leurs droits avec détermination tout au long du processus électoral pour se mettre à la hauteur de la mission qui leur est dévolue en matière de modernisation de la société.
Cette échéance est différente des précédentes, c’est pourquoi la femme se doit de reprendre sa place vitale par le biais des urnes et exprimer, ainsi, ses aspirations et sa ferme détermination à aller de l’avant dans l’approfondissement du processus démocratique pour une mise en oeuvre appropriée des dispositions de la Constitution relatives aux droits et devoirs des citoyens conformément à nos sublimes valeurs d’égalité entre tous