Cela fait plus de 2 ans qu’on s’est habitués à voir Nadir Belhadj sur le flanc gauche. Dernièrement, à l’occasion de la rencontre derby entre l’Algérie et le Maroc, par obligation peut-être, le sélectionneur Abdelhak Benchikha a fait appel à Mesbah, ce dernier a convenablement tenu son rôle.
Le nouveau maître des lieux s’appelle Djamel Mesbah. Belhadj, lui, est de plus en plus appelé à prendre un poste tourné plus vers l’offensive, son poste de prédilection. Il faut dire qu’ils sont rares les arrières latéraux gauches qui ont marqué l’histoire du football national. Lorsqu’on revient un peu en arrière, on se rend compte qu’ils ne sont pas nombreux à avoir laissé une grande empreinte dans ce registre.
Si on regarde dans le rétroviseur, on trouve Ighil Meziane, l’ex-sélectionneur national, actuellement entraîneur de l’ASO Chlef, qui a marqué le flanc gauche de l’équipe nationale à son époque, Mustapha Kouici, actuellement consultant en la matière, et Faouzi Mansouri qui a fait partie de la légende du Mondial 1982 et 1986. Ces trois ont marqué le poste, avant de retrouver l’autre génération des années 1990, à leur tête Aziz Benhamlat, l’ex-sociétaire du RC Kouba et de la JS Kabylie, ainsi que Haddou Moulay, l’ex-arrière gauche du MC Oran et de l’USM Alger.
Ighil, comme on le comprend, ne veut pas s’exprimer sur l’actuelle EN, il ne souhaite en aucun cas déranger le sélectionneur en poste.

Si on revient aux actuels arrières latéraux gauches des Verts, il saute aux yeux que Mesbah, par sa dernière sortie contre le Maroc, a crevé l’écran et ébloui l’assistance. le défenseur de Lecce (Italie) a donné une telle assurance défensive que durant tout le match face aux Lions de l’Atlas, on n’a presque eu aucune alerte sur le flanc gauche. Habitué aux rudes marquages du Calcio, Mesbah offre à l’Algérie la chance de disposer d’un véritable défenseur «italien». Le dossier tend à être clos, ils sont de plus en plus nombreux à croire que Mesbah a définitivement pris le poste d’arrière gauche.
Nadir Belhadj, lui, payera un peu les frais de son penchant offensif naturel. Ses montées en attaque ont souvent été la crainte des Verts. Avant le Mondial sud-africain, beaucoup d’observateurs ont relevé que la faille des Verts était sur la gauche. Saâdane, qui était à cette période le sélectionneur de l’EN, était contraint d’évoluer en 3-5-2 pour assurer une couverture défensive derrière pour Nadir. La grande question de l’heure est de savoir si Mesbah a détrôné Belhadj ? Le débat est ouvert, les spécialistes en parlent.
Larbès : «Je vote Belhadj pour son expérience»
«Je suis d’accord avec ceux qui disent que Mesbah avait convenablement tenu son rôle contre le Maroc, dimanche dernier. Personnellement, je ne le connaissais pas bien auparavant, j’ai eu l’occasion de le découvrir à travers ce derby maghrébin. Il a fait exactement ce qu’il fallait faire. Défensivement, on n’a rien à lui reprocher. Mesbah était bien concentré dans ce match, il s’est montré sûr de lui, il savait parfaitement ce qu’il fallait faire. On sentait une certaine sécurité sur son côté. Ce qui est impressionnant aussi est que Mesbah a trouvé ses repères au milieu d’une défense qui n’avait pas l’habitude de jouer ensemble. Pour l’absence des habitués, l’entraîneur était obligé de reconstituer toute sa défense, et Mesbah n’a pas fait sentir ce manque de cohésion. Il s’est intégré facilement. Mais il ne faut pas oublier que Belhadj reste le plus expérimenté dans ce poste avec l’EN. Et si je dois livrer mon avis, je vois bien Nadir titulaire lors du match retour face au Maroc. C’est un joueur qui pourra apporter un plus sur les contres par sa vivacité et son talent offensif. A mon avis, il sera plus efficace que Mesbah, sans sous-estimer la valeur de ce dernier.»
Voilà qui va relancer Belhadj
l On l’a vu partout dans tous les clubs où il a évolué, Nadir Belhadj assure plus dans le compartiment offensif que dans celui de la défense. Tous les entraîneurs qui l’ont eu dans leurs effectifs se sont rendu compte de son penchant naturel pour les montées offensives. Ils ont presque tous relevé la conséquence : une faille défensive qui profite aux adversaires en contres.
Presque tous ceux qui ont entraîné Nadir Belhadj se sont tous souciés de le poster en lui confiant un rôle mi-défensif mi-offensif, avec le souci de le protéger derrière.
Saâdane, l’ex-sélectionneur national, a été même contraint au 3-5-2 pour le même problème.
Maintenant que l’assurance tout-risque avec Mesbah est apparue à travers la prestation de ce dernier face aux Lions de l’Atlas, les choses vont certainement s’éclaircir pour Nadir. Ce dernier va probablement entrevoir un nouveau rôle au sein de la sélection, un nouveau rôle qui va certainement profiter à lui et à la sélection. Mesbah assure derrière, et devant, Belhadj pourrait être ce poison offensif que cherche Benchikha offensivement.
Le «Général» a essayé la méthode qui pourrait être celle de demain.
Kouici : «J’ai vécu la même chose avec Faouzi Mansouri»
«On ne peut, en aucun cas, dire que Mesbah a détrôné Belhadj ou même le contraire. Pour moi, ce sont deux styles de jeu différents dans un seul poste. Belhadj est plus offensif et Mesbah, lui, est défensif. A mon avis, c’est un acquis pour le sélectionneur national qui a l’embarras du choix. C’était pratiquement le même cas pour Mansouri et moi à notre époque. J’avais une tendance offensive et mon coéquipier Mansouri était plus défensif. Donc, lorsqu’il s’agit d’un match où il fallait attaquer, c’était moi qui jouais et dans le cas contraire, c’était Faouzi qui jouait.
Pour revenir au cas Belhadj et Mesbah, il ne faut jamais dire que quelqu’un a pris la place de l’autre, tout au contraire, c’est un double acquis pour l’équipe nationale d’avoir Mesbah et Belhadj en même temps.
Il ne faut pas condamner Belhadj, même si ce dernier évolue au Qatar, car il garde toujours ses qualités qui peuvent toujours donner un plus pour l’équipe nationale.
Belhadj est plus technique avec sa vitesse et ses centres. Mesbah est plus dans les duels, les tacles et les balles aériennes. Au risque de me répéter, Benchikha a l’embarras du choix selon la stratégie du jeu qu’il choisira.»
Aziz Benhamlat : «Mesbah en 4-4-2, Belhadj en 3-5-2»
«A revoir la rencontre Algérie-Maroc, je dirais que Mesbah faisait partie des meilleurs joueurs sur le terrain. Il méritait amplement sa titularisation. Il n’a pas déçu, il a sorti un grand match. Mesbah avait tenu son rôle parfaitement. Il était présent dans les duels, il a même coupé des balles aériennes. Pour résumer, Mesbah a fait son travail convenablement.
Il faut dire qu’à un moment donné, les Marocains, avec leurs attaquants redoutables, ont essayé de franchir notre défense sur son côté, mais tellement qu’il s’est imposé dans cette zone, les Marocains étaient obligés de changer le jeu.
Mesbah, certes, a réalisé un match parfait, mais on ne peut pas dire qu’il a détrôné Belhadj, car ce dernier est aussi bon. Il sera certainement important dans certaines rencontres. Et puis, c’est toujours bon d’avoir deux arrières latéraux pour faire un choix. Je dirais même que c’est un avantage d’avoir des joueurs de métier dans ce poste. A un certain moment, on avait même vu des milieux de terrain utilisés comme arrières gauches pour assurer ce poste. Sur le plan tactique, en 4-4-2, je vois bien Mesbah, mais en 3-5-2, c’est Belhadj qui est le plus habile à jouer.»
A. I.