Merci d’abord Walid de nous accueillir dans cet hôtel qui vous servait de lieu d’hébergement à votre arrivée à Lorient…
C’est moi qui vous remercie d’être venus ici pour moi. Je ne vous cache pas que ça fait longtemps que je n’ai pas parlé aux médias algériens. Cela me fait très plaisir. Oui, à mon arrivée, je suis resté dans cet hôtel un mois et maintenant El Hamdoulilah, j’ai emménagé tranquillement chez moi.
En famille ?
Oui, oui, en famille avec ma femme et mes deux enfants.
Vous avez deux garçons, c’est ça ?
Oui, deux garçons macha Allah de quatre ans et un an.
Macha Allah. On nous a dit que votre aîné qui se prénomme Méziane est un sacré bon footballeur, vous confirmez ?
(Il rigole). Oui, oui, je confirme, Meziane est sur la bonne voie. On verra par la suite ce que ça va donner.
Comment s’est faite votre installation au sein du FC Lorient avec lequel vous vous êtes engagé pour trois ans ?
Hamdoullah, tout le monde m’a bien accueilli ici que ce soit mes coéquipiers ou le staff. Il y a tout pour réussir une belle saison. Je me sens très très heureux ici et j’ai hâte de montrer ce que je sais faire.
Heureux surtout de quitter enfin la Ligue 2 et passer à l’étage au-dessus, non ?
(Il sourit). Oui, oui, comme je l’ai souvent dit, il était temps pour moi de passer au-dessus. J’ai joué quatre ans en Ligue 2, je n’ai jamais rien lâché, j’ai continué à bosser et, aujourd’hui, El Hamdoulilah j’ai été récompensé. Maintenant, il ne faut pas s’arrêter là. Il faut continuer à travailler et redoubler d’efforts pour montrer à tout le monde que je ne suis pas ici par hasard.
Comment s’est effectué ce transfert au FC Lorient ?
Écoutez, cela faisait plusieurs saisons que le FC Lorient voulait me recruter, mais ça ne s’est jamais concrétisé…
Excusez-moi de vous couper Walid, mais quand vous dites «Lorient», il faut qu’on sache que c’est plutôt Christian Gourcuff qui voulait vous recruter à Lorient, n’est-ce pas ?
Et bien, je sais que Christian Gourcuff qui, en étant à la tête de l’équipe, avait de l’intérêt pour moi. Et après, je pense qu’ils travaillent tous ensemble avec le staff et le président et ce qui n’était qu’un intérêt s’est finalement concrétisé cette saison.
Parlez-nous un peu des détails du transfert ? Quand est-ce que ça s’est concrétisé, cet été ou avant la fin de la saison écoulée ?
En fait, tout est parti vite cet été. Après une saison plutôt réussie en Ligue 2, plusieurs clubs se sont intéressés à moi et m’ont contacté. Mais ce qui m’a poussé à trancher pour Lorient, c’est l’intérêt et le discours des dirigeants de ce club. Ils ont bien su me parler et me présenter un projet de jeu intéressant. Il y a aussi le fait que beaucoup d’Algériens sont passés par ce club qui est très rassurant. Je pense à Karim Ziani, Rafik Saïfi et Yazid Mansouri. D’après les échos que j’ai eus, ils m’ont dit qu’ils se sont bien intégrés à Lorient et ont fait de bons passages et ont apporté un plus à ce club.
Vous débarquez à Lorient au moment où Gourcuff s’en va. Vous espérez au moins le retrouver chez les Verts, cet entraîneur qui vous voulait au FC Lorient, non ?
C’est une question inévitable (il sourit). Vous savez, mon objectif principal est d’abord de m’imposer au sein de mon nouveau club et en Ligue 1 surtout, sans trop brûler les étapes. Après, c’est sûr que si le sélectionneur venait à faire appel à moi, je reviendrais avec un très grand plaisir au sein de l’Equipe nationale. J’en serais, bien sûr, très honoré. Cela fait longtemps que je n’ai pas été rappelé ça me manque. En tout cas, je travaille tous les jours avec ce rêve de retrouver les Verts.
On a appris également que cet été vous étiez en contact avec un dirigeant de l’Entente de Sétif. Qu’y a-t-il de vrai ?
Oui, il y a du vrai dans ce que vous dites. D’ailleurs, je profite de l’occasion pour passer un grand salam au président de l’Entente de Sétif, M. Hammar, qui m’a appelé au téléphone à mon retour des vacances. Voilà, il m’a un peu expliqué le projet de l’ES Sétif et toutes les ambitions du club. Malheureusement, j’étais déjà en contact avec plusieurs clubs de Ligue 1 ici en France. Je lui ai donc expliqué que mon objectif était de rester encore en France. En tout cas, il a été très compréhensif et de mon côté, j’ai été très honoré et surpris qu’on s’intéresse à moi en Algérie, surtout un club aussi grand que Sétif. Ça m’a fait plaisir qu’il m’ait appelé en tout cas.
Vous avez discuté avec Hammar et en même temps avec d’autres présidents de club français. Est-ce que le discours et la démarche sont identiques dans l’approche des joueurs ou y a-t-il des différences quelque part ?
Non, non, les démarches sont toutes les mêmes que ce soit M. Hammar ou les présidents des clubs français. Ils vous appellent et vous expliquent d’abord le projet du club et vous disent qu’ils s’intéressent à vous et qu’ils aimeraient vous avoir au sen de leur équipe. C’est exactement pareil et M. Hammar a été aussi convaincant que les autres. Après, comme je vous l’ai dit, j’étais déjà en contact avec des clubs de Ligue 1 en France et ma préférence est allée vers Lorient.
C’est vrai que les clubs algériens paient parfois plus que certains en France ?
Sincèrement, je n’en ai aucune idée. Je n’ai pas discuté de cela avec M. Hammar. Je ne connais pas la tranche des salaires en Algérie. Après, je pense que la plupart des joueurs sont motivés surtout par la passion et non pas seulement pas l’argent. Je parle plus pour moi et avant tout, je privilégie d’abord le football. L’argent, c’est quand même important, je ne dis pas le contraire, mais ça passe après le football et la passion.
Vous êtes originaire de quelle ville en Algérie ?
Mes parents viennent d’un petit village qui s’appelle Hammam Bouhdjar. C’est un village touristique que j’apprécie beaucoup. J’y allais souvent pendant mon enfance et là, ça fait un peu trop longtemps que je n’y suis pas retourné. Mais on a un projet en famille d’y aller prochainement pour nous ressourcer dans la terre de nos parents. C’est quelque chose de très important pour nous. On ne peut pas oublier ses racines.
Que gardez-vous de votre court passage chez les Verts ?
Je n’en garde que de bons souvenirs. Ma seule sélection au Luxembourg où je traversais une période très difficile personnellement et de vivre cela, ce n’était que du bonheur. J’avais les yeux qui pétillaient de bonheur, comme un enfant. J’avais été très surpris par l’ambiance qui y régnait et de l’engouement des supporters. Que de bonnes choses à retenir !
Ça c’était à l’époque de Benchikha. Par la suite, il y a eu la venue de Vahid Halilhodzic qui vous a barré de sa liste. Comment aviez-vous vécu cela ?
Au début, c’est sûr que ce n’est pas facile d’accepter l’idée de voir que vous ne rentrez pas dans les plans d’un entraîneur. Mais après, très sincèrement et j’insiste sur cela, très sincèrement, je ne lui en veux pas du tout. Ça fait partie du football et on ne peut pas plaire à tout le monde. Le sélectionneur a fait ses choix et il a d’ailleurs fait une belle Coupe du monde avec cette belle équipe. Donc aucun regret parce que c’est la vie. Je continue de travailler pour ma part et je me concentre plutôt sur moi.
Vous sentiez à l’époque que Vahid ne voulait pas trop de vous dans son équipe ?
Non, non, en tout cas, il n’a rien laissé paraître lors du regroupement quand j’étais avec lui. On était plus d’une trentaine et je voyais que je n’entrais pas trop dans ses plans.
On le ressent comment ? Par quoi ça s’est matérialisé au juste ?
On le ressent lors des entraînements (il sourit). C’est tout bête. Quand on fait des oppositions et qu’on n’est pas forcément dans la bonne couleur des chasubles, on a déjà des indices révélateurs. On sait qu’on ne fait pas partie des plans du coach. Après, ça fait partie du football et on doit l’accepter et faire avec la concurrence. Il y a beaucoup de joueurs qui aimeraient être à ma place même si je suis écarté par la suite.
Ça reste une grosse déception de ne pas avoir été du voyage au Brésil, non ?
Bien sûr ! Même mon fils qui a 4 ans rêve de jouer un jour une Coupe du monde. Mais la réalité peut être bien différente et on doit se concentrer sur le concret, c’est-à-dire la reprise du championnat, la nouvelle saison et la prochaine CAN qui arrive.
Vous avez côtoyé Mahrez au Havre. Sa titularisation contre la Belgique vous a étonné ?
C’est comme mon petit frère. D’ailleurs, je me suis bien occupé de lui au Havre et c’est vrai que j’ai été très agréablement surpris de le voir titulaire contre la Belgique. J’étais aussi très content parce que c’est quelqu’un qui a beaucoup bossé pour arriver à ce niveau. Il ne l’a pas volée cette place. Au Havre, ce n’était pas assez médiatisé bien qu’il ait fait de grands matchs, mais dès qu’il est allé en Angleterre, tout a changé pour lui et son talent s’est révélé au grand jour.
Comment aviez-vous vécu l’épopée des Verts au Brésil ?
Comme le premier supporteur ! J’ai commencé à regarder les matchs chez moi et je vibrais avec l’équipe et ses exploits comme tous les Algériens. Après, j’ai suivi le reste tout seul, ici dans cet hôtel. Ça a été très très dur de vivre cela seul, surtout le match face à l’Allemagne, futur champion du monde. On n’est pas passés loin de l’exploit.
Vous étiez en contact avec Mahrez durant le Mondial ?
Oui bien sûr, au moins une soirée sur deux, on s’appelait avec Ryad et aussi Yacine Brahimi pour discuter de l’ambiance qui régnait et on a fait aussi des retours sur certains matchs. On parlait aussi des matchs à venir.
Une anecdote à faire partager aux supporteurs des Verts ?
Ce que j’ai retenu surtout de nos discussions, c’est leur assurance et leur confiance. Ils étaient sûrs de se qualifier. C’est cela qui m’a étonné avant le match de la Russie où il fallait un nul au minimum pour se qualifier. A les entendre parler, j’étais aussi sûr qu’eux qu’ils allaient se qualifier et c’est ce qu’ils ont fait.
Vous connaissez quoi de Christian Gourcuff ?
Je sais déjà qu’à Lorient, il est très respecté et reconnu au club et par les supporteurs. C’est quasiment «son» club. C’est lui qui a fait ce Lorient ce qu’il est aujourd’hui. D’ailleurs, on continue à travailler encore sous son empreinte. Il a laissé une très bonne image ici. Je sais que c’est un coach qui prône le jeu offensif collectif. C’est de plus en plus rare de nos jours. On est des joueurs avant tout et on pense surtout au jeu. C’est plus plaisant pour nous.
En jouant à Lorient, ce sera plus facile pour Gourcuff de vous expliquer son idée du jeu avec les Verts. Ce sera un avantage pour vous, non ?
C’est vrai, vu de cet angle, ça pourrait être un avantage. Mais sincèrement, je ne me suis jamais dit cela. Je dois surtout m’imposer avec Lorient en Ligue 1, après, tout sera possible pour moi avec la sélection.
Les places en équipe d’Algérie deviennent de plus en plus chères. Pensez-vous être de la liste pour la CAN au Maroc ?
C’est vrai qu’il y a de plus en plus de bons joueurs chez les Verts. La qualité aussi. Ça va être dur pour tout le monde, mais je ne saurais vous dire si je serais au Maroc ou pas. En tout cas, je me battrai à fond pour mériter cet honneur.
Votre dernier mot sera pour M Gourcuff. Qu’avez-vous à lui dire ?
D’abord, félicitations d’avoir rejoint l’équipe d’Algérie et je dois vous dire qu’on travaille encore ici sous l’empreinte de monsieur Gourcuff et dans la rue, on continue à parler beaucoup de vous. Cela veut dire qu’il a laissé une belle image et que c’est un très bon entraîneur.