Mesbah «Même à Milan, Vahid exigera de moi de jouer»

Mesbah «Même à Milan, Vahid exigera de moi de jouer»
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Comme à son habitude, Djamel Mesbah ne se prend pas la tête pour avoir signé dans un des plus grands clubs du monde. Bien au contraire, l’international algérien sait qu’il doit toujours cravacher dur pour rester au top de sa forme et progresser encore avec le Milan AC. Humble, simple et d’une éducation exemplaire, Djamel Mesbah nous accueille à bras ouverts dans ce qui va devenir son quotidien, le Milanello, l’usine à fabriquer des stars. Il répond sans détour à toutes nos questions.

– Tout d’abord, que ressentez-vous en signant dans un club aussi prestigieux que le Milan AC ?

– Avoir la chance de porter le maillot d’un club comme le Milan AC est quelque chose d’extraordinaire et de fantastique. Je suis très fier en tant qu’Algérien de jouer ici, et bien sûr, très content d’avoir signé ce contrat et de porter ce fameux maillot d’un club prestigieux comme le Milan AC.

– Il y a 9 ans, vous étiez au Servette de Genève, est-ce qu’à cette époque là, vous pensiez qu’un jour vous alliez atterrir au Milan AC ?

– Franchement, non. J’étais ambitieux, c’est vrai. Devenir un joueur professionnel était la seule chose que je me voyais faire dans l’avenir. J’étais sérieux et je voulais vraiment réussir. J’avais à cette époque là 18 ans et mon objectif était de décrocher un contrat pro avec une équipe du milieu du classement. Aujourd’hui, je suis à Milan et c’est fantastique.

– Maintenant que vous avez signé, peut-on connaître les autres équipes, en plus de Hambourg et Parme bien sûr, qui vous courtisaient cet hiver ?

– Vous me voyez désolé de ne pouvoir répondre à cette question. Je crois que mon agent est plus habilité à le faire pour la simple raison que c’est lui qui était au courant des contacts. Moi, je suis resté concentré sur mon travail. Je ne suis pas très au courant de ça.

– Vous nous disiez il y a quelques semaines «que si pour signer dans un club où vous n’êtes pas sûr de jouer, vous préfériez rester à Lecce», peut-on conclure que vous ambitionnez de jouer dans cette équipe et de gagner votre place au Milan AC ?

– Oui, c’est vrai, c’est ce que je voulais. Je ne pouvais pas quitter Lecce, une équipe où je joue régulièrement pour aller m’assoir sur le banc des remplaçants d’une autre équipe, mais quand le Milan AC vient te dire, on te veut avec nous, tu ne peux pas dire non… Je ne pouvais pas rater cette opportunité. Et en plus, ça s’est passé très vite. Je ne prétends pas dire que je suis arrivé au Milan AC pour être titulaire, ça c’est sûr, mais malgré ce que je vous avais déclaré avant, quand le Milan t’appelle, tu ne peux que dire oui. Et je le répète encore une fois, je ne suis pas venu au Milan AC pour être titulaire indiscutable, mais j’ai confiance en moi, je vais travailler très dur, et Inch Allah, tout va bien se passer pour moi et pour tout le monde.

– Sincèrement, ne pensez-vous pas avoir pris un risque d’opter pour un aussi grand club et qu’il serait possible que vous ne jouiez pas tout de suite, surtout que vous disiez que l’EN était très important pour vous et vous souhaiteriez être très compétitif au mois de juin prochain ?

Un risque non, on ne peut pas dire on a pris un risque en signant au Milan AC, ça serait insensé. Cela dit, je maintiens ce que j’ai toujours dit, j’aimerais qu’en juin, je serai compétitif et prêt à 100% pour la sélection.

– Le coach a parlé de vous en estimant que vous étiez un bon arrière gauche, mais que vous pouviez aussi jouer au milieu. Ça se voit qu’il a bien étudié votre profil avant de vous recruter…

– Je viens d’arriver dans ce club. Je n’ai pas donc eu l’occasion d’en discuter avec le coach sur ce sujet-là.

– Même si vous êtes heureux d’être là, on imagine que quelque part, vous regrettez de quitter le club qui vous a fait connaître et avec lequel vous aviez accédé au calcio dans la position de relégable…

– Je profite de cette occasion pour remercier les dirigeants de Lecce qui étaient vraiment bons et corrects avec moi. Je n’oublierai pas aussi de remercier mon entraîneur qui m’a ramené d’Avellino. Je lui dois beaucoup. Maintenant vous dire que j’ai des regrets serait vous mentir et hypocrite de ma part. Quand on signe pour le Milan AC, on ne peut pas avoir de regrets. Mais Lecce, le club, les dirigeants, les supporters, resteront toujours dans mon cœur.

– Saviez-vous que jamais un joueur algérien n’a atteint un tel niveau ? On a eu des joueurs à Valence, Tottenham, le PSG, Porto, Fulham, Napoli… mais jamais un joueur dans un club de la trempe du Milan…

– (Il nous coupe) Maintenant que je suis là, il faudra que je me mette au travail sans perdre de temps. Je ne vais pas être prétentieux en vous disant que je vais m’imposer, non, pas pour le moment. J’ai beaucoup de respect pour ce club et pour les grands joueurs qui ont porté son maillot et ceux qui le portent aujourd’hui. Gagner ma place… pas maintenant. Ce qui compte pour moi maintenant est d’être à la hauteur. A la hauteur de la confiance que les gens qui m’ont fait venir ici ont mise en moi.

– Mais généralement, quand le Milan recrute en hiver, c’est pour que ce joueur joue ?

– Pas spécialement. On peut penser que recruter un joueur en hiver c’est pour l’avoir à disposition, mais… je ne sais pas… On verra bien comment vont se dérouler les choses. Je ne dirais pas que je suis là pour m’imposer, et je ne dis pas non plus que ça y est, je suis au Milan, je pose mes valises et je m’endors. Je viens ici avec beaucoup d’humilité. Je sais que je dois travailler beaucoup pour m’imposer et être à la hauteur.

– Vous avez honoré aujourd’hui votre première séance d’entraînement. Comment ça s’est passé ?

– Ça s’est très bien passé. J’ai fait hier tous les testes qu’on peut faire pour un joueur de foot, et aujourd’hui, on va dire que ça s’est plutôt bien passé. Mes coéquipiers étaient très sympas avec moi. Ce qui a attiré mon attention, c’est qu’ici, tu vois tout de suite que tu n’es pas là pour rigoler. Au vestiaire, il y avait une atmosphère de la gagne dans les airs.

– Milan est aussi une chance pour vous de jouer la Champions League, le titre et la Coupe… ce que jusque là vous n’avez pas encore fait…

– C’est clair que ce n’est pas les mêmes objectifs que ceux des autres équipes comme Lecce. C’est toute la différence entre une grande équipe et une moins grande.

– Vous allez porter le numéro 15. Que signifie-t-il pour vous ?

– Rien en fait. Le 15 ne veut rien dire pour moi si ce n’est que désormais, c’est mon numéro au Milan AC.

– Quels sont les objectifs de Djamel Mesbah pour ces 5 mois qui nous séparent de la fin de saison ?

– Prouver au Milan AC que je mérite de porter ce maillot.

– Halilhodzic a dit : «J’aimerais avoir des joueurs qui jouent au Barça, au Real ou au Milan, mais je ne l’ai pas et je sais que je n’aurais pas ce privilège d’aussitôt». A peine deux semaines passées et vous êtes Milanais…

– (Il rit) Il a bien dit ça, mais il a bien précisé : «Un joueur qui joue» et ça fait toute la différence. C’est très important pour la sélection que les joueurs jouent dans leurs clubs.

– Lui avez-vous parlé après l’officialisation de votre arrivée à Milan ?

– Non, pas encore. On se parlera ce soir. Le discours qu’il aura envers moi sera clair. Il me demandera de jouer au maximum et moi je lui dirais que j’en ferais de mon mieux, mais c’est le Milan AC quand même. Gagner sa place ici est difficile, la garder est encore plus dur.

– Mais il est content pour vous quand même ?

– Oui, j’ai lu quelques unes de ses déclarations. Je le remercie pour les bonnes choses qu’il a dites sur moi. Rabah Saâdane aussi, surtout lui, car c’est grâce à lui si je suis en EN. Son adjoint Djelloul aussi. Au passage, je voudrais remercier Rabah Madjer qui est une grande étoile du football algérien pour les belles phrases qu’il a dites sur moi… sans oublier Abdelhak Benchikha bien sûr que je salue à l’occasion.

– Vous ne pensez pas que vous pouviez venir en équipe nationale plus tôt… en 2005 par exemple ?

– Je ne peux pas vous dire que je méritais d’être sélectionné à cette époque là, mais si l’Algérie m’avait fait appel à cette époque-là, j’aurais dit oui avec joie, car c’est ce que je voulais dès mon jeune âge. J’ai attendu mon moment et c’est arrivé en Coupe du monde.

– Maintenant que vous êtes ici, à quel Mesbah doit-on s’attendre ?

– Vous me connaissez, je suis un battant. Ici au Milan AC, j’ai tout à ma disposition, donc, tout dépendra de moi. A part ça, je resterais le même que celui que j’ai toujours été et que vous avez découvert quand j’ai débarqué en équipe nationale.

– Le public de San Siro est exigeant et sans pitié avec ses joueurs, vous n’appréhendez pas cette pression là ?

– Non, pas spécialement. Quand tu joues un match avec l’équipe nationale d’Algérie, plus rien d’autre ne t’impressionne. Je me souviens du match contre le Maroc à Annaba… Là, il y avait de la pression. Maintenant, la pression peut venir d’ailleurs. Quand tu portes le maillot rouge et noir du Milan AC, il faut que tu sois bon, il faut que tu sois méritant, sinon, il vaut mieux ne pas venir jouer ici.

– Le derby milanais, vous en pensez déjà ?

– Non, le match vient juste d’avoir lieu. Le retour, c’est dans plusieurs mois…

A. B.