Mercedes E63 préparation AMG

Mercedes E63 préparation AMG

arton29787.jpg1. Le loup et l’agneau

Au delà des performances ahurissantes procurées par le sublime V8 de 525 ch, la nouvelle E 63 concoctée par AMG tentent de concilier des qualités souvent contradictoires : le confort et le luxe d’une limousine, le plaisir de conduite et l’efficacité d’une ultra-sportive. Mission accomplie?

Présentée quatre mois après la Mercedes Classe E normale, au lieu d’un an généralement pour les versions AMG par rapport aux modèles de la maison mère en raison notamment d’un développement conjoint, la E63 sera commercialisée en France en septembre 2009.

Elle devrait séduire une vingtaine d’amateurs chez nous (AMG vend chaque année en France tous modèles confondus environ 300 exemplaires), bien moins qu’aux USA qui depuis des décennies reste le marché de prédilection des Classe E revues et corrigées par AMG.

La tenue de sport est un brin plus voyante que pour l’ancienne E by AMG, mais plus discrète que celle de la petite sœur, la C63.

On vous laisse juge du traitement cosmétique qui touche à l’extérieur très classiquement les boucliers avant (avec feux de jour à LED) et arrière, les sorties d’échappement, les jantes, les jupes latérales, et en y regardant bien les ailes bombées.

Ce n’est pas uniquement pour la galerie, les voies sont bien élargies. Un petit déflecteur de coffre est disponible dans différents packs optionnels, mais on ne sait pas s’il améliore réellement la portance à haute vitesse.

AMG reste d’ailleurs peu disert sur les valeurs aérodynamiques de la E 63. On peut simplement espérer que les Cx et Scx excellents de la Classe E de série ne soient pas trop dégradés.

Ce qui devrait être le cas puisque avec le pack conducteur AMG (4 000 €), la bridage de la vitesse maximale passe de 250 à 300 km/h.arton29803.jpg

Même discrétion à l’intérieur, où on trouve bien quelques sigles AMG ici et là, notamment sur les fonds de compteurs (celui de vitesse est gradué jusqu’à 320 km/h), un menu d’informations AMG avec chronomètre Racetimer, de sobres inserts en frêne noir, un volant Sport AMG à quatre branches, des sièges Sport maison à sellerie cuir (disponible en noir/gris et moka) au maintien impeccable pour tous les gabarits, et quelques autres signes distinctifs sans extravagence.

Ce salon roulant reste proche de celui d’une E 500, avec un équipement de série toutefois plus complet. Et bien sûr, avec une bonne habitabilité et un vrai coffre de grande routière.

Evidemment, le plus impressionnant reste sous le capot. Il s’agit bien sûr du magnifique V8 atmosphérique de 6208 cm3, apparu en 2006 sur le ML (510 ch), la E 63 de la précédente génération (514 ch) ou le CLK 63 AMG (481 ch).

Hypercarré contrairement aux V8 Mercedes, il a beaucoup de caractère et se montre très vif pour un V8 de plus de 6 litres.

Ici, le couple maxi reste à 630 Nm, mais il développe 425 ch à 6800 tours (11 ch de mieux que la E 63 de 2006).

Ses montées en régimes sont moins démoniaques que celles de la M5 et ses 8000 tr/mn, mais au rupteur à 7200 tours, il semble encore en pleine forme.

En revanche, il est plus plein à tous les régimes que le V10 bavarois et rivalise presque sur ce terrain avec le V 10 à double turbo de l’Audi RS6.

Avec plus de 500 Nm entre 2000 et 7200 tours, pas très étonnant que cà pousse fort tout le temps. Le meilleur des deux mondes.

Pour les oreilles, le moteur AMG se fait aussi gratifiant que le V10 de la M5, dans un style différent.

Le V8 émet un véritable grondement sourd, puis bien rauque à l’accélération, et comme AMG semble avoir conservé la sonorité à l’échappement de la C63 (avec une légère sourdine?), le résultat est dément en forte charge.

A vitesse stabilisée, la quiétude est de mise et l’ambiance sonore très reposante.

Evidemment, le V8 reste très policé aux allures faibles ou conventionnelles. Le meilleur des deux mondes encore.

arton29805.jpgPour la touche exclusive, on notera que chez AMG, à l’instar d’Aston Martin, chaque moteur reçoit une plaque sur laquelle est gravée le nom du mécanicien qui l’a assemblé de A à Z.

Nous avons visité de nuit l’atelier de montage en question. Opérationnel depuis 2002, il est toujours comme neuf et d’une propreté clinique.

Le rendement énergétique n’est pas mal non plus. AMG annonce une consommation en baisse de 12% par rapport au modèle précédent, malgré la puissance accrue.

Cela tient à la transmission et à quelques modifications dont les frictions internes du moteur réduites, l’adoption d’un alternateur avec récupération d’énergie au freinage.

La consommation atteint quand-même un respectable 12,6 l/100 en cycle mixte. En pratique, notre conso a oscillé entre 15 et 24 l/100 sans jamais rechercher l’économie et la moyenne devrait tourner autour de 17 litres.

C’est plus d’un litre de moins que la E55 AMG de début 2003 (qui disposait d’un V8 5.4 litres à compresseur de 476 ch et 700 Nm et d’une bvm5 Speedshift).

Si les concurrentes n’offrent pas une autonomie extraordinaire avec leurs réservoirs de 70 litres, la E63 fait encore moins bien avec ses 64 litres.

Pour situer le problème, sur un Bale/ Berlin (850 km) rapide en moins de 6 heures (à 141 km/h de moyenne alternant les portions limités à 120 km/h et quelques chevauchées à 250), obligée de ravitailler trois fois (17 l/100), l’AMG arrivera après la E 350 CDi au réservoir de 80 litres qui finira le trajet avec son premier plein (13 l/100).

Un peu énervant, tout comme le rayon d’action en conduite réellement sportive sur route de montage limité à 270 km, et pis sur circuit.

La boîte de vitesses sport à 7 rapports « Speedshift » MCT spécifique à cette version apporte un agrément en conduite sportive appréciable.

Dépourvue de convertisseur hydraulique et avec une gestion appropriée en mode S et S+ (25 % plus speedée que la S), elle apporte une réactivité et une rapidité dans le passage des rapports (plus à la montée qu’au rétrogradage toutefois, ce dernier étant ponctué d’un double embrayage automatique) dignes des meilleures transmissions du marché.

De quoi être dégoûté de la 7G-Tronic classique de la E 500 (et des E à six cylindres). Tout en restant parfaitement adaptée à une conduite apaisée en mode « C » (Controlled Effiency).

En revanche, le mode M (manuel) avec palettes au volant ne semble pas apporter grand chose, même si AMG mentionne un gain de 100 millisecondes.

2. Comportement à la carte, confort luxe et tarif goldarton29804.jpg

Etonnant compromis entre grande autoroutière confortable et sportive hors-pair Plaisir de conduite bien réel, supérieur à une Audi RS6 Meilleure efficacité qu’une BMW M5? A vérifier sur le sec Freinage impeccable, direction presque parfaite.

Comportement sain et équilibré Bonne agilité déjà avec ESP en mode Sport+ Le confort des suspensions Possibilités de réglages (ESP, suspensions, boîte) plus simple que la M5 Différentiel autobloquant en option Contrôle de stabilité remis en fonction au freinage même en position « ESP off ».

La qualité des matériaux et de fabrication Cout d’usage élevé, dont super-malus annualisé Sécurité passive Rapport prix/prestations/exclusivité presque raisonnable Discrétion des modifications esthétiques par rapport à la classe E normale.

3. Les chiffres clés

Longueur (en mètre) 4.89

Largeur (en mètre) 1.87

Hauteur (en mètre) 1.44

Empattement (en mètre) 2.87

Diamètre de braquage (entre trottoirs en mètre) 11.40

Capacité du réservoir (en litre) 66.00

Volume du coffre :

# – Volume min (en litre) 540

Garantie :

# – En nombre d’années 2

# – Kilométrage illimité : Oui

E-Klasse Limousine, E 63 AMG (W212) 20094. A retenir – les prix

Parmi les grandes routières très musclées, la E 63 AMG est celle qui nous a le plus sidéré par sa polyvalence entre confort et sport, même si les conditions d’essai pluvieuses ne nous ont pas permis de sonder les limites du comportement sur le sec.

Sans aborder ici longuement le sempiternel et très prosaïque rapport prix/prestations/équipement qui n’a pas grand chose à faire dans un achat passion de ce genre, la E 63 semble bien chère par rapport à ses rivales directes, en particulier face à la aussi homogène Jaguar XFR 5.0 S/C de 510 ch.

A 124 000 € et quelques chères options après, il est aussi possible d’hésiter pour la formule deux au prix d’une : un coupé style Porsche 911, Cayman S ou SLK 55 AMG par exemple pour le plaisir, et pour tous les jours une Classe E 350 à moteur V6, CDi, ou CGi pour les allergiques au gazole.

A un tarif encore un peu plus élitiste, le sybarite sportif et fortuné peut maintenant aller voir du côté des nouvelles limousines Aston ou Porsche.

Dernière alternative pour les plus patients, attendre l’automne 2011 et la nouvelle M5 qui sera commercialisée dans la foulée du Salon de Francfort…

Motorisation : Mercedes E63 V8 AMG

Finition : E63 AMG

Prix : 124000€