C’est avec une dizaine de minutes d’avance que le vol Madrid-Murcie d’Iberia avait atterri sur le tarmac de l’aéroport San Javier. Les yeux étirés, signe d’un voyage assez éreintant, le sociétaire de Lecce est paru soulagé d’avoir enfin mis les pieds à Murcie et comme l’arrivée de Guedioura était prévue quelques instants après, il est allé à la cafétéria de l’aéroport prendre des boissons en compagnie du manager Tasfaout avant de prendre la route ensuite pour La Manga Club.
– Djamel, on voit que vous avez les traits un peu tirés…
– Ce matin, je me suis réveillé à 6h pour prendre l’avion avec plusieurs correspondances à prendre avant d’arriver ici. Néanmoins, ce n’est pas grave, une fois à l’hôtel, je récupérerai les calories perdues.
– Entre-temps, vous n’aviez pas eu l’occasion de rendre visite à la famille ?
– Pas du tout, dès que j’ai été libéré par mon club, j’ai pris l’avion pour rejoindre la sélection.
– La fin de saison a été couronnée de succès pour plusieurs de nos internationaux, ce qui nous amène à penser que le groupe aura un bon moral avant de jouer le Maroc ?
– Absolument, j’ai suivi tous les parcours de mes copains en sélection et cela fait un énorme plaisir de les voir pratiquement tous accomplir avec leurs clubs respectifs une fin de saison magnifique. Je suis plus particulièrement content pour Kadir qui vient de revenir à la compétition. Maintenant, comme on va être ensemble pendant une dizaine de jours, cela nous permettra de peaufiner notre préparation avant le rendez-vous de Marrakech.
– Etant donné que le match se jouera à l’extérieur, ce sont surtout les défenseurs qui doivent être les plus… en forme, non ?
– Au Maroc, une seule chose nous manquera, le public, sinon ça ne change rien pour nous là-bas, on évoluera dans un climat semblable à celui de notre pays, contrairement à celui de l’Afrique noire. Le climat qui règne au Maroc est favorable pour nous. A propos de stratégie, il serait à mon avis suicidaire que de se cantonner en défense, selon mon imagination, ce sera comme au match aller à Annaba, c’est-à-dire, un match assez tactique.
– Les Marocains, à leur tête leur entraîneur Gerets, ne jurent que par la victoire ?
– C’est normal qu’ils pensent comme ça, d’autant plus qu’ils veulent prendre une revanche sur nous après leur défaite à l’aller où nous leur étions au niveau physique et dans l’engagement supérieurs. Ceci dit, nous devons plus penser au coup d’envoi du match le 4juin à 20h45 qu’à autre chose, et si on parvient à le faire, nous rentrerons chez nous avec un résultat positif.
– Un bon résultat, vous parlez d’une victoire ou d’un nul ?
– Le nul oui, l’important est de ne pas perdre au Maroc, après quand tu joues au football, il y a toujours cette envie de vouloir gagner. Toutefois, il ne faut pas avoir la prétention de battre le Maroc comme ça, facilement, sachant qu’en début de match, ils (les Marocains) vont nous mettre la pression. Il est recommandé pour nous de ne pas encaisser de but, après, avec les atouts offensifs qui sont les nôtres, on peut leur mettre un ou des buts.
– Cette fois, à comparer avec le match aller, on n’est pas dos au mur, c’est un signe positif pour vous ?
– Certes, notre situation avant le match aller était compliquée, un autre résultat que la victoire aurait sans doute précipité notre élimination. C’est clair, depuis le match de la Centrafrique, on est obligé de faire le maximum à chaque fois pour ne pas laisser nos rivaux prendre le large, surtout, on ne doit pas penser qu’après le succès d’Annaba, on est sur un fauteuil. Non, les jeux sont loin d’être faits.
– A l’issue du match aller, tout le monde était unanime pour saluer votre belle prestation ce jour-là, à votre retour au club, avez-vous ressenti le même sentiment ?
– Mes copains et même mon entraîneur ont vu le match, ils étaient tous contents pour moi, voire pour l’Algérie. On espère que tous les 23 (les joueurs de l’EN, ndlr) serons en forme pour rééditer la même performance qu’à Annaba.
– Mai 2010, vous fêtiez votre première convocation en sélection nationale (stage à Crans-Montana avant le Mondial), une année après, vous êtes toujours là, que du chemin pour vous ?
– (Il esquisse un petit sourire). Ah oui, il y a eu pleine de choses, d’abord une Coupe du monde avec Rabah Saâdane et puis d’autres matches avec la sélection. Le fait d’en faire partie suffit largement à mon bonheur.
– Désormais, vous avez un statut de titulaire…
– Sincèrement, je n’ai pas envie de parler de ça, avec le nouveau coach Abdelhak Benchikha, on est entrés dans une phase de reconstruction. Le premier match contre le Maroc s’est soldé par une victoire, cela nous a permis de se rattraper, étant donné que l’Algérie a un standing à préserver en Afrique, il faut enchaîner d’autres résultats positifs.
– Un mot sur le retour des joueurs qui n’étaient pas présents au match aller ?
– Les revenants sont tous des éléments importants et ils l’ont démontré auparavant, mais comme je l’ai dit, le fait positif est que durant les dernières semaines, la plupart des joueurs sont en forme.
– Est-il possible de vous revoir à Lecce la saison prochaine ?
– Je suis à un an de la fin de mon contrat, avec l’ouverture du marché des transferts, il est certain que des choses vont se passer, même si je ne suis pas partant à 100% de Lecce.
– Avec votre énorme potentiel technique, n’estimez-vous pas qu’il est temps pour vous de rejoindre les rangs d’un club plus huppé ?
– Je dois un jour ou l’autre le faire, cela fait seulement une année que j’évolue en Série A (première division italienne). Cela dit, je dois réfléchir sérieusement à partir un jour de Lecce, néanmoins, je ne referai pas la même chose quand j’avais 20 ans où j’ai signé au FC Bâle (Suisse) et pendant deux ans, je n’ai fait que chauffer le banc.
– Avez-vous des opportunités sous la main ?
– Les clubs qui me voudront devront prendre attache avec mon actuel employeur, une fois après, ce dernier les transmettra à mon agent. Pour l’heure, croyez-moi, je n’en sais absolument rien.
– Samedi prochain se jouera la finale de la Ligue des champions, qui la remportera selon vous ?
– Je ne supporte aucune des deux équipes qui animeront cette finale, mais je pense que ce sera Manchester United qui va la remporter.
– (On lui glisse à l’oreille). Sûrement que vous supportez le Real Madrid…
– (En hochant la tête, il confirme sa sympathie pour les Merengue)
M. S.