Mercato, Quand Haddad impose son diktat

Mercato, Quand Haddad impose son diktat

«On recrutera les meilleurs, et ce, quel que soit leur prix. On restera fidèles à notre politique… C’est ça le professionnalisme. Ceux qui peuvent suivre suivront, les autres…» C’était la réponse d’Ali Haddad à une question d’un journaliste sur la politique que l’USMA adoptera pour la saison prochaine.

Le patron de l’ETRHB, propriétaire majoritaire du club de Soustara, joint le geste à la parole puisque, depuis l’ouverture du mercato d’été, il a réussi très facilement à faire signer les meilleurs joueurs du championnat. Aucune résistance de la part des clubs jusque-là propriétaires de ces joueurs n’a été signalée ou observée. Ali Haddad a placé la barre très haute pour les Hannachi, Hamar, Gana, Boulahbib et autres. Ils se sont contentés du rôle d’observateur pendant que l’USMA déplumait leur équipe, affaiblissait leur effectif et leur enlevait toutes chances de rivaliser avec ce qu’on annonce comme l’équipe de rêve la saison prochaine.

Ramollir le MCA, la JSK et l’ESS et servir le CRB, l’ASO…
La politique d’Ali Haddad et de celui qui est chargé du recrutement, Ighil Meziane en l’occurrence, est claire. Sachant que l’Entente de Sétif, la JS Kabylie et le MCA pourraient être des concurrents directs au titre de champion la saison prochaine, ils ont décidé de les priver de leurs meilleurs éléments en les attirant par un salaire de rêve, une stabilité administrative assurée et une assurance financière nommée ETRHB. Si ce n’est pas ça, comment expliquer le recrutement de Nessakh, Boudebouda et Benmoussa qui sont les meilleurs arrières gauches du pays quand on a déjà dans son effectif un joueur comme Yekhlef qui a prolongé pour deux ans avec une augmentation de salaire, quelques jours avant la signature de ces derniers. Comment expliquer le recrutement d’El-Orfi et Koudri quand on a déjà Lemouchia, Bouchema ? Ou encore, comment peut-on trouver une explication logique à la venue d’Andréas et Tedjar quand Djediat, Boualem et Ferhat sont en place ? Il veut Chaouchi ou Doukha alors qu’il a Zemmamouche ! Et le comble dans tout ça, c’est qu’Ali Haddad, une fois assuré les services de ces joueurs, décide de prêter ceux qu’Ighil trouve de trop à des clubs que lui a choisis, et ce, même s’il perd financièrement dans l’affaire. Le CRB, club qu’il ne pense pas en mesure de le concurrencer la saison prochaine, est son meilleur choix. Il compte lui brader Benaldjia, Hamiti et Nessakh (ce dernier prendra finalement la direction de Chlef).

LG Algérie

Les supporters de la JSK, de l’ESS et du MCA en veulent à leurs dirigeants
Les supporters des clubs perdants dans cette affaire sont restés spectateurs, à l’image de leurs présidents. Ce phénomène nouveau dans notre championnat est différemment vu par les amoureux de la balle ronde. Hamane Chabane, prof de philosophie à Tizi Ouzou, supporter acharné de la JSK, nous dira : «Si j’avais l’argent de Haddad, je ferai exactement la même chose. Regardez un peu ce qu’il gagne : il a formé une équipe de rêve composée des meilleurs joueurs du championnat, balisé la route vers le titre la saison prochaine et attaquera la coupe de la CAF avec un effectif riche et varié. Le plus important dans tout ça, c’est qu’il a privé Hannachi de ses meilleurs éléments. Tedjar, Nessakh et El-Orfi, en l’occurrence. Heureusement que Belkalem est sous contrat, sinon il l’aurait pris lui aussi. C’est ça le professionnalisme, c’est la loi du plus fort et Haddad est actuellement de loin, le plus fort.» «Pour rivaliser avec lui, pour que la JSK redevienne comme avant, il faut qu’un grand investisseur vienne prendre le club, parce que Hannachi avec ses sponsors et amis ne pourra jamais faire le poids», a-t-il ajouté. Azzedine, un fan de l’ESS, dira à propos du de la mainmise des Haddad sur le mercato : «Ali Haddad a fait la même chose la saison passée. Cela ne nous a pas empêchés de gagner le doublé. Au lieu de revoir sa politique qui a échoué, il persiste et refait les mêmes erreurs. On verra bien ce que fera l’USMA la saison prochaine…» Titou, membre du comité de supporters du Mouloudia d’Alger, explique à son tour : «On aurait pu rivaliser avec Haddad si le CA avait décidé de laisser Loungar prendre le club. Ce n’est pas avec Omar qu’on va tenir tête à l’homme le plus riche d’Algérie quand même.» Pour terminer, on a décidé d’appeler un dirigeant du CSC, un club qui a favorisé la piste des émigrés, qui nous dira : «Dès qu’on entre en contact avec un joueur et qu’on lui fait une proposition, il nous dit : l’USMA m’a offert le double ou le triple. C’est Haddad qui fixe les prix des joueurs, mais on ne lui en veut pas, il est libre de dépenser son argent comme il veut. Pour notre part, on a opté pour la piste des émigrés. Un marché que Haddad n’a pas encore investi.» Les supporters de l’USMA quant à eux sont heureux et fiers de leurs dirigeants et des nouvelles recrues. Ils affichent déjà leurs ambitions pour la saison prochaine. «On va tout rafler. Qui nous arrêtera ? Haddad fait comme Berlusconi. Il recrute pour renforcer l’équipe, mais aussi pour empêcher les rivaux de nous battre avec des joueurs qu’on peut avoir dans notre équipe. Il vaut mieux avoir un Tedjar sur le banc ou dans les tribunes que comme adversaire…», pensent-ils.
A. B.