L’Algérie subit le risque terroriste à ses frontières en raison des événements qui secouent la Libye depuis plus d’un mois. En outre, des accusations graves sont portées contre l’Algérie, concernant une ingérence en Libye à travers le mercenariat. Il est vrai que l’Algérie n’a pas dénoncé directement Kaddafi ni soutenu les insurgés, mais cela veut-il dire systématiquement qu’elle aide le camp Kaddafi en envoyant des mercenaires ? Dans ce cadre, des chaînes satellitaires arabes ne cessent de rapporter des accusations attribuées aux porte-parole d’insurgés, mais jusqu’à présent aucune preuve matérielle n’a été apportée.
Au début de l’insurrection, on parlait d’avions algériens transportant des mercenaires, et voilà qu’on évoque des mercenaires algériens utilisés dans cette «sale» guerre qui a lieu dans un pays voisin.
Si réellement des mercenaires algériens ont été payés pour tuer leurs frères libyens, pourquoi ne pas les montrer au monde ? Ou s’agit-il simplement d’une campagne pour salir l’image d’un pays qui joue un rôle stratégique dans le continent noir et la région du Maghreb ? En outre, il est remarqué que ces accusations refont surface après chaque déclaration d’Alger appellant à une solution pacifique du problème libyen.
Dimanche dernier, l’Algérie et Cuba ont appelé d’Alger à la cessation, le plus rapidement possible, des combats en Libye pour que puisse s’enclencher un dialogue. L’Algérie a exprimé son «soutien le plus total» à la mission des dirigeants de l’Union africaine, reçus dimanche à Tripoli par Kaddafi.
Le 22 mars dernier, l’Algérie avait appelé également à la «cessation immédiate» des hostilités en Libye, position exprimée par le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, en présence de son homologue russe Sergueï Lavrov.
Le MAE a qualifié hier ces accusations d’«allégations calomnieuses». Dans une déclaration à l’APS, le directeur général de la communication au ministère a déclaré qu’il lui a été donné, en tant que porte-parole du MAE, de «démentir catégoriquement, et à plusieurs reprises, ces allégations calomnieuses qui s’apparentent à des opérations de désinformation visant à impliquer les autorités algériennes dans ce qui est présenté comme des activités de mercenariat menées par de présumés nationaux algériens». Il a souligné que «les motivations de ceux qui commanditent et véhiculent ces allégations infondées pour nuire à la réputation de l’Algérie, sont visiblement dictées par leur volonté de pousser notre pays à choisir de soutenir un camp contre l’autre dans la crise fratricide qui déchire la Libye sœur».
Toutefois, l’Algérie a affirmé le maintien de sa position en déclarant qu’elle continuera «inlassablement» de joindre sa voix à celle de l’Union africaine pour appeler à la «cessation immédiate» de toutes les hostilités et à l’engagement d’un «dialogue inclusif» entre les parties libyennes en vue de «s’accorder sur les modalités de sortie de crise».
Enfin, il a rappelé que «le gouvernement algérien qui s’est toujours insurgé contre le phénomène du mercenariat en Afrique, en raison de ses conséquences désastreuses sur la stabilité et la sécurité du continent, a entrepris au début de l’année 2011 un important travail de coordination au niveau des structures compétentes de l’UA chargées de la lutte contre le phénomène du mercenariat». L’Algérie ne changera pas sa position, et ceux qui l’ont cru se sont trompés.
Nacera Chenafi