Mesbah : «Il faut jouer 30 matchs par saison pendant 4 ans pour se dire joueur de Serie A»

Mesbah : «Il faut jouer 30 matchs par saison pendant 4 ans pour se dire joueur de Serie A»

Alors qu’il était, pour beaucoup d’Algériens, «anonyme» il y a encore deux ans, Djamel Mesbah s’est révélé au grand public depuis qu’il évolue à Lecce, club italien avec qui il a accédé en Serie A au terme de la saison passée.

Pourtant, il n’est pas venu de nulle part puisque ce joueur, révélé à 18 ans au Servette de Genève (Suisse), avait failli être recruté par le FC Barcelone à 15 ans (oui, oui !), n’était une méchante blessure, comme il nous l’avait raconté dans l’interview qu’il nous avait accordée lorsqu’il évoluait à Aarau. Il a même joué dans les deux plus grands clubs suisses (le Servette et le FC Bâle), mais, sur le plan footballistique, la Suisse n’est que la Suisse. «J’ai passé là-bas plusieurs années, accumulant environ 150 matches. A chaque fois, je me disais que je devais partir à l’étranger pour être mieux exposé médiatiquement, mais ça ne se réalisait pas. Puis, il y a trois ans, j’ai eu l’opportunité d’aller à Avellino, en Serie B italienne. J’y suis allé sans réfléchir. J’y ai joué trente matches et je me suis fait remarquer par d’autres clubs, entre autres Lecce. Je suis venu ici et j’ai vraiment progressé à tous les niveaux, surtout dans le domaine défensif», explique-t-il. Toute l’énigme est là : comment avoir réussi à s’affirmer à Lecce, dans un championnat réputé comme étant très défensif, alors qu’à la base, c’est un ailier gauche à l’ancienne, donc un joueur à vocation offensive ?

«En Italie, tu dois dire oui à tous les changements, surtout quand ça touche la tactique»

Ce n’est pas évident, pour un joueur, d’accepter un changement de positionnement, encore plus un changement de poste, avec des fonctions autres que celles pour lesquelles il a été formé. Pour Mesbah, cependant, cela a été plus simple. «J’ai accepté sans discuter parce que je suis quelqu’un de humble et j’ai toujours accepté les consignes des entraineurs et même leurs critiques. Quand on te dit que tu dois faire en sorte d’allier les tâches défensives et offensives, il faut dire oui, surtout quand tu es un étranger en Italie car, ici, on reproche toujours aux étrangers de ne pas avoir une culture tactique, voire même d’être faibles dans ce domaine. J’ai travaillé chaque jour et j’ai appris jour après jour. Là, je dois reconnaître que j’ai fait de gros progrès au plan défensif. C’est pour ça que, sur les 33 matches auxquels j’ai pris part cette saison, j’ai été utilisé 26 fois en tant que latéral gauche. Il est arrivé au coach de me faire jouer plus haut, comme il lui est arrivé aussi de me mettre au milieu de trois joueurs de milieu. Cette polyvalence sert beaucoup ici, en Italie.»

«Je ne veux pas faire l’ascenseur entre les deux divisions»

Le nouveau Mesbah s’est donc bien «italianisé», devenant ainsi très polyvalent. En sélection, Abdelhak Benchikha pourra ainsi profiter aussi, s’il le désire, de talents offensifs originels. Pour l’instant, il a un seul objectif : confirmer dans ce championnat impitoyable qu’est la Serie A italienne. «Je suis encore en Serie A. Lecce a évité la relégation. C’est très important pour un joueur venu de la Serie B de s’imposer et confirmer en Serie A. Autrement, ce serait un grand point d’interrogation pour ceux qui le suivent : «Il a le niveau de Serie A ou de Serie B ?» C’est pour ça que je ne veux pas faire l’ascenseur entre les deux divisions. Il me tient à cœur de me stabiliser en Serie A. Si lors des deux prochaines saisons, j’arrive à maintenir mon niveau actuel ou, mieux, à progresser, je serai satisfait. Il faut enchaîner 4 saisons à 30 matches pour se dire joueur de la Serie A.» En attendant, soyons rassuré : Mesbah n’est pas un médiocre produit de Serie B…

———-

«Je ne méritais pas d’aller en Coupe du monde»

On se rappelle de cette fameuse conférence de presse animée par Rabah Saâdane une certaine matinée du mois de mai 2010 : il y a donné la liste des 25 présélectionnés pour le Mondial en Afrique du Sud. Sept nouveaux joueurs figuraient sur cette liste, dont Djamel Mesbah. Alors qu’il avait zéro sélection à son compteur, il se voit propulsé en Coupe du monde ! «Oui, j’étais un peu surpris et même… Il faut dire que, sur un plan personnel, je ne méritais pas d’aller à cette Coupe du monde car je n’ai pas fait les qualifications.» Boum ! La phrase est lancée, calmement, comme une vérité naturelle. Cela traduit déjà l’honnêteté de son auteur. «Cependant, comme tout Algérien appelé en sélection nationale, je me devais de répondre présent. C’était pour une Coupe du monde. J’ai vécu avec le groupe une expérience exceptionnelle. Je le répète encore : ce n’est pas une chose que je méritais car je n’ai pas fait les qualifications et je n’ai pas vécu les moments difficiles que les joueurs avaient vécus en Egypte. Déjà, avant même que je n’intègre le groupe, j’étais de tout cœur avec eux, et voilà que je me retrouve dedans ! C’était un moment exceptionnel et je remercie tout le staff, à sa tête Saadane, de m’avoir bien accueilli et de m’avoir offert cette opportunité de défendre les couleurs de l’Algérie dans un si grand événement.»

«Personnellement, j’ai été très bien accueilli»

Compte tenu du contexte particulier (arrivée de 7 nouveaux dans un groupe qui avait déjà ses repères), encore faut-il savoir s’il a été bien accueilli. «Je ne peux pas m’exprimer au nom de tous les nouveaux, mais moi franchement, je me suis bien intégré. Je connaissais déjà quelques joueurs. C’est vrai que j’arrivais dans un nouveau groupe, mais j’avais vite senti que tout le monde avait les mêmes objectifs et que tout le monde jouait pour l’Algérie. Moi, je raisonne de la manière suivante : quand on vient en sélection, c’est pour défendre les couleurs de son pays, et là, peu importe que tu sois titulaire ou remplaçant. L’essentiel est de se donner à 100 %. Ça a été facile pour moi de m’intégrer. Même les joueurs m’ont très bien accueilli, comme si j’en faisais partie depuis de longues années.»

«Face à l’Angleterre, les quatre minutes que j’ai jouées n’ont pas été faciles»

Non seulement, deux mois avant le Mondial, il ne s’attendait pas à être de la fête, mais il s’est retrouvé à participer, durant quatre minutes, au match de «prestige» auquel tous les joueurs algériens voulaient prendre part : celui contre l’Angleterre. Et voilà qu’il a en face de lui Wayne Rooney, Frank Lampard, Steven Gerrard et autres John Terry. «Je ne me souviens pas du tout à quoi j’avais ressenti ou pensé à ce moment-là, car j’étais vraiment concentré sur ces dernières minutes où je me devais d’être à la hauteur. Déjà, ce n’est pas facile de rentrer dans les dernières minutes, a fortiori contre un adversaire aussi renommé comme l’Angleterre. J’ai même eu quelques difficultés dans les premiers instants. J’ai notamment glissé sur le terrain (sourire). C’est dire que ce n’était pas facile. Il y a quelque temps, près d’une année après, j’ai revu ce match. Ma sœur me l’a montré sur DVD. C’est là que j’ai été vraiment saisi d’émotion. Une émotion incroyable, une année après. Ce n’est qu’à ce moment que j’ai réalisé que nous avions vécu un moment super.» Un super moment que Mesbah a l’humilité et le bon sens de reconnaître comme étant une aubaine. Encore une qualité morale à ajouter à ses qualités sportives indéniables.

————

Commençons par l’actualité brûlante : Lecce se maintient en Serie A après sa victoire obtenue hier à Bari (0-2) et à la faveur de la défaite de la Sampdoria face à Palerme (1-2). Une réaction ?

Je ne peux qu’être content et même heureux. C’est le fruit du travail de toute une saison. Lecce est remonté en Serie avec l’intention d’y rester le plus longtemps possible et il a déjà gagné le pari de ne pas redescendre aussitôt. A titre personnel, c’est une grande satisfaction que de faire une trentaine de matchs pour ma première saison dans un championnat aussi relevé que la Serie A italienne. Je dédie cette performance à toute ma famille et, plus généralement, à tout le peuple algérien. Mon ambition à présent est de terminer la saison encore plus fort en aidant la sélection à ramener un bon résultat de son déplacement à Marrakech pour affronter le Maroc.

En 2006, nous vous avions interviewé alors que vous jouiez au club suisse d’Aarau, aux côtés de Hocine Achiou, et vous nous aviez exprimé déjà à ce moment-là votre désir de défendre les couleurs nationales. Etaient-ce uniquement des propos de circonstance ou bien était-ce votre ambition réelle ?

C’était sincère. Je le pensais vraiment. Je l’ai toujours dit, même lorsque j’avais débuté au Servette de Genève en 2004. C’était un rêve d’enfant et il s’est concrétisé il y a une année. A présent, je suis très content et, en même temps, très fier de porter les couleurs de mon pays.

Au cours de cette interview-là, vous nous aviez narré votre histoire particulière : une blessure qui vous avait empêché de signé au FC Barcelone alors que vous étiez adolescent, puis d’autres blessures qui avaient freiné votre progression alors que vous vous étiez affirmé au Servette… Ne vous étiez vous pas dit, au vu de la succession de tous ces malheurs, que vous êtes maudit par la malchance ?

Non, pas du tout. Je suis musulman, je suis croyant. C’est le mektoub. C’est clair : ça s’est mal passé pour moi au départ, après un excellent début. Les deux ou trois ans que j’ai passés à au FC Bâle ont été très difficiles. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, j’ai été patient et j’ai retrouvé plus ou moins mon niveau, puis du temps de jeu, un paramètre important pour un footballeur. Là, maintenant, ce n’est pas encore fini. Je sens que je n’en suis qu’au début du vrai foot, du foot qui compte. Je suis en plein dedans et je fais tout pour progresser tous les jours et essayer d’atteindre mes objectifs qui sont importants.

A Aarau, vous étiez, à un certain moment, trois Algériens : Achiou, vous et Hima, qui venait du centre de formation de l’Olympique Lyonnais. Quand vous discutiez de la sélection nationale, est-ce comme s’il s’agissait pour vous d’un objectif inaccessible ou bien était-ce avec l’intention d’en faire partie un jour ?

Nous discutions toujours de la sélection comme si nous étions concernés. Achiou avait déjà fait la Coupe d’Afrique des nations en 2004 et même Hima avait 3 ou 4 sélections.  Nous en parlions. Je disais à Achiou que mon rêve était d’aller en équipe d’Algérie. Le problème est que j’étais à Aarau, club du championnat suisse qui n’était pas très exposé médiatiquement. Après, j’ai eu la chance d’évoluer à Lecce, un club plus coté, puis la chance d’être sélectionné par Rabah Saâdane pour participer à la Coupe du monde. C’était un événement très important pour ma carrière et je l’en remercie. Là, j’ai la chance de faire partie d’une sélection d’Algérie qui est devenue importante en Afrique et nous l’avons démontré contre le Maroc. Nous espérons le confirmer lors du match du 4 juin qui sera très important dans la perspective de la qualification.

Nous avions particulièrement remarqué, depuis votre arrivée en sélection, qu’il y a une complicité entre Nadir Belhadj et vous. Pourtant, vous jouiez au même poste et vous étiez donc en concurrence, mais cela se voyait qu’il n’y avait pas de calcul entre vous deux…

C’était tout à fait ça : on ne faisait pas de calcul et on ne le fera pas. Je dirai même plus : j’ai beaucoup appris avec lui. C’est un joueur de haut niveau, quand même. C’est vrai que, dans d’autres clubs ou sélections, on peut s’attendre à une forte concurrence, donc à certaines tensions. Or, avec Belhadj, il n’y avait pas ça du tout. Déjà, pour être honnête, il n’y avait pas du tout de concurrence avec lui puisqu’il était le titulaire indiscutable à son poste et même, à mon avis, l’un des meilleurs latéraux gauches de cette Coupe du monde. S’il y a eu de la complicité entre nous, c’est parce que, tout bonnement, nous sommes deux Algériens. Et puis, surtout, nous sommes deux hommes intelligents qui savions pourquoi nous étions là. Vraiment, j’ai été touché par le comportement de Nadir parce qu’il a été vraiment très gentil avec moi.

Une année après, la page du Mondial est-elle pliée pour vous ou bien vivez-vous toujours du souvenir de cet événement ?

Pour moi, c’est du passé. Déjà, au début de la nouvelle saison, une fois que j’avais entamé la préparation avec Lecce pour la Serie A, c’était derrière. Certes, cette Coupe du monde restera une magnifique expérience, mais il y a à présent un nouveau cycle qui est entamé avec un nouveau sélectionneur, complètement différent de Saâdane, de nouveaux joueurs et de nouveaux objectifs, à commencer par la qualification à la Coupe d’Afrique des nations dans un premier temps, puis au Mondial-2014 dans un deuxième temps.

Ayant goûté à une Coupe du monde, avez-vous envie d’être à la prochaine, en participant aux qualifications, cette fois-ci ?

C’est surtout ça : participer aux qualifications. C’est très important, pour moi. Pour un pays comme l’Algérie, se qualifier pour un Mondial, c’est comme le gagner. C’est quelque chose d’exceptionnel pour le peuple et je veux participer à une aventure pareille. Pour l’instant, on n’en est pas encore là. Moi, j’agis étape par étape. Le match contre le Maroc est un match qu’il ne faudra pas perdre, puis la préparation de la nouvelle saison et ainsi de suite. Ne brûlons pas les étapes.

Au début de votre carrière, vous souffriez de blessures récurrentes, à tel point qu’on disait que Mesbah est un joueur très talentueux, mais physiquement très fragile. Comment se fait-il que vous soyez épargné par les blessures depuis 2 ou 3 ans ?

A l’âge de 18 ans, j’avais contracté une pubalgie qui m’avais handicapé durant de longues années parce qu’elle était mal soignée. Je pense qu’elle avait été provoquée par une surcharge de travail car, comme je vous l’avais révélé en 2006, j’avais débarqué dans un club professionnel, le Servette de Genève, sans avoir fait de formation de base dans les jeunes catégories, si ce n’est une petite année au centre de formation, ce qui fait que mon corps en général et ma musculature en particulier n’avaient pas été préparés à une grande charge physique.

De plus, je n’étais pas suivi comme il faut au niveau alimentaire. Cela s’est amélioré à partir de 2006 où je fais une moyenne d’une trentaine de matchs chaque année. Je mange bien, je dors bien, je suis stable avec ma petite famille… Bref, j’ai moins de stress hors terrains. La sérénité que je connais désormais dans ma vie privée a eu un impact positif sur ma carrière sportive.

Le public algérien a remarqué vos progrès sur le plan défensif lors du match de Annaba contre le Maroc, et plus particulièrement sur l’action où vous sauvez un but en mettant le pied pour contrer le tir d’un attaquant marocain. Quand vous étiez jeune, vous ne rêviez sans doute même pas de pouvoir réaliser de tels réflexes défensifs…

C’est vrai que je ne m’imaginais pas, quand j’étais jeune, avoir une vocation défensive. Cela dit, je pense que, pour concrétiser l’agressivité –dans le bon sens du terme- et la hargne que nous avions tous montrés sur le terrain contre le Maroc, le championnat d’Italie y a été pour beaucoup. Mon match contre le Maroc, je le dois à l’Italie, c’est clair. Sur le tir de Chamakh, c’est grâce à la mentalité défensive que j’ai acquise avec Lecce que j’ai pu avoir ce réflexe de mettre mon pied et de contrer ainsi le ballon. Certes, j’ai été un  peu aidé par la chance, mais j’ai mis quand même le pied dans un geste défensif. Le travail que je fais en Italie m’a aidé pour ce match et m’aidera inch’Allah pour le prochain match.

Le match de Annaba aq marqué un double tournant dans votre carrière internationale : première victoire avec la sélection et première titularisation en match officiel aux dépens de Nadir Belhadj. Ce dernier vous a-t-il encouragé avant le match ?

Ah, oui ! Franchement, au niveau de la mentalité, il a été exceptionnel avec moi. D’ailleurs, je profite de cette interview pour l’en remercier vivement. Avant le match, il m’a parlé et encouragé, m’incitant à jouer comme je savais le faire, puis, quand il est rentré en deuxième mi-temps, il a continué à m’encourager et à m’orienter en me lançant : «C’est bien, Djamel !», «Calme-toi, je suis là !», «Oui, comme ça, pas de faute !» Ça s’est vu pendant le match. Je suis vraiment très content du comportement de Nadir. Si, pour le match de Marrakech, ce sera lui le titulaire, j’en ferai de même avec lui. A ce niveau-là, il ne faut pas qu’il y ait de calcul. Nous ne sommes pas en club où chacun veut gagner sa place coûte que coûte. Chacun de nous fait sa saison, mais une fois en sélection, c’est à Benchikha de faire ses choix et il nous faut tous les accepter, quels qu’ils soient, et moi en premier.

Votre arrivée en  sélection s’est accompagnée par une assez longue période sans victoire, jusqu’au match de Annaba. Comment avez-vous vécu cela ?

Pour moi, il faut enlever les trois matchs de la Coupe du monde de la période dont vous parlez, car il s’agit d’un autre niveau. A partir de l’été, il y a eu des changements à tous les niveaux, entre autres au niveau du staff technique, ainsi que plusieurs absences à cause de blessures, de fatigue ou de manque de compétition de joueurs cadres. Au fond, ce n’était pas si dramatique, car il y a la défaite en République centrafricaine, dans des circonstances particulières, sur laquelle je ne veux pas revenir, un match amical, une sorte de parenthèses, contre Luxembourg, et un match amical annulé face à la Tunisie. Ce n’est que face au Maroc que nous avons vu que nous nous sommes rapprochés de notre vrai visage, après que tout se soit stabilisé et que tout le monde soit en forme. Il faut désormais arrêter de parler de ces défaites. Nous sommes en 2011 et il faut se tourner vers l’avenir.

L’avenir immédiat, c’est le match contre le Maroc à Marrakech. Croyez-vous à une victoire là-bas ?

D’abord, il faudra partir là-bas avec humilité, sans prétention, sans avoir la grosse tête. C’est ce qui m’inquiète un peu : de ne pas être animé de cette crainte et de cette quête de survie qui nous avaient permis de nous transcender au match aller. Je parle de crainte, pas de peur car un Algérien ne doit jamais avoir peur. Il faut juste se dire qu’il est impératif de gagner ce match et qu’il faut se motiver pour cela. Je ne dis pas qu’il faudra aller au Maroc en tant qu’outsider, car nous sommes quand même l’Algérie, un Mondialiste, mais il faut prendre l’équipe du Maroc très au sérieux, comme ça avait été le cas à Annaba.

Craignez-vous l’ambiance dans le stade de Marrakech où les gradins sont très proches du terrain, à la manière des stades anglais ?

Non, pas dut tout. Même si les Marocains avaient domicilié le match à Casablanca, dans leur grand stade, ça ne nous dérangerait. D’abord, ça reste un match de football. Cela s’est très bien passé à Annaba et j’espère qu’il en sera de même à Marrakech. Ceci dit, je ne crains pas les ambiances adverses. Les ambiances chaudes, j’y suis habitué. Personnellement, je préfère qu’il y ait 60 000 ou 70 000 personnes dans un stade que 6 000 ou 10 000. De toute façon, quand on est sur le terrain, on oublie un peu l’atmosphère et on  pense au jeu. Il faut le dire : le match aura lieu au Maroc, dans des conditions climatiques proches de celles que nous connaissons en Algérie. Ce ne sera pas en Afrique noire où les conditions sont complètement autres.

Comment avez-vous trouvé Abdelhak Benchikha ?

La première fois que je l’ai rencontré, c’est à l’occasion de la préparation de notre match contre la République centrafricaine. Franchement, ce n’est pas comme on nous l’avait décrit. Certes, c’est un entraîneur qui veut que règne la discipline, qui veut que le groupe soit sain, mais il est jeune, passionné, Algérien et fier de l’être, communicatif. Pour moi, c’est l’homme qu’il faut pour le renouveau de l’Equipe nationale. Il sait bien mixer entre les anciens et les nouveaux comme moi. C’est bien l’homme qu’il faut en ce moment.

Quand il vous parle, arrive-t-il à faire passer ses messages ?

Absolument. Non seulement il sait bien communiquer avec le groupe, mais il y a une grande qualité que je lui trouve : avec lui, tout le monde est sur un pied d’égalité. Qu’on ait 100 sélections ou 3, qu’on soit joueur local ou évoluant à l’étranger, qu’on joue en Italie ou en France, on est traités de la même façon. Plus même : il le montre clairement au groupe. Cela dit, je ne trouve pas que le qualificatif de «général» lui convienne. Ce n’est pas une personne sévère. Certes, avec lui, il ne faut pas se tromper et il faut appliquer la discipline de groupe, car c’est son cheval de bataille, mais il n’abuse pas de son autorité.

Un mot sur l’affaire des quotas de binationaux en France. Vous sentez-vous concerné ou interpellé ?

Pas concerné personnellement, mais plutôt interpellé. Faire le tri selon qu’on soit binational ou pas n’est pas la solution. La France a gagné la Coupe du monde avec seulement 4 Français de souche chez les titulaires. Les Français étaient bien contents d’avoir les Zidane, Thuram et autres Desailly. La France a de tout temps, à travers l’Histoire, été cosmopolite. A l’école, on voit un Arabe, un Noir et un Chinois ensemble à l’école. Donc, je ne suis pas spécialement d’accord avec cette histoire de quotas. Cela dit, je ne me sens pas concerné et je ne veux pas me prononcer sur cette question.

Votre avis sur la polémique entre Rabah Saâdane et l’ancien capitaine d’équipe, Yazid Mansouri ?

Je crois que je suis mal placé pour donner mon opinion sur cette question. Je sais une chose : Saâdane est quelqu’un de sage, gentil et éduqué, Yazid l’est tout autant. J’ai découvert ce dernier durant la Coupe du monde et ça m’a fait présent plaisir de découvrir un type comme lui. Quand j’avais débarqué en sélection, il m’avait très bien accueilli. Déjà, je l’admirais du temps où je le voyais jouer à la télévision. Concernant ce qui s’est passé entre Saâdane et lui, je comprends qu’un joueur qui s’est battu durant les qualifications et qui a participé aux moments durs ait une réaction négative qu’on le prive de la cerise sur le gâteau, à savoir jouer des matches de Coupe du monde. Je comprends ce qu’il ressent. Cela dit, je ne veux pas entrer dans les détails de ses échanges avec Saâdane.

On sait que vous êtes surtout concentré sur votre fin de saison avec Lecce, mais n’empêche que vous avez des propositions pour la saison prochaine. On a parlé de la Fiorentina, du Genoa et d’autres clubs. Qu’en est-il exactement ?

Pour l’instant, c’est mon agent qui s’en occupe. Il y a des choses concrètes, d’autres qui le sont moins, que ce soit en Italie ou à l’étranger. Moi, je n’ai pas envie de penser à ça. C’est lui qui s’en occupe. Certes, je suis content quand il m’appelle pour me dire qu’il y a tel club qui me veut et qu’il a entamé avec lui les négociations sur les modalités de transfert, mais je suis resté concentré ces derniers jours sur l’objectif immédiat de Lecce, à savoir assurer notre maintien en Serie A (ndlr, entretien réalisé avant le match gagné contre Bari). De plus, j’appartiens toujours à Lecce puisqu’il me reste encore une année de contrat. Il était question de renouveler le contrat, mais ça ne s’est pas fait. Je pense que le club sera ouvert à d’éventuelles propositions. J’ai toujours été correct avec Lecce et vice-versa. C’est ce club qui m’a fait connaître et je pense que s’il arrive à me vendre à un bon club, ce serait bien pour son image. Toutefois, on n’en est pas encore là. On en discutera à la fin de la saison.

Lecce a lutté pour sa survie en Serie A alors qu’il a bousculé les grands du championnat d’Italie. N’est-ce pas paradoxal ?

C’est vrai que nous avons bien joué contre les grandes équipes. Lors de ces matchs, nous sommes très motivés, très concentrés car nous savons que nous jouons contre de grandes équipes et nous faisons attention. Cependant, nous avons perdu des matchs contre des équipes de notre niveau. Ce n’est pas que nous les avons sous-estimées –quand on est Lecce, qu’on vient de la Serie B, il ne faut sous-estimer personne-, mais nous avons toujours sorti de grands matchs contre ce genre d’équipes. C’est ce qui me faisait un peu peur pour le match face à Bari. C’est vrai que c’est une équipe qui est déjà reléguée, mais je l’ai vu jouer ces derniers temps et je savais que ça n’allait pas être facile, surtout que c’est un derby. A chaque fois qu’on pensait qu’il y a un adversaire facile qui se présentait, qu’on est sauvé de la relégation, on était tombés. Cette fois-ci, on a su bien gérer le match.

—————-

Mesbah n’a pas croisé Ghezzal

Soumis à des soins ces deux dernières semaines, suite à une blessure, puis ayant écopé d’une petite sanction disciplinaire pour ne pas s’être présenté à une réunion, Abdelkader Ghezzal n’a pas été retenu par Bari pour le derby contre Lecce. Il a été absent des derniers matchs de son équipe. Après avoir croisé sur le terrain Hassan Yebda le week-end passé, Djamel Mesbah n’a pas vu d’Algérien face à lui hier.

Bari aurait voulu entraîner Lecce dans sa chute

Hier après-midi, une grande partie du destin de Lecce se jouait au stade de Bari. En effet, alors qu’il ne comptait que deux points d’avance sur le premier relégable, la Sampdoria de Gênes, le club de Djamel Mesbah se déplaçait chez celui de Abdelkader Ghezzal, lanterne rouge et déjà rétrogradé en Serie B. En théorie, le match ne devait pas présenter de difficultés, l’adversaire n’ayant plus rien à gagner. Or, c’était loin d’être le cas pour ceux qui connaissent la rivalité historique entre Bari et Lecce, deux villes presque voisines. Condamné, Bari avait un seul objectif : battre Lecce pour essayer de l’entraîner dans sa chute en Serie B. C’était le seul moyen pour ses joueurs de sauver leur honneur auprès de leurs supporters. Finalement, les coéquipiers de Mesbah ont su éviter le piège en ramenant la victoire (0-2) de leur déplacement. Conjuguée à la défaite de la Sampdoria de Gênes à domicile face à Palerme (1-2), cette victoire permet à Lecce de rester en Serie A.

Une mise au vert de quatre jours

Compte tenu de l’importance et de la particularité du match face à Bari, les coéquipiers de Djamel Mesbah ont été en stage bloqué depuis jeudi passé jusqu’à hier. Cette mise au vert de quatre jours visait à mobiliser les joueurs, surtout que les statistiques ont démontré que Lecce est très souvent en difficulté contre les équipes supposées être plus faibles.

Bangui, son pire souvenir

Depuis qu’il est en sélection nationale, Djamel Mesbah a un seul mauvais souvenir : le déplacement à Bangui, en République centrafricaine. «Je n’ai pas l’expérience de l’Afrique noire. Tout est tellement différent des matchs que j’avais disputés auparavant. C’était mon premier déplacement de ce genre. Je n’en garde pas un souvenir impérissable», avoue-t-il.

Défenseur central ? Non, merci !

A l’occasion du premier rendez-vous des Verts post-Mondial, en amical contre le Gabon au stade du 5-Juillet, Djamel Mesbah avait été aligné à un poste habituel : défenseur central. «Il y avait beaucoup de blessés et Rabah Saâdane m’avait demandé de jouer en défenseur axial dans une configuration en 3-5-2. J’ai accepté car je ne discute jamais les choix de l’entraîneur. Cependant, il est clair que je n’ai pas les caractéristiques pour ce poste. Je n’avais fait que dépanner.»