Les fortes averses de cemois de mars ont fait galoper les maladies qui affectent les cultures des céréales et de la pomme de terre.
L’Institut national de la protection des végétaux (INPV) vient de lancer une alerte pour sensibiliser le monde agricole sur les menaces qui pèsent sur les cultures tant maraîchères que céréalières.
«Les pluies enregistrées ces derniers jours peuvent être fatales sur les cultures et font craindre la recrudescence des maladies déjà signalées auparavant», s’alarme, dans son dernier bulletin, l’INPV.
En cause : les champignons qui peuvent générer des maladies scientifiquement appelées «les cryptogamiques».
«Il s’agit notamment des maladies foliaires qui affectent les céréales (tache auréolée, septoriose, rouille brune), le mildiou de la pomme de terre et la tavelure qui touche les pommiers», explique un ingénieur agronome de l’INPV d’El-Harrach (Alger).
Les différentes formes de maladies cryptogamiques représentent environ 90 % des maladies des végétaux.
Un premier foyer de mildiou de pomme de terre a été constaté, il y a quelques jours, à Aïn Defla. Des taches de septoriose sur céréales ont été également relevées à Constantine. Des foyers du Mildiou ont, par ailleurs, été relevés à Mostaganem.
C’est ce que révèle le ministère de l’Agriculture et du Développement rural, dans un communiqué rendu public.
Le réseau de surveillance et d’alerte de la direction de la Protection des végétaux et des contrôles techniques (DPVCT) a pu circonscrire ces deux foyers, rassure, toutefois, le département de Rachid Benaïssa. Mais le danger n’est pas pour autant écarté. La menace plane toujours sur la production de pomme de terre et des céréales.
Les conditions climatiques semblent jouer un mauvais tour. Le ministère de l’Agriculture prévient que les conditions climatiques actuelles «peuvent être propices au développement et à la propagation rapide des foyers de ces maladies cryptogamiques pouvant endommager les cultures». Les céréaliculteurs et maraîchers sont invités à «redoubler de vigilance et de pulvériser les cultures avec des produits phytosanitaires».
Il faut donc pulvériser vite et intensément les cultures avec des pesticides. Mais dans certaines régions, les cultivateurs se plaignent des pénuries récurrentes qui affectent les produits phytosanitaires, utilisés au printemps, période obligatoire des traitements.
A vrai dire, cette période printanière a toujours été une période à risque, explique un ingénieur de l’INPV.
«L’an dernier, deux foyers de rouille jaune sur feuilles de blé tendre -VAR HD 1220 avaient été déclarés à Tlemcen et à Relizane», se souvient-il. «Les rouilles sont parmi les maladies les plus redoutables pour les céréales pouvant causer des dégâts considérables au même titre que le ver blanc des céréales, le Geotrogus deserticola, l’espèce la plus répandue en Algérie», explique encore notre spécialiste qui précise que «les attaques sont reconnues par la présence de larges taches noirâtres qui peuvent s’élargir et s’étendre en cas d’absence de traitement».
L’INPV dispose d’un complexe de laboratoires de diagnostics et d’analyses spécialisés dans les différentes disciplines de la biologie phytosanitaire à El-Harrach. L’institut compte également 15 stations régionales dotées chacune d’un laboratoire de diagnostics et d’expertises.
L’institut assure la veille phytosanitaire qui consiste en la surveillance et le traitement des fléaux agricoles contre lesquels les agriculteurs n’ont pas les capacités d’intervention. L’INPV contrôle également les produits agricoles objets d’échanges commerciaux internationaux, ainsi que les plants et semences produits localement.
Les conditions climatiques qui ont sévi ces derniers jours (chute de pluie et forte humidité) favorisent le développement et la propagation des champignons avec une extrême rapidité. «L’INPV est aujourd’hui capable de détecter toutes ces menaces grâce au réseau de surveillance phytosanitaire», rassure notre interlocuteur qui rappelle que «depuis mai 2008, l’institut a détecté l’apparition d’un virus inédit en Algérie : la mineuse de tomate du nom de Tuta absoluta, un insecte redoutable».
Face à ces menaces, l’INPV s’attelle à alerter les agriculteurs et ordonnance les traitements appropriés. Le traitement consiste en l’administration d’un antifongique sur les parcelles affectées afin d’enrayer la contamination.
De son côté, une phytopathologiste de l’Institut technique des grandes cultures (ITGC) de Guelma explique le faible rendement de la production céréalière enregistré, en Algérie (12 q/ ha), par la mal application des itinéraires techniques par les agriculteurs, mais surtout par les maladies. «La septoriose des feuilles (Mycosphaerella graminicola) et la tache auréolée (Pyrenophora tritici-repentis) touchent 80 % des champs de céréales», affirme notre phytopathologiste.
«Quant aux orges, ajoute-t-elle, la strie foliaire et la rayure réticulée demeurent les maladies les plus fréquentes, en dépit du traitement des semences». Enfin, cette spécialiste conseille «l’utilisation de semences préalablement traitées et l’alternance des produits fongicides afin d’éviter le phénomène d’accoutumance chez la plante».
Amine L.