On a tous été frappés par le courage dont vous avez fait montre après la perte de vos parents. D’où vous vient cette force ?
Même si d’apparence je donnais peut-être l’impression de rester fort, je ne vous cache pas que ç’a été très dur à vivre. Mais il fallait bien trouver les ressources nécessaires dans de tels cas pour positiver. En fait, je ne voulais pas gâcher le travail qu’ils ont fait dans notre éducation. Parce que tout ce que j’ai pu faire à ce jour, c’est grâce à eux. Si je baisse les bras et que je décide de tout arrêter, cela voudrait dire que je ne veux pas donner une bonne image de mes parents. C’est eux qui m’ont appris à ne rien lâcher dans la vie et c’est ce que j’ai fait. Je suis sûr qu’ils seront fiers de moi.
Est-ce qu’on vous a appelé pour vous donner les détails de l’annulation du stage passé ?
Non, on m’a juste envoyé un message pour me dire que c’était annulé.

Comment prenez-vous personnellement cette annulation, sachant qu’un match très important vous attend au mois de mars contre le Maroc ?
C’est vrai que c’est un peu difficile, dans la mesure où on aurait aimé se revoir avant d’affronter le Maroc, histoire de resserrer les liens entre nous et goûter une fois de plus à l’ambiance de la sélection, mais aussi avoir un match ensemble dans les jambes. Mais bon, il faudra faire avec et tenter de rester concentré en travaillant chacun dans son club, pour être au top individuellement. De toutes les façons, on n’a pas trop le choix. Il faut qu’on fasse tout pour être fin prêts contre le Maroc.
Et comment être prêt lorsqu’on ne se connait pas assez et que la machine d’ensemble n’a pas été suffisamment huilée ?
Oh, vous savez, ça vient tout seul, à vrai dire.
On va encore faire dans l’approximation, à l’algérienne d’avant ?
Nooon ! Pas du tout ! Si vous mettez les joueurs de qualité, normalement, ça devrait être facile de trouver les repères. De toutes les façons, on est obligés de faire avec et c’est à nous les joueurs de tenter de nous trouver malgré le manque que vous évoquez.
Vous n’avez jamais joué avec certains de vos coéquipiers des Verts qui étaient absents contre le Luxembourg. Vous croyez que les automatismes vont tomber du ciel ?
Tout ce que je sais, c’est que ce match sera spécial et, de ce fait, il faudra tenter de trouver les forces mentales qui pourront pallier ces manques. Quand on est sur le terrain et que le match s’emballe, si le mental est là, forcément les automatismes seront là. C’est sur cela qu’on devra se baser pour arracher les trois points du match.
Vous pensez donc que c’est un match qui se jouera d’abord dans la tête ?
Oui, je crois que ce match se jouera avant tout au mental. Parce que, avec le public qui nous soutiendra à fond, l’enjeu et la qualité de l’adversaire, c’est sûr que c’est le mental qui fera la différence dans ce match. Mais en même temps, on ne doit pas compter uniquement sur cela. Il faudra aussi produire du beau jeu, si possible et gagner surtout les trois points de ce match.
Avez-vous des copains marocains avec qui vous parlez de ce match ?
Oui, je discute beaucoup avec quelques potes marocains, comme mon coéquipier Hassan Alla. On se chambre entre potes, mais sans plus. Il n’y a aucune tension entre nous, bien au contraire. On se respecte beaucoup pour arriver au stade de ce qui s’est passé avec les Egyptiens. Non, ça n’arrivera pas avec nos frères marocains.
Et qu’est-ce que vous vous dites entre vous pour vous chambrer ?
Non, rien de spécial. Juste qu’ils ont hâte d’y être pour tenter de nous battre et se démarquer au classement.
Quand on y pense bien, on constate que l’Algérie n’a pas marqué le moindre but en match officiel, depuis la CAN 2010 et la victoire face à la Côte d’Ivoire. N’est-ce pas une vraie malédiction ?
C’est sûr que si on annule en plus les matchs comme celui qui vient de passer, ça va être encore plus difficile de marquer (il sourit).
Tout le monde s’attendait que les Verts arrivent à marquer au moins un but contre le Luxembourg, mais là encore…
Non, je pense qu’on a rendu une bonne copie face au Luxembourg. Après, c’est vrai qu’il nous a manqué ce but qui aurait pu nous donner un peu plus confiance. Mais le plus important, c’est d’avoir fait le jeu et de s’être créé plusieurs occasions de buts. Ce n’est pas inquiétant. Il ne faut pas dramatiser. Si on n’a pas marqué dans ce match, ce n’est pas la fin du monde, car le plus important est de marquer face au Maroc.
Vous aurez de sérieux clients face au Maroc, comme Chamakh, Boussoufa et le reste…
Oui, je sais, mais eux aussi savent qu’ils auront de sérieux clients en face. Franchement, on n’a pas à se plaindre avec le nombre de bons joueurs dans notre équipe. Surtout que la plupart recommencent à jouer aujourd’hui et se présenteront avec plusieurs matchs dans les jambes. Je pense notamment à Karim Ziani qui est un joueur très important dans l’équipe et qui est en train de retrouver son vrai football en Turquie. Eh bien, voilà, on donnera le maximum et on essaiera de ne rien lâcher jusqu’au bout.
Avec quels joueurs de l’EN avez-vous gardé le contact après le stage du Luxembourg ?
Avec Riad (Boudebouz) que je connaissais un petit peu avant, mais là, les liens se sont renforcés un peu plus. On s’appelle souvent, on rigole un peu, on se charrie… Medhi (Lacen) aussi, Carl (Medjani), Raïs (Mbolhi) aussi… Il y a des liens qui se sont créés depuis le Luxembourg.
Pas avec les anciens ?
Si, Karim Ziani aussi, je parle un peu avec lui de temps en temps par téléphone. Mais les autres, je n’ai pas eu le temps de prendre leurs coordonnées. Je suis sûr que ça viendra lors de nos prochaines retrouvailles.
On vous pose cette question, parce que de l’extérieur, on peut penser qu’il n’y a pas encore cette osmose entre les anciens et les nouveaux venus. Pensez-vous, franchement, qu’il n’y a pas de groupes distincts entre les anciens et les nouveaux ?
Franchement, moi, ce que j’ai vu de l’intérieur lors du dernier stage, c’est qu’il y a un groupe de qualité et que tout le monde a envie de réussir quelque chose ensemble et qui veut surtout tourner la page de la Coupe du monde. J’ai rencontré des gens très motivés, que ce soit parmi les anciens ou les nouveaux. Tout le monde est très sérieux et impliqué dans le travail. Hamdoullah, ça s’est très bien passé et on verra bien pour la suite, inchallah.
Le public algérien a comme l’impression que l’EN a été un peu lâchée par les pouvoirs publics, surtout avec l’annulation du dernier stage. N’est-ce pas le sentiment des joueurs aujourd’hui ?
Je ne sais pas vraiment. Moi, je viens juste d’arriver. Je suis nouveau dans cette équipe et je ne peux pas vraiment ressentir ces choses-là. Après, avec les évènements qu’il y a un peu partout, c’est normal qu’on mette le football de côté. C’est très grave ce qui s’est passé en Tunisie ou en Egypte. On peut donc comprendre facilement que l’EN ne soit pas une priorité.
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Cédric Daury (entraîneur du Havre) : «Walid a l’humilité d’accepter les correctifs»
Un mot sur votre international algérien, Walid Mesloub ?
Parler de Walid, c’est très simple, c’est d’abord un vrai plaisir. Parce que c’est un garçon qui a une mentalité exemplaire. C’est quelqu’un de bien, déjà, en plus d’être un très bon professionnel. Il a beaucoup souffert ces derniers temps. Je ne parle pas de cela sur le plan sportif, mais en dehors de son métier. Il a perdu ses deux parents en l’espace de deux mois. Ce n’est pas facile à vivre. Mais Walid a montré beaucoup de hauteur et de détermination par rapport à ce qui lui est arrivé.
Vous attendiez-vous à une telle réaction de sa part après le décès de ses parents ?
On l’a aidé, mais franchement, on ne s’attendait pas qu’il montre autant de solidité et qu’il soit aussi costaud. C’est tout à son honneur. Sur le plan humain et à tous points de vue, sur le plan sportif, Walid est un garçon de grande qualité.
Qu’avez-vous à dire sur son jeu ?
Le joueur qu’il est a énormément de qualités aussi. C’est un garçon qui a beaucoup de volume dans son jeu. Il se déplace partout sur le terrain et c’est ce qui le rend aussi utile à l’équipe, de par ses déplacements entre les lignes, dans les intervalles qui lui permettent d’avoir une bonne prise de balle pour remettre l’équipe à l’endroit et se projeter vers l’avant. C’est vrai qu’à m’entendre parler de Walid, on peut penser que je lui fais beaucoup de louanges. Mais je vous assure que c’est la vérité. C’est un garçon que j’estime beaucoup et c’est donc très facile de parler de lui.
N’a-t-il pas de défaut, ce joueur ?
(Il sourit). De temps en temps, c’est vrai, c’est encore un jeune garçon et il faut légitimement recadrer, corriger…
Dans quel sens ?
Il a encore à travailler collectivement, notamment dans le repli défensif. Il doit travailler avec son équipe, avec le bloc, les lectures de situations où il faut encore qu’il s’améliore, sur les temps forts et les temps faibles du match. Mais cela viendra naturellement, puisqu’il a le mental pour cela. En plus, Walid est quelqu’un qui a l’humilité dans le travail et il accepte les correctifs. C’est très important pour un joueur. C’est cela qui va le faire progresser un peu plus à l’avenir. La base de l’apprentissage, c’est l’écoute et en cela, je n’ai pas à me plaindre.
Comment il gère son nouveau statut de joueur international ?
Il le gère très bien. C’est une fierté pour lui et pour tout le club. C’est toujours agréable d’avoir des internationaux dans l’équipe. Je me rappelle qu’en apprenant sa convocation en sélection d’Algérie pour le match face au Luxembourg, tout le groupe l’avait applaudi dans le vestiaire. On en était tous fiers.
Certains pensent que cette sélection arrive un peu tôt par rapport à son jeu actuel. Quel est l’avis de son coach ?
Sincèrement, Walid a toutes les qualités pour jouer et s’imposer dans une équipe. Il faut qu’il continue sa progression. Il n’est pas encore sur des acquis. Il est encore dans une phase d’apprentissage et en cours d’acquisition.
Vous pensez qu’il sera prêt à s’imposer en Ligue 1 ?
Oh, après, ça va être une question d’opportunités et ça dépendra aussi de son jeu et de la façon avec laquelle il va évoluer. Je pense que dans un ou deux ans, il jouera facilement en Ligue 1.
Pas tout de suite ?
Non, pas tout de suite, puisque j’ai envie de le garder encore au club. J’en ai besoin, donc je ne le lâcherai pas. (Il sourit).