Menacées d’expulsion à Bir Mourad Rais (Alger): 20 familles sollicitent l’intervention du wali

Menacées d’expulsion à Bir Mourad Rais (Alger): 20 familles sollicitent l’intervention du wali

La volonté de l’Etat d’en finir avec le phénomène de l’habitat précaire dans la capitale continue de buter sur les points résiduels, dont la prise en charge s’inscrit parmi les urgences de la wilaya.

A Bir Mourad Raïs, le cas de 20 familles se pose avec acuité au vu du caractère particulier qu’il revêt. Issues d’un éclatement familial, les familles en question ont été contraintes de s’installer sur un terrain appartenant au ministère des Affaires religieuses et des Waqfs situé en face de la cité Aadl La Concorde de ladite commune, où elles ont érigé des habitations précaires, dans l’attente de meilleurs jours.

Ce n’est évidemment pas de gaité de cœur qu’elles ont choisi de venir sur ces lieux et loger dans des baraques faites de bric et de broc. «Personnellement, je n’en pouvais plus de laisser la moitié de mon maigre salaire dans un minuscule appartement. Mes demandes pour avoir un toit décent sont restées sans suite. Je n’avais, donc, d’autre solution pour abriter ma famille que de recourir, comme tous ceux qui sont là, au parpaing et la tôle», avoue l’un des occupants. Ces derniers ont, dans leur grande majorité, vécu des moments difficiles en partageant avec leurs parents, frères et sœurs un logement trop exigu pour les contenir tous.

Mais ils n’étaient pas pour autant au bout de leurs peines. Contre toute attente, les familles qui croyaient avoir trouvé ici un semblant de paix ont eu la désagréable surprise de recevoir récemment un avis d’expulsion applicable dans les prochains jours, ce qui signifie aussi la démolition de leurs habitations. En termes plus amers, c’est se retrouver à la rue. Un coup dur pour le moral. S’il est vrai, en fait, que leur cas ne rentre pas dans le cadre du recensement référentiel de 2007 donnant de facto droit au relogement, il faut savoir que les concernés sont sur les lieux depuis plusieurs années sans qu’aucune autorité n’ait eu à intervenir.

Aussi étrange que cela puisse paraître, l’institution dirigée par Mohamed Aissa laisse les gens occuper un terrain lui appartenant et se réveille un beau matin, après une hibernation de six ou sept ans, pour décider de récupérer le bien «mal acquis» ! Le hic est que ces familles n’ont pas où aller. Rencontrés sur place, les responsables de familles crient, d’une part, à la hogra et, d’autre part, à la famine. «Renouer avec la location, dira l’un d’eux, n’est pas dans mes cordes. La dégringolade du pouvoir d’achat ne laisse aucun répit aux modestes salaires que nous touchons».

Son voisin renchérit : «On a toujours vécu à Bir Mourad Raïs, et cette décision de démolir nos habitations est synonyme de jeter 20 familles à la rue avec toutes les conséquences qui s’en suivront, y compris le facteur santé chez les enfants et les personnes âgées». Tirant nerveusement sur un bout de cigarette, un quinquagénaire invite le wali délégué actuel à effectuer une visite sur les lieux et rappelle, à l’occasion, la promesse non tenue de son prédécesseur qui aurait affirmé de prendre en charge le problème.

C’est dans ce cadre que les familles concernées s’adressent au wali d’Alger en espérant que leurs cris de détresse soient entendus par celui qu’elles considèrent leur dernier recours. «Nous plaçons un grand espoir en lui», confie cette dame en pleurs. Parallèlement, elles attendent un geste du ministère des Affaires religieuses et des Waqfs tendant à surseoir à l’exécution de l’arrêté de démolition jusqu’à prise en charge du problème par les autorités locales et de la wilaya.