Les retraités de l´Education nationale, appelés à libérer les logements de fonction qu’ils occupaient depuis des dizaines d’années, envisagent de déclencher un vaste mouvement de protestation au cours des prochains jours.
Les protestataires, anciens directeurs, intendants et concierges, se réunissent chaque semaine au niveau du bureau de la Fédération nationale des travailleurs de l’Éducation (FNTE), à Alger pour discuter de la possibilité de passer à l’action et déclencher un mouvement de protestation afin de faire entendre leurs doléances et tenter d’arracher une solution à leur problème qui remonte à une dizaine d’années. Ces anciens fonctionnaires risquent de se retrouver du jour au lendemain sans toit. Ils sont actuellement sous la menace d’expulsion des logements de fonction qu’ils occupent, alors que la tutelle s’est déjà engagée à leur accorder des habitations décentes le jour où ils seront à la retraite. Un engagement qui tarde à se réaliser, alors que des poursuites judiciaires sont engagées à leur encontre.
« Nous nous réunissons une fois par semaine pour discuter des solutions qu’on peut proposer à la tutelle pour mettre fin à la pression que vivent les retraités de ce secteur », nous dira le représentant de la Coordination nationale des travailleurs retraités de l’Education, M. Romer Mohamed qui appelle à l’ouverture d’une enquête approfondie sur cette question. « Il y a actuellement plus de 30% des logements de fonction notamment au niveau des établissements primaires occupés par des étrangers au secteur de l’Education. Si la tutelle décide de faire sortir seulement ces gens, il y aura largement de logements pour tous les fonctionnaires actuels réclamant un logement de fonction », a-t-il ajouté.
Les membres de cette coordination dénoncent en effet des « dysfonctionnements » et des « ambigüités » dans l’application des textes relatifs à l’attribution et au désistement de ces logements. « Il y a une contradiction entre les déclarations de Mme. Nouria Benghebrit qui a promis de régler ce problème à notre faveur et ce qui se fait en réalité. Les inspections académiques de wilayas nous somment, à travers des huissiers de justice, de libérer les logements », nous dira un ex-directeur d’un primaire à Alger. « Je payais régulièrement depuis plus de trente ans, le loyer et toutes les charges locatives (eau, électricité, gaz) et comment se fait-il que je sois jetée dans la rue ? », s’interroge une ancienne directrice d’un CEM à Alger.
Pourtant, la majorité des autres ministères assure des logements décents à leurs fonctionnaires y compris leurs retraités, sauf celui de l’Éducation, ce qui est considéré comme une « exclusion » par ces contestataires.
En Algérie, indique M. Romer, existe aujourd’hui, près de 70 000 logements de fonction, dont la moitié se trouve dans les établissements primaires. « Il existe 24 500 primaires avec 36 000 logements de fonction ; 5000 CEM avec 25 000 logements et 1 700 lycées avec 8500 logements », a indiqué M. Romer qui tenait à insister sur le fait que 30% de ces logements de fonction sont occupés jusqu’à aujourd’hui par des personnes étrangères au secteur de l’Éducation nationale.
Noreddine Izouaouen