Cette carence manifeste désormais un lien avec la précarisation de la vie professionnelle couplée avec l’inflation affichant un taux de 9.9%, du fait que la perception sociale à Oran se rigidifie par la présence intempestive des mendiants, qui occupent l’espace public.
Plus de 9 000 enfants poussés par leurs parents à mendier à Oran. Cette carence manifeste désormais un lien avec la précarisation de la vie professionnelle couplée avec l’inflation affichant un taux de 9.9%, du fait que la perception sociale à Oran se rigidifie par la présence intempestive des mendiants, qui occupent l’espace public.
Devant cet état de fait, les laissés pour compte, sébile à la main, quémandent charité dans les entrées des épiceries et cela dès le premier chant du coq.
Ce type de situation dénote journellement l’exaspération en faisant naître chez chaque personne des sentiments ambigus, mélange de compassion et d’irritation.
A la rue Khemisti, nous avons constaté une présence remarquable des personnes, tout âge confondu, faisant la manche, dans les recoins de cette avenue où nous avons croisé un jeune, qui stigmatise ces laissés pour compte en disant « les mendiants passent leurs temps à faire la manche, mais si on leur offre un travail; ils refusent « .
Dans le même sillage, une dame dira sa stupéfaction en indiquant : « Aujourd’hui, les mendiants refusent les denrées alimentaires, avant de poursuivre, ils réclament souvent l’argent et se permettent de fixer un tarif qui dépasse les 5 DA, tout en harcelant les riverains».
Pour de nombreux citoyens, cette exigence atypique de la mendicité fait valoir dans la plupart du temps une quête agressive. A cet égard, des citoyens nous on fait remarquer l’existence d’un nouveau type de mendiants informels, qui ne lésinent pas sur les moyens pour instrumentaliser leurs progénitures ou de jouer aux malades imaginaires, afin de susciter la compassion à leur égard.
Contrairement à la mendicité passive, le parasitisme amorce les prémisses d’une nouvelle approche de pauvreté, celle des simulateurs, qui exploitent la mendicité enfantine en nous plongeant sur un mode semblable à celui mis en scène par Bertolt Brecht dans l’opéra des quat’sous.
Cette attitude perverse opère, hélas journellement, une discrimination à l’égard des mendiants valides qui moisissent dans le besoin. Devant le phénomène de mendicité qui revête en son sein des formes de pathologie sociale, un fonctionnaire lance un cri d’alarme pour enrayer cette corruption mentale. Lors de notre discussion, il nous raconte l’histoire de son voisin, ce dernier utilise sa femme et son enfant pour les envoyer faire la manche en plein hiver dans un autre quartier.
Tout ceci pour profiter de quelques sous ramassés et aller s’enivrer dans la soirée, selon les dires de ce jeune fonctionnaire.
Un réseau algérien pour la protection des droits de l’enfance vient corroborer cette réalité sociale en avançant le chiffre de 9.000 enfants poussés par leurs parents pour faire office de mendiants.
Dans le même ordre d’idées, un épicier nous fait savoir que nous sommes face « à des mendiants professionnels qui rentabilisent leurs journées. Il dira : «actuellement certains mendiants ne donnent pas sueur au travail en préférant le gain facile ». On laisse croire qu’un mendiant pourrait gagner 20 000 DA par jour. L’esprit malsain ne s’arrête pas là, car il existe des réseaux crapuleux qui profitent de la détresse de certaines familles pour louer des enfants.
D’après des sources proches, il a été recensé 107 enfants qui ont été instrumentalisés. Pour mettre fin à cette corporation mafieuse, la direction de l’action sociale a brandi le bâton en traduisant plusieurs familles en justice. Le phénomène de la mendicité atypique à Oran, démontre que les éléments de maturité sociale demeurent continuellement le parent pauvre pour colmater les brèches de l’exclusion sociale dans tous ses volets. Pour dépeindre l’état actuel de l’exclusion sociale, un mot revient sur toutes les lèvres: corruption et banditisme.
Devant cette complainte amère, la population passe au crible le désengagement de l’Etat et pour ainsi dire, les collectivités locales qui deviennent enkystées par la tyrannie de l’incompétence, faute de mettre en place des centres d’hébergement adéquats.
Pour suturer ce phénomène de fracture sociale, des associations tentent d’apporter une pierre à l’édifice pour mettre fin à cette paupérisation, mais les faits réels démontrent que ce type de mobilisation pour enrayer la pauvreté n’est qu’un palliatif ponctuel et ne peut, en aucun cas, enrayer cette fracture sociale sans l’aide de l’Etat.
Medjadji H