L’appel est lancé aux bonnes volontés. Meryem Mehdi entame aujourd’hui son quatre-vingtième jour de grève de la faim. Elle a, en effet, entamé cette action extrême le 10 décembre dernier pour protester contre son «licenciement abusif» par Britidh Gas (BG), une multinationale britannique spécialisée dans les hydrocarbures.
Licenciée le 8 novembre dernier alors qu’elle disposait d’un contrat à durée indéterminée (CDI), Mme Mehdi, âgée de 42 ans, travaillait à Hassi Messaoud depuis le mois de mai 2007.
« Son état de santé s’est considérablement dégradé », selon Yacine Ziad, membre du comité de soutien à la cause de Mme Mehdi lequel souligne la détermination de cette ancienne employée de la multinationale britannique à poursuivre son combat à armes inégales.
Pour ce membre du comité de soutien à Meryem Mehdi, il est hors de question « d’abandonner » la lutte pour recouvrer tous les droits de la gréviste de la faim, il affirme que « Meryem Mehdi, elle-même, n’a pas dit son dernier mot ».
Il est certain que le bras de fer entre la femme-courage et la puissante compagnie britannique des hydrocarbures continue sur fond de polémiques étalées sur la place publique algérienne, mais gagnant les organisations internationales qui s’intéressent désormais au cas de ce bout de femme, qui a eu l’audace de défier les sociétés étrangères installées en Algérie et agissant en terrain conquis au mépris des lois et des textes de la République. « Britih Gas a peur de lâcher prise en réglant la situation de Meryem Mehdi.
Ce sera un précédent qui fera cas d’école au sein des travailleurs des compagnies étrangères en Algérie qui briment quotidiennement leurs salariés algériens », explique Yacine Ziad qui s’indigne que cette question soit prise à la légère par les institutions et organisations algériennes qu’il n’a eu de cesse d’alerter et d’interpeller pour intervenir en faveur des droits de la gréviste de la faim.
Au contraire, regrette-t-il, face au manque de considération des parties algériennes, nous avons trouvé toute « la solidarité et le soutien des organisations internationales » lesquelles ont pris à bras le corps le cas de Meryem Mehdi pour que soit mis fin au traitement infligé à cette femme qui ne revendique que le recouvrement de ses droits spoliés par British Gas.
Aux dernières nouvelles, il semblerait que le comité de soutien à Meryem Mehdi, laisse les portes ouvertes à cette société britannique des hydrocarbures pour « négocier et aboutir à une sortie de crise à l’amiable ».
« Une nouvelle occasion est donnée à British Gas pour prendre sérieusement en charge ce problème », lance Yacine Ziad, en guise d’ultimatum à l’encontre de British Gas. M. Ziad exige que cette « compagnie s’engage par écrit et de manière claire et transparente à satisfaire les droits de Meryem Mehdi.
Pour lui, il n’est plus question de croire les dirigeants de cette société sur parole », rappelant tous les dires des responsables de British Gas qui en définitive n’étaient que de simples paroles n’engageant absolument personne. Saisir la justice ? Yacine Ziad craint la lourdeur de la machine judiciaire, pour bien peu de choses à récolter en fin de parcours après ce long chemin de lutte sur lequel s’est engagé Meryem Mehdi.
« Il y a eu un P.-V de non conciliation établi par l’Inspection du travail », relève Yacine Ziad qui explique que le parcours que suit « la plainte » déposée entre les mains de l’instance judiciaire et qui généralement prend « un temps trop long » (2 à 3 ans) pour une affaire enrôlée dans le civil pour aboutir « à une indemnisation où une réintégration », où il faut engager « un autre combat pour l’application de la décision de justice ».
En somme, un combat, long, coûteux et fatiguant, qui en définitive ramène au point zéro avec plus de traumatisme qu’au début de la lutte engagée.
Pour autant, même si la détermination affichée par Meryem Mehdi est intacte, il est un paramètre que Yacine Ziad tient à révéler. « Ils ne veulent pas régler le cas de Meryem », souligne-t-il. Par « ils », le responsable du comité de soutien à Meryem Mehdi désigne « tous ceux qui freinent des quatre fers la résolution de cette affaire ».
Il estime que la solution de cette question donnera des idées aux travailleurs des champs pétroliers du Sud qui seront tentés de dévoiler tous les dossiers des marchés conclus entre les compagnies étrangères et leurs partenaires algériens et bien d’autres affaires douteuses qui surgiront à la surface.
Si les dires de M. Ziad venaient à se confirmer, il est à parier que la femme-courage file du mauvais coton : « Ils sont, certainement, prêts à sacrifier une personne pour les besoins de la cause.
Autrement, ils ne prendraient pas tout ce temps pour résoudre un conflit de travail entre un salarié et une société, fut-elle d’envergure internationale. Les lois de la République sont claires là-dessus. Il suffit de les appliquer rigoureusement ».
Sadek Belhocine